Le nom des singes de Antoine Volodine

Le nom des singes de Antoine Volodine

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Tistou, le 17 avril 2014 (Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans)
La note : 8 étoiles
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Puesto Libertad

Puesto-Libertad, c’est le nom d’une ville qu’on imagine amazonienne, perdue au cœur de cette forêt dévoreuse et magnifique – encore un monde perdu pour Antoine Volodine – où la révolution, qui fut active, est maintenant matée, sous contrôle et plutôt persécutée.
Tiens, Antoine Volodine a mis de côté l’Asie – la Chine ou la Sibérie ou ces confins qui nous sont si étrangers – étranges – pour s’intéresser à l’Amazonie, me suis-je dit dans un premier temps. Mais non ! En fait « Le nom des singes » est une œuvre qu’on dira « de jeunesse » (mais non Antoine, je n’ai pas dit que tu étais vieux !), en fait son troisième roman (il y a vingt ans quand même !). L’Asie, centrale ou non, la Sibérie, viendront après.
C’est déjà relativement abscons et confus – mais volontairement, évidemment – dans le déroulé et la narration des choses mais plaisamment, plus plaisamment que dans d’autres œuvres récentes pour lesquelles le bouchon est poussé un peu loin à mon goût (ou alors c’est moi qui m’habitue au monde et à l’imaginaire Volodien, ce qui est possible aussi ?).
Puesto-Libertad donc, atmosphère étouffante, emprises de la forêt et du fleuve, médiocrité et cruauté des hommes, désespérance d’ex-révolutionnaires ayant échoué et maintenant persécutés, Antoine Volodine s’y entend pour nous faire ressentir tout cela, pour nous « y mettre », physiquement. Sa richesse de langage convient merveilleusement à l’exubérance de la forêt équatoriale, il y a de magnifiques passages de bravoure (pour ne pas dire morceaux !).

« Les clapotis réguliers qui procurent un sentiment de paix.
Les nœuds de couleuvres à la lisière des vieilles souches errantes.
Les trouées de ciel entre les houppes, entre les passerelles d’orchidées.
Nous nous arrêtions, et, quand Manda et Golpiez nous avaient rejoints, nous repartions.
L’entrée d’un chenal gardée par deux mufles de jacarés. Les mufles à notre approche sombrant sans vagues.
Nous allions de cette façon impressionniste et nous nous égarâmes. Les branches maintenant s’entrelaçaient si bas que nous devions nous courber pour ne pas nous faire brosser par les racines aériennes ou leurs serpents. Le temps se gâtait. Le ciel avait jauni. Les moments de brume étouffante devinrent fréquents. Un félin rugit près de la rive, un jaguara. Un seul rugissement puis le silence. Les autres animaux se taisaient. »

Nature féroce, la végétale comme l’animale. Humains féroces et sans pitié. Espoirs perdus et élimination programmée … Oui, on est bien chez Antoine Volodine. Et le lire est toujours une forte expérience.

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