Un paradis trompeur de Henning Mankell

Un paradis trompeur de Henning Mankell
(Minnet av en smutsig ängel)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Tanneguy, le 8 janvier 2014 (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 84 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (40 827ème position).
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L'Afrique coloniale vue par un Scandinave bien-pensant...

Hanna est une jeune fille qui meurt de faim dans sa campagne en Suède au début des années 1900. Elle s'enfuit et se retrouve à faire la cuisine à bord d'un cargo à destination de l'Australie mais elle échouera à Lourenço Marquès, aujourd'hui Maputo capitale du Mozambique. Elle deviendra propriétaire d'une maison de passe (clients blancs et filles noires) qui lui apportera des richesses considérables.

Cette intrigue originale aurait pu faire un excellent roman avec un peu d'humour et de folklore, d'autant que cette période est assez mal connue. Ce ne fut pas le choix de Mankell que l'on découvre obsédé par les relations entre Blancs (les méchants...) et les Noirs (les gentils...), qui ne peuvent que déboucher sur la haine. Le style du texte ne rachète pas ce choix initial : simpliste, voire simplet, s'adressant à des débiles qui ne comprennent pas bien les enjeux de la situation. Heureusement que la Suède peut expliquer les méfaits de la colonisation mise en place en Afrique par des peuples rétrogrades... Je force le trait, excusez-moi.

Je pensais trouver quelques indications sur la vie en Afrique à cette époque, assez mal connue, mais je ne crois guère en la lucidité de l'auteur qui a conservé ses yeux de touriste d'aujourd'hui. Il ne semble pas avoir fait de recherches particulières...

J'ai compris que Wallander allait revenir dans un prochain roman, tant mieux. Je préfère largement notre héros récurrent à ces leçons de morale maladroites.

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Les éditions

  • Un paradis trompeur [Texte imprimé], roman Henning Mankell traduit du suédois par Rémi Cassaigne
    de Mankell, Henning Cassaigne, Rémi (Traducteur)
    Seuil
    ISBN : 9782021079708 ; 15,55 € ; 10/10/2013 ; 373 p. ; Broché
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De la Suède défavorisée début XXème à ce qui deviendra le Mozambique

7 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 19 décembre 2023

Ne perdons pas de vue qu’Henning Mankell a passé une partie de sa vie au Mozambique, pays avec lequel il semble avoir eu un attachement particulier.
Mais Un paradis trompeur, s’il nous parle bien du Mozambique, nous parle d’une colonie, portugaise, maintenant depuis longtemps disparue puisqu’il nous parle de Lourenço Marques, devenu depuis Maputo, la capitale du Mozambique. Son roman démarre en 1904 quand Hanna Renström, à l’âge de dix-huit ans, quitte le coin de Suède déshérité et sans avenir, poussée par sa mère qui ne peut plus subvenir aux besoins de tous ses enfants. Elle embarque sur le « Lovisa », un vapeur à destination de … l’Australie.
L’Australie elle n’y parviendra pas. Coup de foudre sur le bateau avec Lundmark, le second du capitaine, mariage express et veuvage tout aussi rapide – les voyages en mer ne sont pas sans risques. Juste après l’ensevelissement du corps de Lundmark dans l’océan profond, le Lovisa accoste à Lourenço Marques. Hanna est tourneboulée, ne sait plus vraiment qui elle est, ce qu’il se passe, quel est son avenir …, elle ne se sent pas le courage de poursuivre sur ce bateau le long, encore, voyage vers l’Australie. Elle descend à terre. Et ne remontera pas.
Lourenço Marques. Là va véritablement commencer l’histoire, inspirée d’un fait réel, nous explique Henning Mankell :

»Tout ce que j’écris se fonde sur une vérité. Une grande vérité, une petite, claire comme de l’eau de roche ou extrêmement fragmentaire. Mais ce qui déclenche la fiction dans mon livre vient toujours d’évènements réels.
Comme ici, et maintenant : c’est Tor Sallström, écrivain et ami de l’Afrique, qui, lors d’une conversation, comme en passant, m’a parlé de ce curieux document sur lequel il était tombé dans les archives coloniales de Maputo, la capitale du Mozambique. Là, il avait pu lire qu’à la fin du dix-neuvième siècle, et peut-être au début du vingtième, une Suédoise avait été propriétaire d’un des plus grands bordels de la ville qu’on appelait Lourenço Marques. Anonyme car c’était une importante contribuable. »


C’est qu’effectivement, Hanna débarquée à l’arrache sur un continent et dans une ville inconnus, a la chance de tomber entre des mains bienveillantes, celles du Senhor Vaz, propriétaire du florissant bordel local et de ses « filles ».
Hanna va donc s’éveiller à la réalité coloniale portugaise dans ce Sud-Est africain. Elle va rapidement épouser et devenir presqu’aussi vite veuve du Senhor Vaz. Et donc devenir propriétaire du flamboyant bordel local et responsable de la destinée des « filles », noires, dudit établissement.
Ce roman est l’occasion pour Henning Mankell de mettre en lumière et d’analyser les difficiles relations entre colons portugais et locaux, mis sous le boisseau et exploités. Ca fait du roman quelque chose d’un peu plat et relativement indéfinissable. Loin des polars du Commissaire Wallander, bien loin, mais on savait déjà qu’Henning Mankell ne s’était pas contenté de rester dans le Sud de la Suède et d’exploiter le filon Wallander. Beaucoup d’autres romans ont témoigné de son intérêt pour d’autres problématiques, notamment africaines, du sud de l’Afrique …

Vision de l'Afrique

7 étoiles

Critique de Killing79 (Chamalieres, Inscrit le 28 octobre 2010, 44 ans) - 31 mars 2015

J’avais été déçu par ma première approche des polars de Henning Mankell. Dans l’exercice du roman, il remonte un tantinet dans mon estime. En effet, cette aventure, basée sur un personnage qui a réellement existé, m’a permis de passer un agréable moment. Même si j’ai eu un peu de difficultés à entrer dans l’histoire au début, même si le rythme du livre est assez lent, je ne me suis jamais ennuyé. Grâce à son expérience personnelle, l’auteur a su me faire voyager jusqu’au Mozambique, et me faire ressentir l’atmosphère particulière qui habite ce pays. La tension entre les Blancs et les Noirs est palpable et couvre les relations d’un voile de suspicion et d’instabilité. Par le jeu du hasard, Hanna issue de son milieu pauvre et froid, se retrouve avec le statut de privilégiée dans ce pays chaud. Son caractère va évoluer au fil des péripéties. Elle va devenir une femme totalement différente dont les convictions vont changer devant l’injustice humaine.
Henning Mankell a transposé sa vision de l’Afrique dans le microcosme d’un bordel. Il a réuni toutes les facettes de l’Homme dans la vie de cet établissement : l’amitié, l’amour, la haine, les vices, les mensonges… Avec un peu plus d’approfondissement, certains personnages auraient pu être vraiment attachants et le message plus percutant. Deuxième essai un peu plus convaincant, lecture simple et plaisante, qui ne marquera tout de même pas mes souvenirs, faute de véritable originalité dans l’histoire ou dans le style d’écriture.

Une histoire de femmes, de déracinée, d'intégration

8 étoiles

Critique de Mimi62 (Plaisance-du-Touch (31), Inscrit le 20 décembre 2013, 71 ans) - 5 mars 2014

Hanna n'avait aucune intention de quitter le village de sa Suède natale. C'est la misère qui incite sa mère à chasser cette bouche à nourrir, laissant un espoir de survie à celle qui part comme à ceux qui restent.
Son employeur lui offre l'opportunité de quitter ce monde de découvrir autre chose. Hanna n'a rien à perdre, elle part.
Le bonheur semble toujours vouloir la fuir, elle sera veuve par deux fois en moins de dix-huit mois. Son second mari lui laisse une grosse fortune dans laquelle se trouve un bordel.
Certes le récit se passe dans une partie de l'Afrique au début du XXème siècle mais l'intention de l'auteur ne me semble pas être de décrire les lieux et la période mais bien une relation entre des castes instituées, une histoire de femmes. Le décor est planté, esquissé plutôt mais le fond de l'histoire porte sur l'intégration dans une société qui n'est pas celle dont on est issu.
Hanna sait d'où elle vient, ne l'a pas oublié et se heurte donc à la caste blanche "dirigeante". Elle reste cependant blanche et n'est donc pas admise par la caste "dominée".
J'ai aimé le style coulant, voire lent parfois, laissant transpirer (lui aussi transpire sous ces latitudes) le rythme de la vie sous ces latitudes. Aucune volonté d'esbroufe, d'en mettre plein la vue, les mots sont là pour accompagner le lecteur dans la difficulté de cette femme à trouver sa place. Je revendique mon statut de débile.

En conclusion, le titre n'évoque nullement l'Afrique, il évoque bien la perte d'illusions. Par certains aspects ce roman a une forme d'universalité, d'intemporalité.

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