Roland est mort de Nicolas Robin

Roland est mort de Nicolas Robin

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Lucia-lilas, le 30 juin 2016 (Inscrite le 21 février 2016, 57 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 012ème position).
Visites : 3 867 

Roland est mort de Nicolas Robin

Il est des livres pour lesquels l’activité somme toute assez solitaire de la lecture ne convient absolument pas. Et pourquoi donc, me direz-vous ? Eh bien, parce qu’on a envie de les partager, là, tout de suite, d’en lire des passages, aux uns, aux autres, de rire et surtout pas dans son coin, d’aller frapper chez le voisin ou chez un cousin…
Roland est mort et j’ai bien ri. Le petit roman rose m’a beaucoup amusée, beaucoup, beaucoup. Parce qu’il est drôle, très drôle et terriblement humain : on rit là où l’on pourrait pleurer et inversement.
Le sujet ? Le voisin du narrateur est mort. Il s’appelait Roland. Quand la voisine est venue lui annoncer la nouvelle, ledit narrateur l’aurait bien mise à la porte : « La voisine du dessous vient toujours m’annoncer des mauvaises nouvelles. Elle me parle des gens dans le monde qui n’ont pas de bras ni de jambes, qui font la manche à la sortie du métro, des gens qui ont des maladies congénitales et qui démarrent dans la vie du mauvais pied. Elle me parle des trous dans la couche d’ozone et des vaches qui pètent au Paraguay. Elle me donne sa théorie sur le désordre climatique, et même qu’il ne faut pas s’étonner si un jour il neige en juillet. »
Et puis, de toute façon, la voisine peut bien raconter ce qu’elle veut, il ne connaissait pas son voisin vivant, alors, maintenant qu’il est mort... Sauf que, si les pompiers veulent bien emmener le corps, ils ne prennent pas le caniche, enfin, la caniche, Mireille (oui, je vais trop vite et j’ai oublié de vous dire que Roland adorait Mireille… oui, Mireille Mathieu, souvenez-vous !)
Donc, je récapitule : Roland est mort, on l’a retrouvé une petite semaine après, la tête dans la gamelle de Mireille et personne n’est venu frapper à sa porte, personne n’a pleuré (sauf la voisine, un peu), personne ne s’est inquiété, à une époque où on est tous reliés : « Aujourd’hui on a la messagerie instantanée, son profil sur des réseaux sociaux, sa tête au générique d’une téléréalité. On crée des événements, des manifs, des flashmobs. On se rassemble sur des places publiques, on se serre dans les bras, on se fait des free hugs. Tout est mis en place pour ne pas vous laisser la tête dans la gamelle du chien. » Et pourtant ! Roland est mort et tout le monde s’en fout.
Ainsi, je récapitule de nouveau (c’est bien de faire le point régulièrement pour que tout le monde suive), « Roland est mort mais pas Mireille ». Alors, que faire de Mireille ?
L’étouffer dans un sac plastique ? Pas pratique. La voisine du dessous ? Elle s’en fout ! L’employeur de Roland ? Il a d’autres chats à fouetter. La SPA ? Ça s‘fait pas, comme disent mes élèves ! Les copains du bar ? A voir. Les parents ? Vraiment tout fout l’camp ! La sœur ? Je reste polie. Alors qui ?
Bref, résumons : « Un seul être vous envahit et tout est surpeuplé. » et puis, quand on est seul, abandonné même, largué quoi, profondément malheureux et au chômage, on a autre chose à faire que d’attendre que Mireille fasse sa crotte sur le trottoir.
Il faut aller à Pôle Emploi par exemple, prendre un ticket, attendre parmi les plantes en plastique, rappeler qu’on a été formé dans un domaine précis, rencontrer un coach en développement personnel, apprendre à respirer et crier en levant les bras : « La vie est belle, j’aime la vie »
Ça ne donne pas de boulot mais ça fait patienter…
« Je bois pour oublier que demain, Roland c’est moi. » Je vous avais dit que parfois, ça vous serrait la gorge cette petite histoire-là…
Un pur régal, un hymne à la vie, un regard percutant sur notre société mal barrée et croyez-moi, je ne vous propose qu’une mise en bouche parce qu’avec Roland, le pire est toujours sûr… enfin presque !
Roland est mort et j’ai bien ri !

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Le voisin

6 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 65 ans) - 26 septembre 2019

Un quadragénaire seul, au chômage, un début d’embonpoint, passe ses journées sur son canapé à regarder des films pornographiques. Que la voisine du dessous lui annonce la mort de son voisin de palier ne l’attriste pas ; quelques "bonjour-bonsoir" étaient les seules relations qu’ils entretenaient.
Roland est mort seul avec ses disques de Mireille Mathieu et son chien. Il a fallu une semaine d’absence pour qu’un collègue donne l’alerte et que les pompiers découvrent le corps.
Mais que faire du chien ?
Le pompier qui frappe à la porte, ne lui laisse pas le temps de réfléchir.
Va commencer alors une série de mésaventures pour se séparer du chien, puis plus tard, d’un legs beaucoup plus encombrant.

Les péripéties du héros ne m’ont pas vraiment convaincue. Entre les longues séries de suppositions, d’atermoiements , les récits de films pornos ou de rêves, les tournées de Picon-bière, la première partie de ce court roman ne m’a pas passionnée, et pas vraiment fait rire.
"J’ai envie de trinquer à l’amour avec un grand P comme Picon ou pute."

Puis se découvre discrètement la solitude de ces deux voisins de palier, et on commence à comprendre le legs de Roland, et même à éprouver un peu d’empathie pour son voisin.
"Je bois pour oublier que demain, Roland c’est moi."
Alors, c’est loin d’être pour moi le coup de cœur annoncé par la bibliothécaire, mais ça reste une lecture agréable.

Que ma mort vous serve de leçon

7 étoiles

Critique de Anna Rose (, Inscrite le 3 octobre 2006, 51 ans) - 6 juin 2017

Le narrateur est un jeune homme de 40 ans, solitaire, presque misanthrope. Il a le sentiment de passer à côté de sa vie professionnelle, personnelle, familiale. Pourtant il ne fournit aucun effort pour devenir un autre, celui qu'il aurait voulu être. Son voisin de palier, Roland, un quasi-inconnu, meurt brusquement. Le narrateur devient le baby-sitter du caniche pour quelques heures croit-il. Il découvre que Roland menait une vie morne, terne, sans ami, sans véritable collègue, concentré sur la musique de Mireille Mathieu et son chien. Le narrateur d'abord énervé par cette intrusion de l'autre dans sa vie, tente de se défaire du chien. De rencontres en rencontres, il comprend que Roland, par-delà la mort, l'avertit de ce qui l'attend s'il ne décide pas de sa vie: finir comme lui, seul et anonyme.
Le roman est bien écrit, avec une sorte de suspense. Un bon moment.

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