Les débutants de Anne Serre

Les débutants de Anne Serre

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Septularisen, le 16 février 2016 (Luxembourg, Inscrit le 7 août 2004, 56 ans)
La note : 2 étoiles
Moyenne des notes : 5 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 3 étoiles (55 419ème position).
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BLEUETTE A LA SAUCE FRANÇAISE!

« Les débutants » se présente comme une simple et plutôt très banale histoire d’amour. Anna quarante-trois ans vit avec Guillaume avec qui elle file le parfait amour, depuis de nombreuses années, même s’ils n’ont jamais eu d’enfants. Puis, au cours d’un séjour dans leur maison de campagne, dans le petit village de Sorges, survient la rencontre avec Thomas, homme mûr, divorcé de cinquante-six ans qui l’attire inexplicablement.

Peu à peu, elle va tomber amoureuse de Thomas et s’éloigner de Guillaume. Mais Anna a du mal à assumer ses sentiments et à choisir entre les deux hommes. Doit-elle définitivement abandonner son passé et Guillaume, qu’elle aime pourtant encore, pour Thomas et un avenir incertain ? Peut-elle aimer les deux hommes, pourtant si différents, à la fois ?

Anna va devoir prendre une décision…

Disons-le tout de suite, je me suis vraiment, mais alors vraiment ennuyé à la lecture de ce livre ! Une écriture plate sans aucun style, aucun relief. 190 pages d’un long monologue pas très intéressant, et pas très passionnant…
Si je dois reconnaître que les sentiments de l’héroïne, souvent contradictoires d'ailleurs, sont parfaitement décrits, littéralement disséqués par l’auteur, à la fin cela en fait trop! Trop de tergiversations, de retours en arrière, d’introspection, de doutes, de questionnements etc... Les messages passés par l'auteur sont intéressants, mais tout cela est tellement "intellectualisé", qu'à la fin cela finit vraimentit par saouler! L'auteur tire trop sur la (même) corde! Et au bout donc, un ennui qui s’installe de page en page, s'introduit de phrase en phrase, s'instille entre les mots!..

Je dois aussi dire que j'ai trouvé que toute la trame de l’histoire ne tenait pas trop debout. La narratrice a une relation fusionnelle avec son mari et l’aime avec passion comme au premier jour… Mais elle tombe pourtant amoureuse d’un autre homme? Guillaume est « fou » d’elle, mais il renonce à elle sans un mot, sans colère, sans esclandre, sans chercher à comprendre, sans explications, sans se battre ? Anna met au courant toutes ses amies et connaissances de son histoire, et tous la pressent d’abandonner Guillaume pour son nouvel amour? Guillaume à une relation passionnée avec Anna, mais remarque à peine les changements qui s'opérent en elle? Les questions qu'elle se pose? Les doutes qui la torturent?

Pas très crédible tout cela… J’ai donc du mal donc à « avaler » toute l’histoire, j’ai vraiment dû me faire violence pour continuer à lire le livre jusqu’à la fin, tellement c’était plat et ennuyeux! Inutile donc de dire que je ne conseille pas ce livre!

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Les éditions

  • Les débutants [Texte imprimé] Anne Serre
    de Serre, Anne
    Gallimard / Collection Folio
    ISBN : 9782070450510 ; 6,90 € ; 14/03/2013 ; 192 p. ; Poche
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"Que c'est étrange de quitter quelqu'un que l'on aime pour quelqu'un que l'on aime...

8 étoiles

Critique de Sissi (Besançon, Inscrite le 29 novembre 2010, 53 ans) - 28 février 2016

...on passe par une passerelle qui n’a pas de nom, qui n’est nommée dans aucun poème. Non, nulle part on ne donne un nom à ce pont et c’est pourquoi Anna eut tant de mal à le franchir. »

Lorsque Anne rencontre Thomas par hasard, dans une des rues de sa ville à elle, qui est son lieu de villégiature estivale à lui (sinon il habite Bordeaux, loin de là), lorsqu’il lui adresse la parole car il tient à la féliciter pour un article qu’elle a écrit, lorsqu’ils décident d’aller boire un verre pour poursuivre leur échange, puis d’échanger leurs numéros de portables respectifs, alors la vie d’Anne bascule.
La rencontre est datée. Précisément. 6 août 2002. La situation amoureuse d’Anne, à ce moment précis de sa vie, est claire : elle est heureuse aux côtés de Guillaume qu’elle aime depuis vingt ans. On nous l’explique brièvement, sur quelques lignes, comme si l’essentiel n’était pas là, enfin comme s’il ne l’était déjà plus.
Ce jour-là, à partir de ce moment-là, le désamour pour Guillaume, s’amorce insidieusement, de manière impalpable, inconsciente, tandis que le sentiment amoureux pour Thomas prend corps, naît, éclot.
Comme une maille d’un pull qui lâcherait, entraînant le lent détricotage de tous les rangs alors qu’au même moment, sur d’autres aiguilles d’autres mailles, montées une à une, formeraient l’ébauche d’un autre pull en devenir.
Anne Serre préfère l’image, plus jolie, de la robe, du petit accroc fait dans une robe et qui, s’élargissant de plus en plus, finira en une immense et dévastatrice déchirure.

Rapidement (et brutalement), Anne réalise qu’elle éprouve bel et bien de l’amour pour Thomas, mais il lui est absolument impensable, impossible, inimaginable d’envisager que l’amour qu’elle partage avec Guillaume, que rien ni personne n’a jamais terni et qu’elle a toujours cru indéfectible, inébranlable, inaltérable ne le soit finalement pas, ne le soit plus.
Sa relation avec Thomas ne peut être réelle, elle reste fantasmée, au niveau du songe, elle ne peut s’incarner « Oui, Thomas n’était sans doute qu’un rêve », une chimère, une lubie de rêveuse qui en viendra à se demander si elle n’a « pas tout inventé ».
La vraie vie, sa vraie vie, ne peut se passer qu’avec Guillaume « Guillaume, lui, ne lui avait jamais évoqué un personnage de roman. Guillaume était Guillaume, il ne la faisait pas penser au- delà de lui, derrière lui. » Il est l’incarnation du réel.
Alors, de rendez-vous manqués (comme le sont les actes qu’on se refuse) en échanges épistolaires interrompus puis repris, de déambulations vaines dans Bordeaux où elle cherche « son amour imaginé » sans grand espoir au hasard des rues, histoire de vivre l’histoire sans la vivre, Anne continue à aimer cet homme qui lui rappelle Jude L’obscur, le personnage de Thomas Hardy, « mais également une dizaine d’autres personnages », sans que ça ne prête à conséquence, comme s’il s’agissait d’une fiction et non de sa propre vie, elle reste en marge d’un amour qui s’incarnerait véritablement par un contact physique, et cela lui permet de « rester dans cette zone de l’esprit où elle ne risque rien, ou tout n’est encore qu’en images. »

Mais l’accroc de la robe grandit, le désir d’Anne pour Guillaume s’effiloche, et la fiction s’immisce dans la réalité.
« Et pendant des mois, plus d’un an maintenant, elle avait nourri ce songe en secret. Il avait pris un tel volume qu’il occupait désormais toute la cage, les ailes dépassaient, elle ne pouvait plus le cacher tout à fait à Guillaume. »
Anne résiste, elle refuse de sortir du rêve, les mois ont passé et pourtant « elle croyait toujours, depuis un an, que cette figure qui surgissait, très frappante pour elle, était une figure de fiction, un être à rechercher parmi les livres, les souvenirs des livres [..] »
Anne résiste au point que lors du premier contact physique avec Thomas, lorsqu’il lui touche l’épaule elle pousse un grand cri, un hurlement, comme quand on se réveille en sursaut et qu’on replonge de manière brutale dans la réalité, sans doute...

« Et peu à peu le corps d’Anne quitte Guillaume pour rejoindre celui de Thomas. Mais n’était-il pas question de cela depuis le début ? »

Sur l’éternel et universel thème du triangle amoureux, Anne Serre écrit un texte singulier et bouleversant, où elle sillonne brillamment les routes sinueuses qui jalonnent le chemin difficile parcouru par héroïne, entre peur et renoncement, songe et réalité, passion et amour, virtualité et concrétude, où elle évoque avec une grande finesse cet « entre-deux », cette « valse-hésitation » qui ébranle tant.
Relaté rétrospectivement par une narratrice impliquée qui fait régulièrement des projections dans le futur pour nous éclairer, donne la parole à ses personnages quand elle ne les interroge pas elle-même et nous informe que notre lecture arrive bientôt à son terme, « Les Débutants » monte à quel point on l’est toujours quand on croise, un jour, le 6 août 2002 comme n’importe quel autre jour de la vie, ce monstre terrifiant qu’est l’amour.

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  Un autre avis? 70 Sissi 22 mars 2016 @ 11:19

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