Rendez-vous à Biarritz de Mary Heuze-Bern

Rendez-vous à Biarritz de Mary Heuze-Bern

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Débézed, le 15 juin 2016 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 611ème position).
Visites : 2 697 

Bande annonce

« Trente-trois ans basculent dans l’étroit F3, il en a vu d’autres : le noir mord sur le blanc, le blanc sur les couleurs et les preuves se chevauchent, piquées au vif et à ce pan de mur que les 60 watts du palier ravivent. » Dans ce langage très original, inventif, créatif où ce qui qualifie les personnages, les lieux et les choses, est seul exprimé pour soutenir l’action et orienter la lecture, j’ai vu comme une bande annonce, la bande annonce d’un roman qui serait un polar car tous les ingrédients de ce genre littéraire sont évoqués sans que l’intrigue ne soit jamais dévoilée.

Ce très court texte est mis en scène comme la bande annonce d’un film, policier en l’occurrence, on reçoit des images chocs en plein visage, des flashs fulgurants, du bruit, des bruitages plutôt, un peu de musique même. Tout est écrit comme pour annoncer ce qui serait dans un autre texte plus long, plus explicite, plus abouti. Les gestes, les actions, priment sur les personnages qui restent très fugitifs, chaque chose, ou personnage, est juste esquissée à travers ses attributs. Un texte choc, imagé, coloré, dynamique, pour créer une ambiance, pour générer des sensations, pour suggérer des impressions.

Comme dans une bande annonce, on ne connait pas réellement le problème, on sait seulement qu’il se passe quelque chose de violent, de mystérieux, qu’il faut que quelqu’un intervienne à Biarritz (s) pour rétablir l’ordre qui apparait bien chamboulé. On ne connait pas l’intrigue, on sait seulement qu’il y en a une et qu’elle est violente, on a envie d’en savoir plus et on lirait volontiers le polar qui raconte cette histoire mystérieuse qui se déroule à Biarritz ou à Biarrisse, aux confins de l’Espagne le « z » et le « s » peuvent se confondre pour celui qui n’est pas autochtone. On sait que « La basket lui en colle une… » mais on ne sait pas qui est derrière la basket et qui ramasse la beigne.

Un livre étonnant, un livre qui m’a enchanté et j’y ai même vu sprinter le fameux Dédé Darrigade qui, à notre grand bonheur, raflait régulièrement les étapes de plaine du Tour de France quand j’étais môme. Je me souviens même qu’il avait été champion du monde en Hollande en devançant, au sprint, toujours, un certains Howenaers, si ma mémoire ne me lâche pas.

10/07/2023
Ce texte sort dans une nouvelle version sous la forme d’une bande dessinée. Je ne reviendrai pas sur ce texte qui est identique dans les deux versions, j’ajouterai seulement que dans ce livre graphique la dessinatrice convoque les œuvres d’une trentaine d’artistes, principalement des peintres : Duchamp, Turner, Magritte, Bacon, Dali, Courbet… Le dessin de Rita Menz est très moderne, à dominantes noires avec quelques éclairs de couleurs chatoyantes pour le rehausser. Le texte est rédigé dans une grosse écriture ronde, à mon sens très féminine, qui occupe très bien l’espace qui lui est réservé en empiétant même parfois sur le dessin. L’illustratrice a aussi inséré dans ce livre quelques créations graphiques du meilleur effet. Le graphisme, les couleurs et l’écriture proposés par Rita Menz confèrent au livre un caractère sombre, agité, un peu brouillon, éclectique qui pourrait évoquer le désir de plonger le lecteur dans le chaos, dans une certaine confusion…

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Mary Heuze-Bern et Rita Menz :Biarritz dans tous ses états

10 étoiles

Critique de JPGP (, Inscrit le 10 décembre 2022, 77 ans) - 27 mai 2023

Mary Heuze-Bern pseudonyme d’une professeure qui exerce dans un Lycée français en Espagne.jongle avec les clichés du polar, et la graphiste et artiste Rita Menz s’en amuse par la liberté qu'elle s'accorde avec le texte premier où les sons S et Z se confonde.

Mais ce n'est pas la seule confusion. Car ce ne sont plus seulement les mots qui s'émancipent mais les images aussi - parfois sont empruntées à Caspar David Friedrich, Duchamp, Jaspers John, Magritte, Malevitch, Bacon, Matisse, Pierre et Gilles, Jeff Wall et bien d'autres.

Le tout dans divers types de carambolages plus ou moins nonsensique que multiplient ceux des images. La graphisme zèbre le texte là où et par exemple une cuisine abrite les stoïques et Zorro. Tout lecteur de polar comme tout esthète se trouveront fascinés - quoique parfois fatigués par une telle "lecture". Mais l'effort en vaut la chandelle.

Jean-Paul Gavard-Perret

Forums: Rendez-vous à Biarritz

Il n'y a pas encore de discussion autour de "Rendez-vous à Biarritz".