Vivre de Anise Postel-Vinay

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par TRIEB, le 12 août 2015 (BOULOGNE-BILLANCOURT, Inscrit le 18 avril 2012, 72 ans)
La note : 8 étoiles
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LA VICTOIRE DU MAL ?

Les témoignages sur la Seconde Guerre mondiale, et plus particulièrement sur la Résistance et la Déportation sont nombreux, de qualité inégale, mais aident parfois à saisir la signification de ces événements terribles. Le récit d’Anise Postel-Vinay est de ceux-là. Il frappe tout d’abord par la modestie de cette femme, qui avoue avoir été bien éduquée à l’esprit critique par ses parents, avoir bénéficié d'ouvertures intellectuelles précieuses pour une jeune femme de cette époque. Non, elle n’était pas prédisposée à la démarche de résistance, dont elle n’apprit le nom générique que bien plus tard.

Ce qui frappe, c’est bien sûr l’admiration éprouvée pour ses compagnes de déportation telles que Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz. Pourtant, Anise Postel-Vinay doute : elle exprime de grandes craintes sur la possibilité de transmettre cet héritage, compte tenu de la résurgence de l’antisémitisme, de la poussée du négationnisme dans certains cercles, et du désintérêt que suscitaient ces événements dans l'immédiat après-guerre. Le souvenir de la capitulation est aussi reformulé : « Le 8 mai n’a pas été du tout un moment de joie pour nous, enfin si intellectuellement, mais pas par le cœur : nous étions écrasées d’abord par tous les morts qu’il faudrait annoncer en revenant, et par la peur de ne pas retrouver nos familles … Nous étions fatiguées et très tristes. Combien de morts laissions-nous derrière nous ? »
La conclusion de ce récit, très sobre, très retenu, et par là-même touchant, est pessimiste. Anise Postel-Vinay s’interroge sur les origines du Mal, sur sa persistance, notamment pendant la guerre d’Algérie. Elle dément l’effet du temps sur l’intensité de la souffrance : «Je pensais qu’en vieillissant, l'ombre de ce que j’ai vécu pendant la guerre, s’estomperait, que j’oublierais un peu. J’ai l’impression que c’est le contraire. (….) Je fais souvent le même cauchemar : la Gestapo me pourchasse. Mais je cours tellement vite que je me réveille. »

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