Premières mesures révolutionnaires de Éric Hazan, Kamo

Premières mesures révolutionnaires de Éric Hazan, Kamo

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Alouette, le 12 décembre 2014 (Seine Saint Denis, Inscrite le 8 mai 2008, 38 ans)
La note : 7 étoiles
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Premières mesures révolutionnaires

D'abord, l'éditeur et sa maison d'édition : si La Fabrique est une maison d'édition fondée en 1998 dont le catalogue est l'un des plus stimulants qui puissent aujourd'hui exister, Eric Hazan est un homme d'édition (déjà les éditions Hazan), un vrai (qui serait un peu, toutes choses égales par ailleurs, comme le François Maspero des temps actuels). Autrement dit un éditeur indispensable sur lequel peuvent compter tous ceux qui ne se satisfont ni de l'ordinaire capitaliste ni du renoncement à l'hypothèse communiste.

La première partie de l'ouvrage intitulée « On a raison de se révolter » pose d'emblée la distinction entre trois formes idéal-typiques de gouvernements (dirigé par un parti unique, préservant à coup de fusils un régime autoritaire victime d'instabilité politique ou bien placé entre les mains de l'oligarchie libérale dénommée ici « capitalisme démocratique », p. 15). Les « trois piliers » dont se soutient le dernier modèle présenté par les États qui l'appliquent, à savoir l'élévation du niveau de vie (depuis l'institution du « compromis fordiste » après 1945), la paix entre les peuples et le respect des droits civils synonyme de libertés démocratiques, n'ont pas cessé depuis d'être corrompus par le pouvoir de la finance. « Nulle part, le pouvoir n'appartient au démos » (p.16) écrivent à juste titre les auteurs, ce qui induit le vide populaire réel des formes politiques existantes et leur subordination corrélative aux marchés sous le double principe du lobbying et du pantouflage (p. 18). En 1983, le fameux « tournant de la rigueur » opéré par le gouvernement PS aura rétrospectivement représenté l'institutionnalisation d'une hétéronomie au nom de laquelle le politique s'identifiera toujours moins aux besoins populaires et toujours plus aux intérêts de l'économique. Et le discours de la « crise » viendrait parachever auprès des peuples le statu quo idéologique au nom duquel les pires régressions sociales doivent être acceptées et supportées au nom du renflouement du capital. C'est pourquoi, considèrent les auteurs, s'indigner, protester et pétitionner ne servent pratiquement à rien, sinon à entretenir l'imaginaire existant en excluant du champ du possible l'idée que le peuple pourrait bien prendre son destin en mains en refusant d'abandonner sa souveraineté sacrifiée au contrôle et à l'expertise de la classe des politiciens professionnels.

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