Folie de Ivan Vladislavic

Folie de Ivan Vladislavic
(The folly)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Africaine

Critiqué par Débézed, le 2 novembre 2013 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 7 étoiles
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La maison de son rêve

Un beau jour, en Afrique du sud, un individu plutôt banal débarque à la limite d’un quartier périphérique d’une ville inconnue, à proximité du veld, où il s’installe en face de la maison d’un couple très intrigué par cette intrusion dans son paysage. Le trio ainsi constitué, le Patron, quincailler, la Patronne qui passe son temps à faire le ménage et l’Autre, celui qui vient d’arriver et qui a l’intention de bâtir une maison sur ce bout de terrain qu’il a acquis, s’observe avec curiosité et inquiétude. Que vient faire cet inconnu ? Pourquoi m’observent-ils comme ça ? La crainte de l’inconnu, l’inquiétude devant l’étranger, l’angoisse de voir pousser un bidonville comme aux alentours de multiples villes de cette nation à peine ébauchée, pour les uns, une certaine insolence, un certain mépris pour l’autre… on croit deviner mais on ne sait pas réellement…

Poussé par la curiosité de la Patronne, le Patron approche progressivement l’Autre et noue finalement avec lui une vraie complicité, jusqu’à sombrer sous la coupe de cet original qui le convainc d’imaginer la maison qu’il souhaite construire, au point d’y vivre réellement. Le triangle ainsi constitué déstabilise le couple, le Patron se rapproche de l’autre en s’éloignant de la Patronne. L’Autre utilise la Patron pour entreprendre les travaux qu’il n’a pas le courage de réaliser lui-même, au grand dam de la Patronne. Le Patron entre ainsi de plus en plus dans le jeu fantastique et onirique de l’Autre malgré l’opposition de la Patronne, au point d’adopter son délire, d’entrer dans son rêve et dans sa maison illusoire.

Avec une écriture dépouillée qui tresse un récit construit sur des détails infimes, en détournant les mots de leur sens initial pour formuler des expressions originales, inventives, savoureuses, ce texte très énigmatique qu’il faut faire vivre comme les deux hommes ont fait vivre leur maison dans leur imagination, évoque une construction très illusoire, bâtie dans une réalité rêvée, une vue de l’esprit, et non une réalité matérielle ou affective. « Ce n’est pas dans le cœur qu’elle se trouve, nigaud, mais dans la tête». On pourrait ainsi lire ce texte comme une parabole de l’Afrique du sud moderne qui ne serait encore qu’une vue de l’esprit confrontée à des différences ethniques et langagières fondamentales et difficilement surmontables. « Qu’est-ce qu’une maison ? Ce dont elle est sortie vaut bien davantage ». Qu’est-ce qu’un pays ? Les peuples qui le constituent sont bien davantage. On pourrait effectivement lire ce texte obscur de cette façon et y voir une parabole d’un pays en construction sur les fondations aléatoires de langages et de cultures très différents.

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