Mimoun de Rafael Chirbes

Mimoun de Rafael Chirbes
( Mimoun)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Darius, le 7 juillet 2003 (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans)
La note : 9 étoiles
Visites : 3 359  (depuis Novembre 2007)

Une saison en enfer

Rafael Chirbes règle ses comptes avec la ville de Fès en nous livrant un récit dépressif où se mêle l'alcool, le sexe homo et hétéro, les paysages glacés, un climat rigoureux, une géographie rude.
Le tout sous le regard suspicieux et inquisiteur des Marocains.
Pour reprendre les paroles de Nicolas Bouvier dans ses "Chroniques japonaises" : on ne quitte pas ce livre avec des connaissances, on quitte ce livre avec une leçon de tout et de rien. Ce qui est sûr en tout cas, c'est qu’il évite de nous livrer le visage pittoresque du Maroc, mais nous fait voyager avec lui dans sa face cachée avec ses soûleries, ses bordels, ses prostituées, ses flics mafieux.
J’aurais aussi pu intituler ce livre "une dérive marocaine" au lieu d’une "saison en enfer".
Les relations que le héros, un jeune enseignant espagnol entretiendra là-bas le mèneront peu à peu à un état proche de la folie, avec l’alcool, et l'incompréhension d'une société dont il ne comprend même pas la langue, jusqu'au jour où il reprendra le chemin du retour vers Madrid.
Ceci dit, je ne suis pas du tout d’accord avec le dernier paragraphe de la 4ème de couverture dans lequel on retrouve ces mots :
"roman dans lequel se reconnaîtront tous ceux qui, un jour, ont voulu couper les ponts".
Cela signifie-t-il que lorsqu'on coupe les ponts la déchéance vous guette et que vous
vous retrouvez encore plus bas qu’à la case départ ? C'est vraiment faire peu de cas du voyage.
J'aimerais vous citer une fois de plus Nicolas Bouvier dans ses "Chroniques japonaises" : "Etre voyageur est une source continuelle de perplexités. Sa place est partout et nulle part. Il vit d’instants volés, de reflets, de menus présents, d'aubaine et de miettes".
Pour vous donner la mesure du talent d’écrivain de Rafael Chirbes, je vous cite un passage qui m'a plu : "J'avais l'impression d’être une bulle flottante sur la mer de la nuit et je pensai que quand cette bulle crèverait, obligatoirement, je me transformerais en rien, en néant. (..) Quand l'aiguille de la vie piquerait la bulle, les enfants de Mimoun traceraient des signes scolaires au verso de mes feuilles à moitié écrites, des signes que jamais ne parviendraient à déchiffrer celui qui avait écrit au recto".

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