Voyage de la mort et autres poèmes de Tomàs Alva Negri, Fernando Maza (Dessin)

Voyage de la mort et autres poèmes de Tomàs Alva Negri, Fernando Maza (Dessin)

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie , Littérature => Sud-américaine

Critiqué par Eric Eliès, le 21 février 2016 (Inscrit le 22 décembre 2011, 49 ans)
La note : 9 étoiles
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Poésie imprégnée d'une foi catholique poignante, où la nature est à la fois le don et le signe de Dieu

Cette petite plaquette bilingue, accompagnée d’encres très joliment imprimées et mises en valeur, est une anthologie constituée de quelques poèmes extraits de 3 recueils écrits entre 1977 et 1984 par l'écrivain argentin Tomas Alva Negri. L’écriture et la tonalité des poèmes (sans doute aussi le choix du traducteur) suscitent un fort sentiment de cohérence et d’unité, à tel point qu’il serait impossible au lecteur de distinguer, sans l’aide des titres, une coupure entre les poèmes.

L’auteur est croyant. Sa poésie puise au plus profonde de sa foi catholique mais se nourrit également d’un rapport intime au réel du monde (la nature est omniprésente) ; elle avoue une inquiétude devant le silence de Dieu face aux malheurs des hommes (l’auteur évoque la Grèce et Budapest) et l’omniprésence de la mort, qui est partout à l'oeuvre.

[Psaume XII] : Nul ne prie plus, / les arbres sont tout blancs / et les pierres mortes, / nul ne prie plus. / Il n'y a plus ni dieux, / ni désirs, ni espérances, / nul ne prie plus.

[Psaume XXXI] Je suis seul, je récite les psaumes / Je suis seul et j’attends la voix du Seigneur / Je ne parle plus, je suis seul et récite cendres et vent / J’attends, je prie le psaume de la voix, de ta voix / qui ne vient pas, Seigneur. (…)

[Le voyage de la mort] (…) Ensuite le silence, / définitif silence. / Sans forme, / comme la mort / dans la fraîcheur du fleuve, / avec le soleil sur la terre / et dans la pierre muette. / Ensuite le silence, / ultime silence, / définitif silence ; / sans forme de fleuve, de soleil, de pierre, / définitif silence.

Il n’y a aucun pathos lyrique dans cette poésie, qui procède souvent par répétitions et légères variations et dont le ton retenu est très bien restitué par la traduction de Bernard Sesé (qui est à la fois un grand poète et un admirable traducteur de la poésie espagnole, dont j’avais beaucoup apprécié la traduction de Saint-Jean de la Croix). Face aux tourments et au désarroi d’une vie pleine de souffrances, c’est la contemplation de la nature qui seule réconforte le poète, comme un don de Dieu et la preuve de sa présence derrière les choses :

A ta bonté je suis reconnaissant, Seigneur, / pour tout ce dont j’ai joui sur cette terre, / pour les oiseaux, les plantes, les poissons. (…) Et l’odeur tant aimée / des champs sur cette terre / - d’oiseaux, de plantes, de poissons - / paisiblement aspirée, / me permet de marcher / en regardant la terre / qui va un jour m’engloutir.

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