L'espoir brisé : 1936, les femmes et le Front populaire de Louis-Pascal Jacquemond

L'espoir brisé : 1936, les femmes et le Front populaire de Louis-Pascal Jacquemond

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par CHALOT, le 10 juillet 2016 (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 76 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 104ème position).
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Un document exceptionnel

« L’élan brisé »
1936, les femmes et le Front populaire
De Louis-Pascal Jacquemond
Editions Belin
353 pages et 80 denotes
Juin 2016

La longue marche des femmes sous le Front Pop

Les femmes se sont mobilisées très fortement et ont défendu leur place.
Beaucoup ont demandé, parfois en vain, d’être considérées comme des grévistes, avant tout….
Elles restaient pour la société, voire même les syndicats des ménagères, des femmes qui pouvaient aider mais en restant cantonnées à leur fonction traditionnelle, dictée par la société patriarcale.
Les femmes mariées n’ont le droit de se syndiquer sans l’autorisation de se marier qu’en 1920 et il faut attendre la fin du Front Populaire, en février 1938 pour que le Code civil lève l’incapacité civile des femmes mariées !
La femme peut enfin avoir une carte d’identité et un passeport, elle peut ouvrir un compte en banque, certes, enfin , mais avec l’autorisation de son père ou de son mari.
Seule la porte de l’Université ou de l’accès aux examens lui est ouverte sans le fameux sésame du mari !?
Les progrès démocratiques et égalitaires sont limités.
Le droit de vote leur est refusé. L’Assemblée nationale vote plusieurs fois en faveur de ce droit mais le Sénat vote contre ou ne délibère pas.
Les radicaux dominants dans la deuxième chambre craignent que les femmes, influencées par les prêtres et l’église soutiennent en masse la réaction !
Quant aux socialistes et au chef du gouvernement, Léon Blum, ils laissent faire.
Seules trois femmes rentreront au gouvernement comme sous-secrétaires….
Avancée ou caution ?
Une grande féministe, Louise Weiss raconte à propos de Blum :
« Il m’annonça son intention de prendre quelques femmes dans son gouvernement. Voulais-je en être ?et m’engager, en contrepartie, à interrompre ma campagne suffragiste ?- Non, pas à cette condition lui répondis-je. J’ai lutté, non pour être nommée mais pour être élue…. Léon Blum me représenta qu’il désignerait trois femmes-ministres qui accepteraient de se taire pour notre droit de suffrage… »
Quant au Parti Communiste, il épouse les thèses de Staline et son tournant de 1934, toute référence au droit à la contraception et à l’avortement disparaît de la presse communiste qui prône le droit à la famille et dénonce le dérèglement sexuel.
Ce livre aborde toutes les questions essentielles et sort de l’ombre de très nombreuses femmes, syndicalistes, féministes.
L’auteur explique bien que si le bilan du Front populaire en ce qui concerne le droit des femmes est limité, c’est durant cette grande grève et les luttes sociales et politiques, qu’une nouvelle génération a préparé le terrain pour les luttes futures …..
Le droit de vote est la résultante d’un long combat.

Jean-François Chalot

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La longue bataille pour le droit de vote

8 étoiles

Critique de Colen8 (, Inscrite le 9 décembre 2014, 82 ans) - 16 juillet 2020

Les avancées sociales obtenues en 1936 à la suite de la victoire législative d’une coalition de gauche ont masqué l’échec continuel des femmes et de leurs soutiens féministes à obtenir le droit de vote. Leur espoir déjà manifesté publiquement en 1914 encore renforcé en 1919 n’aura pas été récompensé à la hauteur de leur engagement. Malgré l’opinion publique, malgré la position favorable des députés dès 1918, le Sénat fortement misogyne multipliera les obstructions au suffrage féminin à six reprises en 1922, 1925, 1928, 1932, 1935, 1936 ! C’est De Gaulle qui le leur accordera par l’ordonnance de 1944 tandis que l’égalité entre hommes et femmes entrera comme principe constitutionnel en 1946.
La lourdeur des idées reçues sur les aptitudes et les capacités féminines entérinées par le Code Napoléon (1804), le poids des préjugés répandus dans la société y compris dans les partis de gauche, l’inertie calculée des institutions à apporter les réponses attendues aux revendications affichées apparaît clairement dans cette histoire sociale centrée sur l’entre-deux guerres. Elle montre l’émancipation féminine comme le fruit d’un cheminement désordonné en reprenant une abondante bibliographie, des témoignages inédits relatant les patients combats des pionnières, les images et représentations véhiculées dans la presse et par le cinéma.
Ce sont pourtant bien elles qui ont fait preuve de courage en soutien à l’effort de guerre quand elles n’ont pas hésité à prendre la place des soldats du front dans les usines et dans les champs tout en s’occupant d’élever les enfants. La politique nataliste visant à les ramener exclusivement à leur rôle de mère et d’épouse, et pour ce faire à criminaliser l’avortement en 1920, à n’autoriser d’autre contraception que la méthode Ogino ou le coït interrompu n’aura pas l’effet attendu. Petit à petit, les femmes entreprennent des études, sont diplômées de l’enseignement supérieur avancent vers ce qu’elles sont devenues aujourd’hui.

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