Les haines pures de Emma Locatelli

Les haines pures de Emma Locatelli

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Monocle, le 9 mai 2014 (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans)
La note : 9 étoiles
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L'autel de la vengeance

Attention "Les haines pures" n'est pas vraiment un livre pour rigoler.
Je pensais que Philippe Claudel avec "les âmes grises" ou "le rapport de Brodeck" avait atteint le summum du climat sombre dans une oeuvre littéraire mais j'ai eu l'impression qu'il faisait presque figure de plaisantin comparé à Emma Locatelli et cette ambiance ici décrite.
C'est un livre dur, très très prenant, un livre qui dérange. Tomber dedans c'est se livrer pieds et poings liés au bon plaisir de l'Auteure qui sait y faire pour se faire désirer et entretenir la flamme.

Pour ne pas trop en dire et casser l'intrigue j'ai préféré vous présenter quelques-uns de ses personnages :
- Gabrielle Magne (dite Gaby), la narratrice, chaque nuit avant de s'endormir elle prie pour ne jamais se réveiller. Elle revient cacher ses cicatrices en juillet 1945 dans son village natal. Le village c'est Bayon, un trou perdu de nulle part, cuisant sous le soleil. Non la guerre n'est pas finie, elle ne fait que commencer.
- La mère. Elle s'est ratatinée en une petite chose laide et noueuse. Elle a perdu quelques dents mais elle a conservé intact son pouvoir de faire mal. Dans ses yeux il y a quelque chose qui pue.
- Jean le frère. Fils aîné et aimé de la mère. Handicapé, devenu une plante suite à un accident dont on tait tout. D'ailleurs on ne dit rien ici.
- Louise (dite Lou). La petite soeur, si jolie, si naïve.
- Les Roccetti. Cette famille maudite d'une ferme voisine. Tous morts dans des circonstances curieuses mais.... chuuuut ! Le nom Roccetti a une consonance étrangère : des bouffeurs de macaronis qui volent le pain des bons français. Roccetti c'est le synonyme du remord.
Avant l'invention des anxiolytiques, Dieu (dans son infinie bonté) a créé les rêves pour laver la mauvaise conscience et jeter les regrets aux ténèbres.
- Félicien, l'oncle, gardien des souvenirs. Il a préféré vivre dans le cimetière avec les morts. Il est la mémoire.
- Paul Morand, le nouveau voisin. C'est l'homme. Un mélange de désir, d'énigme, d'autorité. Dans le paradis terrestre est-il Adam ? la pomme ? ou le serpent ?

En conclusion, un excellent livre, un suspense à couper le souffle mais une fin qui me fait penser à ce proverbe " le trop est l'ennemi du bien ".
La qualité d'écriture est remarquable et la trame du récit (le climat d'après guerre) mériterait 5 étoiles.
A lire.

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