India express de Constantin Simon

India express de Constantin Simon

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par TRIEB, le 19 février 2015 (BOULOGNE-BILLANCOURT, Inscrit le 18 avril 2012, 72 ans)
La note : 6 étoiles
Visites : 2 453 

QUAND L'AUDIO-VISUEL NOUS INDUIT EN ERREUR...

Pierrot, jeune reporter, qui s’ennuie un peu et veut échapper à une carrière ennuyeuse du côté de Bourg-en-Bresse, sa ville d’origine, est contacté par Béatrice Astruc, une journaliste de l’audio-visuel, confirmée et reconnue de ses pairs. Elle lui propose une mission au Sri Lanka, et l’associe à ses reportages comme journaliste d’images. Il accepte, car la perspective d’échapper à la routine l’emporte. Pourtant, au cours de leurs missions, Pierrot va rapidement déchanter : l’éthique journalistique de Béatrice Astruc est des plus douteuses, des plus incertaines : il y apprend comment vendre un sujet, comment le trouver, comment tourner le sujet …

A ceci près que les reportages tournés par exemple sur des trafiquants de drogues, des talibans (sont-ils réels ?), des commissaires de police qui se targuent de mener une lutte sans merci contre les pauvres paraissent à Pierrot bien artificiels, passablement insincères, et empreints d’une fausseté insupportable. Il décide donc de voler de ses propres ailes, de s’affranchir de la tutelle, devenue bien pesante, de Béatrice Astruc, et se met à son compte.
Au cours de reportages effectués en particulier lors de la catastrophe de Fukushima, il découvre, avec la complicité décisive de Maya, une danseuse japonaise rencontrée lors d’un précédent reportage, la dignité des Japonais, leur stoïcisme, leur caractère impénétrable. Cela le frappe, lui, l’homme de l’image habitué à exposer ses sujets jusqu’à la limite de l’intimité. Il modifie sa pratique du journalisme d’image, s’oriente vers plus de sincérité, d’authenticité, de vérité : « Ce que je m’avouais maintenant sans détour : le ridicule de mon métier. Les images que je filmais n’étaient plus des images mais des messages, esclaves d’une information. Elles n’exprimaient rien en elles-mêmes, elles étaient muettes, prisonnières d’une autorité supérieure qui avait divisé le monde en deux catégories : d’un côté les victimes , les « gentils »,qui n’avaient droit qu’a geindre ; de l’autre les coupables, les « méchants » , à qui je collais une pancarte et que j’introduisais par une musique bien dramatique. »

Ouvrage plaisant par l’ironie mordante qui transparaît de manière omniprésente dans le récit, ouvrage efficace également dans la dénonciation d’une certaine dérive du journalisme audio-visuel.

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