Le roman de Tristehomme et Esseulée de Richard Ramsay

Le roman de Tristehomme et Esseulée de Richard Ramsay

Catégorie(s) : Littérature => Romans historiques

Critiqué par Libris québécis, le 30 avril 2003 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 8 étoiles
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Les Amours en Nouvelle-France

Nous sommes en 1750 alors que l'intendant Bigot - sa frivolité est légendaire - amène dans son lit les belles petites «sauvagesses» de la colonie. Il faut dire que loin de la métropole (Paris), les colonisateurs se montraient très fringants. Ils ne s'interrogeaient pas trop sur leur libido débridée dans un pays peu populeux et froid même si des sanctions sévères attendaient les fautifs «qui se gavaient des entrailles» de leurs belles. Les amateurs d'érotisme profiteront d'un buffet à volonté.
Un bon jour, son neveu convoite la délicieuse femme de son oncle, une jumelle métisse aux beaux grands cheveux noirs, pleins de poux assurément, mais l'auteur a négligé ce détail piquant. Il lutte comme un forcené pour que cette jolie jeune femme soit sienne. Une série d'aventures aussi rocambolesques les unes que les autres s'engagent pour que le dit neveu vogue en canoî vers Montréal avec celle que le «mononcle» s'était attaché. Comme il a ses entrées à la résidence de l'intendant, il lui est facile de s'assurer de la complicité du personnel pour assumer sa convoitise.
Cette histoire ne peut se dérouler sans évoquer le contexte dans lequel vivait la ville de Québec au 18e siècle. De la culture à la petite vérole, on a un bon portrait de la vie que l'on menait en Nouvelle-France. Surtout des us et coutumes des Indiens qui enrichissaient les nôtres alors que nous aussi allions devenir des colonisés en 1763, un précédent dans l'histoire : un pays d'Europe qui en colonise un autre. Donc, dans la ville de Québec, les colonisateurs français et les Hurons faisaient bon ménage. Ils vivaient comme tous bons voisins, c'est-à-dire en échangeant les recettes de potions aux propriétés magiques comme dans Astérix contre les prières des missionnaires, que l'on emballait certes avec quelques mousquets rouillés et des bouts de miroirs brisés. N'est-ce pas ainsi que le Hollandais Peter Minuit acheta New York des Indiens en 1626 pour 24 dollars payés en verroterie?
Cette belle histoire du temps de la colonie est remarquable aussi pour son écriture. C'est très poétique et trop recherché à cause du vocabulaire archaïque qui n'est plus consigné aux dictionnaires. C'est quand même très beau à lire, surtout que l'écriture est aussi trépidante que les actions qui se bousculent et qui rebondissent intelligemment. Finalement, tout se tient dans cette oeuvre d'érudit qui relève autant de l'humour et de l'érotisme que de l'Histoire.

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