Avancer de Maria Pourchet

Avancer de Maria Pourchet

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Yotoga, le 10 février 2014 (Inscrite le 14 mai 2012, - ans)
La note : 9 étoiles
Visites : 2 769 

Un essai sur la précarité intellectuelle

La fille qui raconte l’histoire a terminé ses études de sociologie, s’est installée chez son ancien prof de fac et vit à ses crochets. Que fait-elle toute la journée ? Elle est censée faire un sondage pour la ville avec pour étude l’utilisateur de Vélenville : une étude sociologique rémunérée trouvée grâce aux relations de Monsieur. Sinon, son activité principale consiste à se rouler les pouces.

Elle change de prénoms par rapport à ses humeurs, diverse dans les personnalités et le récit passe du „je“ au „elle“. Marie-Laure, la petite provinciale qui débarque à Paris est sensible et détestée par Agathe, la femme fatale qui apparait quand bon lui semble. La compagne de Marc-Ange, le prof obsédé par Bourdieu, Victoria, n’a rien de victorieux, au contraire, elle ressemble plus à un parasite qui se greffe et reste inactive jusqu’à ce que le nid douillet soit devenu encombré des enfants d’un premier lit. Là, Victoria laisse place à Agathe et sa chaleur corporelle humaine pour éviter de reconnaitre les responsabilités de la tangente à prendre.

Finalement, les qualités positives de cette nénette ne se situent ni dans son intellect ni dans sa capacité à aimer, ni dans le fait qu’étudier des années pour finalement gagner sa vie en tirant les cartes mais seul dans le besoin d’équilibre dans ce monde où tout a sa place, et les enfants qu’elle a condamnés au début la replacent sur son piédestal, réhabilitée, la vie peut reprendre.
Le titre « avancer » : oui, elle avance, elle survit.. mais de quelle manière et avec quelle vertu, valeurs, ce n’est pas la question ni le souci. Le nom des chapitres Creuser ; Tomber ; Remonter parallélisent la vie de Victoria avec le BTP et le symbole du trou, en bâtiment travaux sur le bord de la route, où vivent les SDF, au bord du trou social, ou carrément dedans. La déchéance d’une vie jeune qui peut tout perdre rapidement.

Le style de Maria Pourchet est grinçant, dense et soutenu. On retrouve des discussions de comptoir dans le cadre d’une visite à la piscine ou sur la terrasse d’un café et à travers la critique des BoBos intellectuels (qui ne sont pas foutus de déplacer un meuble sans se casser le dos) : le savoir intellectuel, les longues études et la classe supérieure contre la lecture des cartes de tarots pour savoir l’avenir.

L’auteur est à suivre, son style est travaillé, drôle et pinçant.

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