Le bilan Malétras de Georges Simenon

Le bilan Malétras de Georges Simenon

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Catinus, le 16 juillet 2015 (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 72 ans)
La note : 9 étoiles
Visites : 2 266 

Excellentissime !

« Jules Malétras, le fils du facteur de Steenvoorde, à la frontière belge, qui s’est marié, qui avait eu deux enfants, qui avait fondé les Docks Malétras et les avait portés pendant trente ans à la force du poignet, était un homme puissant et dur, plus puissant et plus durs que tous ceux qu’il connaissait, et qui, pendant des mois, avait été contraint d’aller chaque soir, en rasant les murs, retrouver une gamine qui n’était pas jolie dans une chambre dégoûtante, au fond d’une impasse qui puait. Or, Malétras, parce qu’elle ne voulait pas se déshabiller, parce qu’un peu avant, elle était partie en voiture avec cet imbécile bien vêtu de Laniel, l’avait saisie par le cou et l’avait étranglée «.

Etc, etc …

Ce roman dur-là de Simenon est encore un excellent. Un excellentissime, même !


Extraits :

- Malétras n’aimait pas les pauvres. Non seulement il ne les aimait pas mais il les en avait en horreur. Encore aurait-il pu supporter les vrais pauvres, les misérables en haillons, qui font partie du décor de certaines petites rues, de certains quartiers. Il faisait exception aussi pour les pauvres comme son père, les pauvres de la campagne, les journaliers qui vivent avec leurs mioches dans une bicoque et font des journées dans les fermes ou chez les bourgeois.

- Malétras détestait les adolescents. Surtout ceux-là, les adolescents pâles et nerveux qui semblent toujours en proie à quelque fièvre, qui parlent avec une sourde énergie parce qu’ils se croient promis à de grands destins.

- Avait-il jamais désiré une femme ? Quand il était jeune homme, ses camarades, pour autant qu’il ait eu des camarades, se moquaient de lui, car, à vingt ans, il était encore vierge. Pas par vertu. Pas non plus par timidité. Ni par impuissance. Il était aussi bien capable qu’un autre de faire l’amour. Peut-être plus que la plupart, car il était extrêmement vigoureux. Les femmes ne l’intéressaient pas. C’était une complication dans l’existence. Il était choqué de voir attacher tant d’importance à un acte aussi banal.

- « Tu es chrétien au fond de ton cœur ? lui avait-il demandé, un matin »
« Je suis chrétien »
« Tu crois aux Evangiles »
« J’y crois »
« Dans ce cas, je ne comprends pas comment tu as pu devenir riche. Car, pour devenir riche, toi comme moi, nous avons dû en écraser quelques-uns sous nos semelles, n’est-ce pas ? Ce n’est pas en pratiquant l’humilité et la charité chrétienne qu’on ramasse des millions. »

- Ce n’était pas beau. Un vieux qui pleure. Un vieux qui, tout à coup, fond lamentablement et qui, faute de trouver de la pitié autour de lui, regarde avec pitié sa vieille tête, se regarde pleurer, tout seul, dans l’eau trouble d’une glace.

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Les éditions

  • Le bilan Malétras [Texte imprimé] Georges Simenon
    de Simenon, Georges
    Gallimard / Folio. Policier
    ISBN : 9782070307869 ; 7,50 € ; 12/06/2014 ; 224 p. ; Poche
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