Gouverner au nom d'Allah: Islamisation et soif de pouvoir dans le monde arabe de Boualem Sansal

Gouverner au nom d'Allah: Islamisation et soif de pouvoir dans le monde arabe de Boualem Sansal

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par CHALOT, le 24 novembre 2013 (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 76 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (15 087ème position).
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Un document accessible et complet

« Gouverner au nom d’Allah*
Islamisation et soif de pouvoir
Dans le monde arabe
Livre de Boualem Sansal
Editions Gallimard
Septembre 2013
154 pages

Mieux comprendre

Ce n’est pas un pamphlet contre l’islamisme politique , certains auteurs ont déjà beaucoup écrit dans ce domaine.
L’intérêt de ce livre écrit par une grande plume algérienne, c’est d’être très pédagogique et très clair.
L’auteur ne confond pas du tout l’islamisme comme force diverse organisée et la religion en tant que telle.
Il nous entraîne sur la voie de la connaissance en nous présentant les différents courants, leurs variantes et aussi leurs « schismes ».
Si le livre n’est pas un document érudit, il constitue une oeuvre sérieuse et complète.
Ces partis marginaux qui sont apparus dans les pays arabes et bien au-delà sont arrivés au pouvoir par surprise, surfant sur la crise et la corruption… C’est ensuite, après, lorsqu’ils accèdent au pouvoir qu’ils relèvent au grand public leur dangerosité.
Si un schisme « colossal » se produit au sein du monde musulman entre la pensée de ceux qui adoptent les valeurs universelles et celle qui recherche la reproduction des valeurs islamiques de « l’âge d’or »
« Aucune ne semble pouvoir produire une pensée entièrement nouvelle, indépendante et des voies occidentales et des voies islamiques ».
Cette incapacité actuelle conjuguée à la politique des grandes puissances occidentales qui avec une vue courte favorisent tel ou tel courant conduit au développement de l’islamisme radical .
Celui-ci est dirigé en premier contre les musulmans qui veulent vivre tranquillement leur foi et s’affranchir des diktats des intégristes .
Comme disait Einstein « La vie, c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre ».
Le retard actuel et le retour en arrière du point de vue social et politique de beaucoup de pays musulmans n’est pas une fatalité. Le réveil n’est possible que si clairement est abandonnée la « guerre des civilisations » et le jeu mortifère de nombreux gouvernements occidentaux et notamment américains.
L’absence d’une politique d’intégration républicaine et laïque en France renforce le poids de l’obscurantisme et du communautarisme .
Le retard qui a été pris ces dernières années doit être rattrapé au plus vite sinon la ghettoïsation et l’exclusion sociale vont rejeter les populations les plus pauvres dans les bras des intégristes.
Jean-François Chalot

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Les éditions

  • Gouverner au nom d'Allah: Islamisation et soif de pouvoir dans le monde arabe
    de Sansal, Boualem
    Gallimard
    ISBN : 9782070142897 ; 12,50 € ; 10/10/2013 ; 160 p. ; Broché
  • Gouverner au nom d'Allah [Texte imprimé], islamisation et soif de pouvoir dans le monde arabe Boualem Sansal
    de Sansal, Boualem
    Gallimard / Collection Folio
    ISBN : 9782072697005 ; 6,30 € ; 04/11/2016 ; 192 p. ; Broché
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Islamisation et soif de pouvoir dans le monde arabe

8 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 9 avril 2020

On a déjà beaucoup de mal à comprendre les enjeux entre chiites et sunnites – un peu les catholiques et les protestants (huguenots) au bon vieux temps des guerres de religion en France au XVIème siècle, ou plus près de nous dans le temps en Irlande du Nord – oui j’avoue que je m’embrouille toujours entre qui est qui (quant à leurs différences c’est tellement mesquin !), on a beaucoup de mal donc mais après avoir lu l’ouvrage très pédagogique de Boualem Sansal on se dit que c’est bien plus compliqué que cela (un peu à l’image de la chrétienté aujourd’hui ; allez donc voir une fois le souk que c’est aux Etats-Unis avec la dispersion due aux prédicateurs, aux sectes, simili – sectes … !).
Pareil pour l’Islam puisque, dans une annexe, Boualem Sansal nous fait un résumé :
- Sunnisme, divisé en quatre écoles de pensée : chafiisme, hanafisme, hanbalisme, malékisme et encore on passe les mouvements : salafisme, atharisme, …
- Chiisme, divisé en trois écoles : usulisme, akhbarisme, jafarisme et tout plein de mouvements : duodécimains, râfidhites, …
- Et encore oublie-t-on à côté du Sunnisme et du Chiisme le Soufisme, le Kharidjisme et même des courants non reconnus par l’orthodoxie !
J’ai envie de paraphraser Arnaud Amalric, Légat du Pape, lors de la prise de Béziers en 1209 ; « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens » ! (bon courage, Dieu, au passage !)

Très pédagogique donc, notre Boualem Sansal. On le sent très agacé de la manière très amateuriste où les choses sont commentées de notre côté de la Méditerranée. Il tente donc de recadrer le débat, et pour ce faire est obligé de poser beaucoup de préalables.

»…, l’islamisme est devenu le sujet sur lequel on se rabat pour s’exprimer en creux sur l’islam. Et pour mieux dire ce qui est insinué, on se fait le défenseur d’un islam de tolérance et de paix qui semble sortir d’une réclame de rêve et on reporte ainsi sur les musulmans les critiques que l’on voulait en vérité adresser à l’idéologie dont l’islam a été chargé au cours des siècles par des régimes féodaux et des religieux fanatiques. »

Boualem Sansal exprime par ailleurs fortement son regret de ne pas voir les « intellectuels musulmans » s’élever contre la dérive de l’islamisme pour remettre les choses dans leur contexte et à leur place
Son analyse sur la manière dont la perception de l’islamisme a évolué sur les trente dernières années et la projection qu’il en fait n’est pas des plus rassurantes :
»1 On l’a d’abord regardé avec sympathie. » cf les moudjahidines afghans chassant les Soviétiques de leur pays.
»2 Ensuite, on l’a regardé avec une certaine inquiétude. » cf islam synonyme de régression vis-à-vis des femmes, des intellectuels, des artistes, …
»3 L’inquiétude s’est transformée en panique lorsque les islamistes ont recouru à la violence armée … »
»4 c’est l’étape actuelle, le sentiment est à la colère, à la confrontation. » cf le renforcement des dispositifs sécuritaires dans tous les pays.
»Il semble que, dans la phase à venir, on incriminera l’islam et pas seulement l’islamisme, ce qui accréditerait l’hypothèse chère à Samuel Huntington, reprise et mise en pratique par G.W. Bush, que le monde est embarqué dans un choc des civilisations et pas seulement dans une guerre contre l’islamisme radical et le terrorisme. »

Dans la dernière annexe, consacrée à l’historien, philosophe et père de la science de la démographie, ayant vécu au XIVème siècle, Ibn Khaldoun, il donne des éléments dont on ne sait s’il les cautionne, les approuve ou non et qui sont très défavorables aux Arabes. Un aperçu étonnant de la pensée d’Ibn Khaldoun …
Lire Gouverner au nom d’Allah c’est le meilleur moyen de comprendre pourquoi on ne comprend finalement pas grand-chose à ce qui est lié à l’islamisme !

Pour ceux qui n'y comprennent rien et pour éviter d'en dire n'importe quoi

7 étoiles

Critique de Hamilcar (PARIS, Inscrit le 1 septembre 2010, 68 ans) - 5 novembre 2015

Etonnant. Avec l'actualité qui se déroule devant nous, les mythes entretenus et surtout les désinformations constantes, avec tous ces amalgames (mais surtout, n'en faisons pas) qui permettent des qualifications ardues sur ce qui est ou n'est pas radical, ce qui est ou n'est pas inquiétant, tout désigné comme salafiste ou islamiste, les bons mots qui permettent de ne pas expliquer mais juste inquiéter ou rassurer, et donc manipuler.
Avec tout cet obscurantisme bien pensant, curieux en effet qu'un petit livre sans prétentions comme celui-ci, ne fasse pas plus parler de lui. C'est vrai qu'il n'est pas la production d'expert, ni la conclusion de spécialiste. Il est juste l'écrit d'un témoin qui sait ce dont il parle, qui constate et qui prévient. Oui, dit-il, il existe un problème. Ce problème est celui de ne pas parler de l'évidence, quitte à rivaliser dans l'obscurantisme par l'évitement.
Alors disons les choses. Boualem Sansal, écrivain algérien, sait ce qu'il expose. Il ne juge pas, ne condamne pas, explique, tout simplement. Ce qui se passe dans le monde dit "arabe", pour ne pas employer d'autres vocables plus engagés (comme "musulman" qui finit par déranger, exposant tous les dits musulmans à la vindicte irrationnelle de l'inculture), n'est pas forcément connu des lambdas, juste travesti, interprété pour nourrir dans les esprits quelques sortes de fantasmes.
Il y a un problème dont personne ne parle. Celui de dérives qu'on s'interdit de débattre, aujourd'hui d'essence spirituelle, hier politique, et demain? Philosophique? En tous cas médiatique.
Petit livre, donc, mais très informatif pour qui veut tout simplement comprendre. Pas exhaustif, il n'est qu'une constatation qui veut partager. Et cela reste suffisant, pour peu qu'on y accorde l'importance que ce constat mérite..
Ce qui inquiète le plus reste ce choc de civilisation tellement prévu par certains qu'il en devient une réalité. Mais le plus regrettable est que ce choc se permet, entre autres, par la négligence ou la volonté de ne pas vouloir informer, ni débattre. Ainsi, les décisions ne se prennent plus que par l'intérêt du moment.
L'auteur n'a pas d'autres propositions à faire que celle d'ouvrir les yeux. Son constat, il le livre par honnêteté et considération. Il oblige l'information.
Donc un livre à la disposition de ceux qui n'y comprennent pas grand chose et pour éviter qu'ils en disent n'importe quoi. Et ce, afin de ne pas nourrir plus de démons que d'espoir.
Depuis sa sortie, sa vérité n'a fait que se confirmer. L'islamisme progresse et inquiète de plus en plus. Et si on commençait juste par expliquer ce phénomène? C'est la proposition faite par Boualem Sansal. Se prémunir impose au moins un début de connaissance.

Assez effrayant...

8 étoiles

Critique de Tanneguy (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 84 ans) - 24 janvier 2014

L'auteur, écrivain algérien connaissant un certain succès, prévient d'emblée : il n'est pas spécialiste, ni historien, il donne le point de vue du témoin. Il a observé les évènements et d'abord dans son pays lorsque les islamistes ont failli prendre le pouvoir après avoir remporté les élections, il en a tiré des conclusions.

Pour ma part, je ne suis pas spécialiste, ni historien, mais j'ai tendance à croire ce que nous dit Monsieur Sansal ; en schématisant, tout musulman a vocation à devenir islamiste et tout islamiste veut prendre le pouvoir et "punir" l'Occident. Tout est parti des fameux "Frères Musulmans" égyptiens.

Par ailleurs les intellectuels musulmans ont conscience de cette dérive qui s'accélère mais ne veulent pas bouger alors qu'ils sont les seuls à pouvoir parler à la population musulmane (peur, lâcheté ?). Alors, on fait quoi ?

Ce petit livre est bien construit, il est parfois difficile à suivre dans sa description des multiples composantes de cette religion, sunnisme et chiisme, c'est trop élémentaire ! Il nous permettra (peut-être) de décrypter certains éléments de la situation en Syrie

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