Le rire du grand blessé de Cécile Coulon

Le rire du grand blessé de Cécile Coulon

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par TRIEB, le 20 octobre 2013 (BOULOGNE-BILLANCOURT, Inscrit le 18 avril 2012, 72 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (26 912ème position).
Visites : 4 490 

LA LECTURE POUR SALUT

Les régimes totalitaires ou dictatoriaux n’aiment guère les livres ; on organise des autodafés pour les faire disparaître et les stigmatiser comme dégénérés, on les censure . Que se passe-t-il lorsqu'un système décide de supprimer le rôle de la lecture et celui de l’alphabétisation des foules ?

C’’est ce que décrit Cécile Coulon dans son dernier roman « Le rire du grand blessé ». L’auteur y décrit une société passablement totalitaire dans laquelle l’accès à la lecture est proscrit pour le plus grand nombre . Un Service National y sévit ; il met au point les manifestations étroitement contrôlées et réglementées par le « Grand » , sorte de dictateur suprême . On y procède à des lectures publiques, qui n’ont de lecture que le nom. Ces réunions servent en fait à rassembler des consommateurs ; ces derniers n’ayant plus le choix qu’entre des livres classés selon les sensations qu’ils sont censés provoquer dans la foule : on y lit ainsi les Livres Fous Rires, les Livres Frissons, ou les Livres Haine.

On engage des agents de sécurité sont engagés pour veiller au bon déroulement de ces spectacles. Point impératif : ces agents doivent être analphabètes . 1075, l’un d’entre eux, excelle dans ce rôle jusqu’à ce qu’il soit victime d’un accident de service : A l’hôpital, il remet son rôle en question, il apprend à lire …
Ce livre original et plaisant, efficacement écrit, fait penser à 1984 de Georges Orwell et à Fahrenheit 451de Ray Bradbury. Il distille des messages analogues : l’abandon de l’esprit critique, de l’accès au savoir, il y stigmatise le danger de la gestion de la vie par des sensations, tentation si présent dans la société actuelle.
Ainsi, l’un des personnages du roman avoue-t-il très cyniquement : « Le programme Nox créait des milliers d’emplois, engendrait une baisse des comportements addictifs illégaux. Même le taux de criminalité décroissait : Lucie avait trouvé un moyen de gérer les sensations des hommes, alors que ses confrères s’étaient toujours arrêtés au contexte social. »
Roman à découvrir.

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1984 en version plus courte

8 étoiles

Critique de Ben75011 (Paris 11e, Inscrit le 19 février 2014, 35 ans) - 6 mai 2014

"Le rire du grand blessé" retrace l'histoire d'un paysan enrôlé dans une armée d'un genre nouveau : le "Service National".

Le "Service National" est un des principaux organes de sûreté d'une société dont le but principal est de s'assurer de l'absence de culture des personnes.
On y contrôle les livres publiés (seul un éditeur, étatique, est autorisé, les autres livres ayant été brûlés), et on y organise, dans des immenses stades, des transes collectives autour d'une personne, qui fait des lectures.

Le concept des transes collectives dans les stades, au cours de ces lectures publiques, est un peu tiré par les cheveux, mais l'histoire tient debout.

Cet ouvrage fait penser à 1984 (le contrôle du savoir par une seule personne) et à Farenheit 911 (le soldat qui oeuvre pour le système), mais en plus court.

Le livre est intéressant, se lit rapidement. Il n'y a pas de longueurs comme dans 1984 parfois.
A recommander, même aux ados.

Je pense qu'il faut déjà avoir lu 1984 avant de lire cet ouvrage, et pas l'inverse.

Une bonne idée, mais restée à l’état d’ébauche

6 étoiles

Critique de Ludmilla (Chaville, Inscrite le 21 octobre 2007, 68 ans) - 28 mars 2014

Les citoyens (consommateurs) ne peuvent plus acheter que des livres Frissons, Haine, Tendresse,… la littérature a disparu. Les Agents doivent être analphabètes pour ne pas céder à des sentiments exacerbés par la lecture (panique pour un livre Terreur, larmes pour un livre Chagrin,…). Jusque-là OK.
Mais lors des « Manifestations A Haut Risque » (lectures publiques devant des milliers de personnes par un Liseur), il ne m’a pas semblé que les Agents n’entendaient pas. Ils auraient donc dû, eux aussi, être bouleversés.

J’ai aussi détecté une incohérence dans le récit – incohérence qui aurait dû être détectée par l’éditeur!
1075 cache les pages de ses lectures. Le même jour, le matin « deux jours plus tôt, 1075 avait détruit ses dernières pages », le soir, « l’Agent jeta le dernier chapitre dans la cuvette »…

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