Le zoo de Mengele de Gert Nygårdshaug

Le zoo de Mengele de Gert Nygårdshaug
(Mengele zoo)

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Magicite, le 24 septembre 2018 (Sud-Est, Inscrit le 4 janvier 2006, 45 ans)
La note : 9 étoiles
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Un roman coup de poing

Ce livre m'a fait un choc. Roman écologique, d'aventure et de réflexion politique c'est avant tout une œuvre poignante et forte, dénonciatrice et poussant à la réflexion malgré un manichéisme assumé.
Préférez découvrir par vous-même l'étrange et prenante histoire du héros Mino à travers plusieurs périodes de sa vie: enfance, sa fuite, sa rencontre avec le monde dit civilisé et ses choix d'étudiants pendant les révoltes contre les oppressions et dictatures de plusieurs pays qui vont l'amener à parcourir le monde avec sa bande d'amis dont il devient de véritables compagnons de vie. Drame et romance, liberté sexuelle et éco-terrorisme sur fond d'espionnage américain sont au rendez vous pour la galerie de personnages qui s'étale à travers cette première partie picaresque.
L'écriture est prenante et fait passer l'alternance d'actions et de réflexion, de phases de suspense, de description élaborées des lieux et personnages en donnant toujours envie de savoir la suite et sans phase ennuyeuse. Bien que parfois le réalisme ou le parti pris de l'auteur soit un peu en défaut il ne faut pas oublier que ce livre a été publié en 1989.
Bénéficiant d'une traduction du norvégien tardive en français (2014 - on se demande pourquoi) et d'une traduction incomplète en langue anglaise ce livre sent le soufre tout en étant un très beau roman, les touches légère de mysticisme lui donnant contrastant un peu le cynisme omniprésent des situations.
Son côté rebelle et sa (assez souvent) justesse de critique de l'impérialisme (nord-américain surtout) et des déviances du capitalisme empêcherait-elle sa diffusion à travers le monde? Certes le choc du 11 septembre américain est passé par là, reste une décennie où cet auteur à succès (polar si je me rappelle sa bio) n'a pas été mis en lumière. En tout cas l'auteur paraît renseigné (quoique le futur ne lui donne pas toujours raison) et c'est indispensable quand il critique des ONG aux allures bon teint mais véritable mascarade pour bobos.
La suite de cette critique révèle des détails de l'histoire et il serait dommage que le lecteur potentiel ne la découvre pas par lui-même. Revenez y après lecture, la 4ème de couv. vous renseignera mieux.

Nous sommes quelque part en Amérique de sud où les habitants d'un village vivent en harmonie avec la canopée loin de là.
Seulement les corporations et intérêts industriels sont aussi de la partie, à travers des militaires de gouvernements corrompus, des dirigeants de firmes américaines à l'opposé du philantropisme.
L'enfant Mino est un chasseur de papillons, il aime parcourir la jungle pour y chasser et épingler les nombreuses espèces de papillons qu'avec son père il étiquette et revend parfois à la grande ville proche.
Cette partie révèle la vie devenant de plus en plus pesante sous l'oppression de la junte militaire, le traumatisme qu'a subi la mère du héros, la fin du village dans
un odieux massacre quand ceux-ci s'opposent aux intérêts financiers détruisant la nature et le mode de vie de ces paisibles paysans.
Suit alors la rencontre avec un magicien errant, le prestidigitateur qui le recueille à l'instar d'un Vitalis prenant sous son aile Rémi (Sans Famille).
Après quelques moments heureux la dure réalité de la violence de l'impérialisme finit par les séparer dans le sang.
Mino adolescent commet son premier meurtre.
Sa fuite l’amène dans un pays voisin, lui fait rencontrer une adolescente de même âge et ses premiers émois sexuels. Répit de courte durée quand les services secrets remettent la main sur lui, le capturent et le torturent (coupage d'oreilles, blessures le rendant impuissant, les méchants sont aussi mauvais que les gentils sont bons).
Par chance il réussit à fuir son exécution et rencontre des révolutionnaires qui le recueillent, un temps. Le drame, la folie et la barbarie du monde ne sont jamais loin.
Il rencontre alors un ami et fait des études universitaires politique et en zoologie où sa passion pour les papillons le pousse naturellement, études brusquement interrompues suites à la répression violente de mouvement contestataire dont les étudiants sont une part active.
C'est ce tournant et des événements parfois un peu tirés par les cheveux, parfois empreints de mysticisme qui font former à Mino et Orlando un groupe dont le but est de faire payer aux dirigeants corrompus et entrepreneurs les plus destructeurs. Les actions de Mino chef de la bande organisés les poussent à des actions de mort et destructions de ces gros porcs de capitalistes. Presque nulle part le remords pour Mino ou sa bande n'est posé. Seule la froide vengeance présentée comme sauvegarde de la planète est ce qui compte.
Jusqu'à ce qu'un groupe d'espions internationaux de chefs fomentés par les dirigeants des états retrouve leurs traces.
La toute fin termine les principaux protagoniste au sommet de leurs actions, laissant planer le doute sur la fin définitive de Minos ayant survécu déjà à tant de souffrance et persécutions.

Le tome 2 de cette trilogie est hélas une redite de ce succulent tome 1 avec d'autres protagonistes en d'autres temps et lieux on commence à se demander où va l'histoire et si l'auteur ne s'est pas épuisé sur ce premier opus dont les meilleures parties sont le début. Je n'ai pas lu le dernier tome de cette trilogie mais compte le faire (sortie en poche) dès que j'aurai l'occasion.

Note montée à 4.5 pour la découverte et la bouleversante plongée que l'auteur nous livre, un poil surévaluée donc.

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