Une fin et un recommencement

André Major est un écrivain québécois mais aussi un animateur et réalisateur d’émissions de radio. En 1992, il a reçu le prix Athanase-David pour l’ensemble de son oeuvre. Il se considère comme un écrivain mineur malgré une oeuvre de fiction abondante et des carnets autobiographiques.

Ce court roman raconte l’histoire d’une rupture et le début d’une liaison. Antoine, un homme approchant de la trentaine, occupe un emploi de lecteur dans une maison d’édition et partage sa vie avec une femme lorsque soudain, tout bascule. Il quitte son emploi ainsi que sa conjointe pour renouer avec son passé. Cette rupture soudaine dans la vie d’Antoine lui permet de se retrouver, de reprendre contact avec sa vie intérieure et ses aspirations d’écrivain. Pour lui, il s’agit moins d’une fin que d’un recommencement. Après une période d’errance et d’incertitude, sa vie prend une nouvelle direction et l’avenir ne semble plus aussi sombre et effrayant. Antoine trouve une consolation et un réconfort salutaires dans les bras d’Huguette, une femme également blessée par la vie et dont le coeur a déjà été rudement mis à l’épreuve.

Une histoire qui pourrait sombrer dans une affligeante banalité sans la plume talentueuse d’André Major qui déroule son récit avec une belle simplicité et une sincérité touchante. Les blessures amoureuses, la solitude, la recherche de l’amour, la quête du passé et la recherche d’un équilibre vital fragilisé par la fin d’une vie à deux sont les thèmes principaux de cette nouvelle bien agréable à lire. Les nombreuses descriptions de victuailles et de plats cuisinés feront le bonheur des gourmands.

“Il roula doucement vers le nord avec le sentiment persistant d’avoir trop vécu déjà et d’en avoir assez. Il se soupçonna un instant d’avoir de l’amertume au cœur, mais pour très vite conclure que c’était l’hiver qu’il avait en lui, depuis toujours peut-être, comme Nicole avait fini par le deviner. Il n’avait emporté qu’une valise contenant le strict minimum. Il se reprocha d’avoir filé sans un mot. Elle le connaissait assez, tout de même, pour se rendre compte que s’il avait emporté son Littré, c’était parce qu’il ne rentrerait pas avant quelques jours. Une fois sorti de la ville, il se prit à souhaiter très fort de disparaître dans le paysage qui s’étalait, blanc et fade comme du sucre, des deux côtés de la route.”

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  Hiver au Coeur (l')

  de Major, André
  Boréal
  ISBN : 9782764601129 ; 8,50 € ; 14/06/2001 ; 103 p. ; Broché

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