Le voyage d'Octavio de Miguel Bonnefoy

Le voyage d'Octavio de Miguel Bonnefoy

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Sud-américaine

Critiqué par Débézed, le 29 août 2016 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 6 étoiles
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Odyssée vénézuélienne

« Dans le port de La Guaira, le 20 août 1908, un bateau en provenance de La Trinitad jeta l’ancre sur les côtes vénézuéliennes sans soupçonner qu’il y jetait aussi une peste qui devait mettre un demi-siècle à quitter le pays ». C’est dans ce petit port qu’Octavio est né, il réside dans l’église construite pour sanctifier le saint qui a favorisé la guérison de la population pendant cette grande peste, église alors désaffectée et ne servant plus que d’entrepôt à une bande de cambrioleurs. Octavio garde les trésors des voleurs mais un jour il doit participer à un casse chez sa maîtresse, celle qui lui a appris à lire et à écrire. Démasqué, il fuit la ville et part pour un long périple dans le Parc National San Esteban.

Le voyage d’Octavio est une odyssée terrestre, un périple mythologique, à la limite du réel et du fantastique. Il vit de petits boulots tous plus pénibles les uns que les autres jusqu’à se faire apprécier des populations pour ses dons et compétences et pour son abattage au travail. Pour les populations rustres de cette région, il devient un héros mythologique. Mais un jour, il rentre au bercail pour participer à la reconstruction de l’église incendiée et à la rénovation du trésor des voleurs, ils ont caché les statues dérobées pour mettre ses trésors à l’abri de la cupidité des riches. Le vol n’est pas qu’un délit, c’est aussi le moyen de conserver le savoir faire des populations locales, leur culture, leur spiritualité.

Deux thèmes récurrents hantent ce petit roman : l’écriture qu’Octavio ne possédait pas et la nature. Ici, les gens lisent avec leurs yeux, avec leurs oreilles, avec l’ensemble de leurs sens, ils savent la nature, ils savent la lire, ils savent l’interpréter mais ils ne peuvent pas communiquer avec ceux venus d’ailleurs. Octavio ne peut pas lire l’ordonnance que le médecin lui a faite. « A Campanero, l’écriture n’était pas née de l’homme. Elle était née de cette nature sans raison, où rien ne vient empêcher la soif tropicale de grandir, de s’étendre, de s’élargir dans une ivresse sans mesure ». La nature est leur domaine, leur milieu, surtout le bois qui sert à tout, le bois qui est le matériau indispensable et nécessaire à la population, le bois matière vivante avec laquelle il communique. « L’écriture se manifestait à son cœur par le vernis et l’acide, la peinture et le bois, l’or et le plomb ».

Ce petit roman est comme une fable mythologique qui raconterait la vie de cette société isolée par le relief et par son incapacité à lire et à écrire. Un plaidoyer pour l’alphabétisation des populations disséminées dans les campagnes et les forêts de ce vaste pays, dans des régions abandonnées par les dirigeants.

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Les éditions

  • Le voyage d'Octavio [Texte imprimé], roman Miguel Bonnefoy
    de Bonnefoy, Miguel
    Payot & Rivages / Collection dirigée par Émilie Colombani
    ISBN : 9782743629410 ; 15,00 € ; 07/01/2015 ; 123 p. ; Broché
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