Manuel de survie à l'usage des incapables de Thomas Gunzig

Manuel de survie à l'usage des incapables de Thomas Gunzig

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par CC.RIDER, le 27 août 2013 (Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (42 552ème position).
Visites : 7 097 

Humour noir

Pour aider sa direction à se débarrasser de Martine Laverdure, caissière capverdienne trop lente à la manoeuvre, l'agent de sécurité Jean-Jean l'espionne pour prouver qu'elle fréquente Jacques Chirac Oussoumo, le responsable fruits et légumes et que leur liaison représente un réel préjudice pour l'hypermarché qui les emploie. Dans le même temps, quatre loups, respectivement baptisés Blanc, Gris, Brun et Noir, montent une attaque de fourgon blindé, liquident les convoyeurs de fonds et s'emparent de la recette de ce géant de la distribution banlieusarde. Mais tout va se compliquer quand la route de l'incapable Jean-Jean va croiser celle des quatre loups gangsters qui s'avèrent être en réalité les fils abandonnés de ladite Martine Laverdure. Jean-Jean pourra bénéficier de l'aide de la belle Blanche de Castille Dubois, du service de Synergie et Proaction, mais cela sera-t-il suffisant pour lui sauver la mise ?
En dépit de son titre qui n'a pas grand rapport avec ce qu'on trouve à l'intérieur, « Manuel à l'usage des incapables » est une sorte d'OVNI littéraire particulièrement succulent, tout à la fois thriller, roman noir, roman d'anticipation, roman d'aventures, pastiche, roman social et même conte philosophique plein d'humour décalé assez typiquement belge. C'est gore et tendre, sinistre et drôle, insensé et intelligent, réfléchi et loufoque. Une sorte de cocktail paradoxal comme le lecteur en rencontre rarement. Sous des dehors d'aventures abracadabrantesques présentées de façon loufoque ou monstrueuse, l'auteur arrive quand même à nous livrer une description fidèle de l'univers impitoyable des coulisses d'un grand supermarché, des méthodes agressives des commerciaux ou de la mentalité simpliste des « jeunes » de cités. Il va même jusqu'à nous amener à réfléchir sur des thèmes aussi sérieux que les manipulations génétiques, la « brevetisation » du vivant, la « merchandisation » généralisée ou l'exploitation des travailleurs précaires. (L'histoire n'est pas datée, mais on peut la situer dans une sorte de futur très proche). Bien sûr, Gunzig joue de l'eau-forte, de la caricature, ce qui peut à premier vue sembler gore, balourd ou « hénaurme » mais peut également suggérer toutes sortes de vérités diffuses si on l'envisage plus finement, un peu comme un train peut en cacher un autre. Situations et personnages sont outrés, improbables et en même temps pleins de réalisme et si proches de nous qu'on ne peut dire que : « Chapeau, l'artiste ! » Un style clair, flamboyant, rythmé et si agréable que ce bouquin étrange ne se lit pas, il se dévore et on regrette même que ces 450 pages soient lues si rapidement. Une très très belle réussite. Un drôle de petit bijou qui divertit en faisant réfléchir. Que demander de plus ?

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L'homme est un loup

7 étoiles

Critique de Ardeo (Flémalle, Inscrit le 29 juin 2012, 76 ans) - 2 février 2022

J’aime beaucoup le belge Thomas Gunzig en tant que journaliste, chroniqueur, humoriste … mais ce livre est le premier de lui que je lis et je n’ai pas été déçu.
En effet, cette histoire d’humains-loups est vraiment très originale. Après un début plutôt conventionnel (des démêlés dans une grande surface entre des employés sous-payés et les cadres de la ‘ressource humaine’) puis un braquage de banque par une fratrie de 4 voleurs nommés Blanc, Gris, Brun et Noir, nous sommes embarqués dans une fantaisie où les personnages se rencontrent, se rejoignent, se poursuivent, vivent … Mais les particularités du roman sont ailleurs : étrangeté des frères-loup, humour noir, générosité, amours, action, horreurs, surprises, humanisme.
Donc à lire même si on ne crie pas au chef d’œuvre absolu et un auteur à lire à nouveau.

Le rien c'est déjà pas mal

5 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 2 août 2018

Le rien c'est déjà pas mal !

L'histoire débute dans un supermarché du côté de ceux qui y travaillent. Les petites mains qui pianotent aux caisses, les surveillants, les surveillants des surveillants, les managers et tout ce qui peut accompagner la vie d'une entreprise pour la rendre impossible.
Mais que se passe-t-il ? Une caissière un peu trop lente aurait des relations intimes avec le responsable des fruits et légumes ? Le règlement d'ordre intérieur est clair. Toute relation personnelle est interdite sur le lieu de travail et ce splendide prétexte peut servir au licenciement immédiat et sans indemnité des coupables.
Mais rien ne se passe comme prévu. Dans le bureau où les coupables reçoivent leur punition définitive, ils se rebiffent et l'accident survient... la caissière tombe dans la bousculade et se cogne la tête sur un coin de table. Accident ? ... Il faut étouffer l'affaire.
Les 4 fils de la défunte crient vengeance, mi-hommes mi-loups c'est dans la violence que tout se règle.

Que dire de ce curieux livre où beaucoup de choses se mélangent dans le désordre ?
De bonnes idées certes mais une histoire chaotique. Quelques tâtonnements de style... je reste dubitatif. De bonnes idées qui auraient pu mériter un meilleur emballage.

Consommateurs de tous les pays, punissez-vous : achetez !

6 étoiles

Critique de Bolcho (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 75 ans) - 2 février 2015

Après la lecture de ce joyeux délire, difficile de voir dans le commerce autre chose que ce qu'il est : du vol.
Bon, on n'est pas là dans l'analyse économico-politique aride. Juste dans un roman (presque) futuriste qui balance entre le joyeux fantasme et la sinistre quasi-réalité.
J'applaudis à la critique principale de CC.Rider et je vous engage à vous faire plaisir.

Incapable, oui c'est le mot...

2 étoiles

Critique de Stitch (, Inscrit le 18 octobre 2013, 35 ans) - 7 avril 2014

4ème de couverture :

"Au début, il n'y avait rien.
Ni espace, ni lumière, ni temps qui passe.
Pas d'hier, pas de demain, pas d'aujourd'hui.
Pire qu'un jour de grève.
Pire qu'une rupture de stock.
Rien d'autre que le rien, mais bon, le rien, c'était déjà pas mal.
Le rien, ça laisse quand même des perspectives."

Au départ, le titre et la 4ème de couverture étaient très attirants : ils laissaient imaginer un bouquin avec beaucoup d'humour, truffé d'ironie et un brin d'humour noir et caustique. Oui, au départ... Mais après lecture, "Manuel de survie à l'usage des incapables" se trouve être aussi pertinent qu'un moule à gaufres exposé dans les galeries du Louvre...

L'intrigue manque d'originalité, les évènements se succèdent maladroitement, mettant le lecteur sans cesse en difficulté. les contextes et les personnages ne sont ni cohérents, ni pertinents, et la fin est aussi décevante que peu prometteuse...

Un point positif quand même : la présence d'humour que promet le ton du titre, mais trop peu suffisante pour rattraper tout le reste...

Bref, un coup de glaive dans l'eau...

Bonne lecture !

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