C'est le même Décor de Carine-Laure Desguin

C'est le même Décor de Carine-Laure Desguin

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Débézed, le 25 avril 2015 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 8 étoiles
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De Duras à Desguin

« Cette rencontre avec Duras. Dans ma mémoire, c’est très précis, à présent. Je parle d’une rencontre, d’une vraie rencontre. Lorsque les mots durassiens ont fait écho en moi… Car ce que j’ai ressenti à cet instant-là, c’est un écho. Juste un écho. Les mots étaient en moi depuis toujours ». Avec ces quelques mots, Carine-Laure précise clairement son rapport à Marguerite Duras et la genèse des trois textes qu’elle a écrits en résonance à trois fragments de textes tirés de L’Amant, Le Square et L’Amant de la Chine du Nord.

Je n’ai lu, et vu au cinéma, que L’Amant et c’était il y a bien longtemps, l’histoire, d’amour évidemment, je ne m’en souviens plus très bien mais les textes de Carine-laure ont soufflé sur les braises presque éteintes dans ma mémoire et en ont fait resurgir quelques étincelles, des images issues du film, d’autres nées de mon imagination lors de la lecture du roman, des couleurs, une atmosphère, de l’amour à l’état brut, pur, originel. Je n’ai pas vu d’amant dans ces textes, seulement des images d’amants, des images projetées à travers les mots de l’auteure par des femmes enflammées, désireuses, attendant le grand amour en construisant, en imaginant, en dessinant, en inventant de toutes pièces un amant idéal, un amant imaginaire, un amant anonyme dans la foule, un amant nostalgie ne vivant plus que dans leur mémoire…

Dans une langue sobre, épurée, pleine de poésie Carine-Laure remplit l’espace qui la sépare de Duras avec des mots qui inventent, réinventent, des amants qui ne semblent vivre que dans l’esprit de femmes qui attendraient désespérément celui qui les ferait frémir. Lors de ma lecture, j’ai eu cette impression que l’auteure faisait exister des amants en les dessinant en creux dans l’esprit enflammé de femmes en attente du grand amour. « Elle : Une Pilsen noire, une seule », Lui n’était là que pour jouer le rôle de l’amant niché dans le cœur d’Elle.

Dans sa très belle préface Eric Allard écrit : « Le corps abandonne toute forme physique au profit de l’apparence, de la surface de peau de l’autre ». Je retrouve dans cette perception, cette notion d’amant imaginaire inventé par des femmes sans amour qui font vivre des amants virtuels peut-être plus réels que des amoureux trop concrets et trop triviaux. Une façon très poétique d’écrire l’amour, l’amour idéalisé, l’amour indestructible puisque fait seulement de mots et d’images.

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