Les petits chevaux de Tarquinia de Marguerite Duras

Les petits chevaux de Tarquinia de Marguerite Duras

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Bluewitch, le 25 mai 2003 (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 44 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 202ème position).
Visites : 8 403  (depuis Novembre 2007)

Petites vacances entre amis

Un petit village italien au bord de la mer. Deux couples, dont l’un a un fils, et une femme célibataire. Cinq amis unis dans ces mêmes vacances insupportables, assommés par la chaleur, portés par la routine de leur indolence quotidienne. Il y a aussi la bonne de Jacques et Sara, qui s'occupe de leur fils et a un amant douanier. Femme sans la moindre fibre de servitude, elle est régulièrement source de conflit. Et puis il y a l’homme au bateau, Jean, mais qui restera « l’homme », pour tous. Ils ont besoin de lui, de son indifférence, de sa non-appartenance au groupe. Pour Sara, c'est l'Homme avec un grand « H », peut-être…
En même temps, un drame s’est produit : un jeune homme a explosé sur une mine de la dernière guerre. Ses parents sont venus « récolter » les restes dans une boîte à savon mais la mère refuse de signer l'acte de décès. Et chaque jour, les allées et venues vers la montagne pour parler avec le vieux couple martèlent un peu plus le déroulement de ces journées arrosées de nombreux bitter camparis.
Canicule. Suffocation. Lourdeur. Seules les mouches semblent animées d'énergie et imposent leur ballet à l'atmosphère accablante. On cherche à comprendre ce qu’on fait là, ce que l'on espère trouver dans ces vacances où rien ne se passe, où rien ne se dit vraiment même si on ne cesse de se parler. Il n’y a pas d’amour heureux, sauf peut-être celui de Sara pour son fils, enfant-roi qui fait ce lui plaît. « Depuis la minute où il est né, je vis dans la folie ». Entre elle et Jacques, c'est la question de l’adultère, auquel chacun encourage tacitement l'autre, pour goûter un peu de la liberté qu’il ne possède plus. Jacques et Diana, l’amie qui les accompagne. Sara et l'homme. Viril, décidé, il lui impose son désir et elle y succombe l’espace de quelques heures, retrouvant son assurance et sa féminité, heureuse d'être l’objet de sa convoitise. Pour mieux recouvrer l'amour conjugal, peut-être. Il y a aussi Ludi et Gina, les amis indispensables, le couple déchiré et pourtant en complète dépendance de l’autre, ne cessant de s'opposer alors qu’ailleurs le bonheur n’existe pas. C’est là le malheur de l'amour.
Et puis parler, parler, et parler encore. De ce malheureux couple qui n'accepte pas le deuil, de l’homme et de son bateau, de ce sempiternel menu à l'hôtel restaurant, bouillon et poisson grillé, de la chaleur, des vacances si désagréables,… et puis de ces fresques étrusques, ces petits chevaux de Tarquinia que l’on pourrait se décider d'aller voir et dès lors faire le pas, changer, se retrouver, retrouver l'amour pour lequel il n’y a pas de vacances…

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Les éditions

  • Les Petits chevaux de Tarquinia [Texte imprimé] Marguerite Duras
    de Duras, Marguerite
    Gallimard / Collection Folio.
    ISBN : 9782070361878 ; 6,90 € ; 01/07/1973 ; 221 p. ; Poche
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Il faut le lire complètement avec son ennui et tout

6 étoiles

Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 50 ans) - 14 septembre 2013

Deux couples d'amis plus une amie en vacances en Italie. Une bonne qui s'occupe du petit garçon. D'autres vacanciers. Quelques italiens : un vieux couple qui a perdu son fils, un douanier, un épicier.

Marguerite Duras évoque dans cet ouvrage les difficultés de la relation de couple et la tentation de l'infidélité avec beaucoup de simplicité, à travers les petits événements, à travers d'indolentes et trop chaudes journées de vacances, à travers des dialogues parfois insipides.
Les phrases simples et la lecture facile diffusent bien les sentiments, les états d'esprit, l'ennui (au risque d'ennuyer le lecteur).

C'est ça l'écriture de Duras.

10 étoiles

Critique de Kilis (, Inscrite le 20 juillet 2004, 77 ans) - 1 août 2004

Et puis , il ya les campari sirotés des heures durant pour conjurer l'ennui.
Un très beau roman, vraiment que je relis toujours avec plaisir car à chaque fois j'y découvre autre chose.
Un passage:
- Il n'y a pas de vacances à l'amour, dit-il, ça n'existe pas. L'amour, il faut le vivre complétement avec son ennui et tout, il n'y a pas de vacances possibles à ça.
Il parlait sans la regarder, face au fleuve.
- Et c'est ça l'amour. S'y soustraire, on ne peut pas.


Et , c'est ça l'écriture de Duras. S'y soustraire, on ne peut pas.

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