Insomnies de John Cheever

Insomnies de John Cheever
( The stories of John Cheever)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Heyrike, le 9 avril 2003 (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 56 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 111ème position).
Visites : 3 745  (depuis Novembre 2007)

Un pur moment de bonheur littéraire

Recueil de 16 nouvelles magnifiques parus dans le magazine "New Yorker", entre les années 1940-1970. John Cheever nous emmène à la découverte de l'Amérique, celle du vide et du néant qui se mesure à l'aune des illusions perdues et des rêves inaccessibles. Toutes les blessures et les fêlures qui tourmentent les héros de chaque histoire sont décrites et analysées de façon magistrale par cet auteur hors pair. Auscultant l'âme de ses concitoyens et de cette belle Amérique qui draine toutes les valeurs issues de "L'American Way Of Life", il nous dévoile toutes les tares d'une société moderne et individualiste qui criblent l'existence des protagonistes au point de faire basculer leur équilibre mental et familial. Une société qui n'a aucune compassion pour ceux qui sont marqués au fer rouge de l'échec social.
L'humour noir et pince sans rire de l'auteur est absolument formidable. De même la délicatesse et la générosité de son écriture à travers laquelle nous percevons avec sagacité le désarroi des personnages confrontés à des situations qui les dépassent complètement, et pour lesquelles ils n'ont aucune issue de secours. Certaines nouvelles recèlent des passages où le réel et l'imaginaire se fondent pour donner ce ton si particulier qui expose parfaitement la confusion intense qui assaille les personnages en mal d'existence. Tous semblent perdus dans les méandres inextricables d'un système fondé sur le leitmotiv "travail-argent-pouvoir", cette espèce de mélange qui semble être issu d'un immense shaker social, qui les contraignent à la réussite à tout prix, au risque d'y perde leurs âmes et leurs innocences.
L'auteur semble avoir côtoyé et observé suffisamment ses concitoyens (du moins ceux d'une certaine classe moyenne) pour nous narrer leurs existences avec cette justesse qui nous fait aimer les personnages, mêmes lorsqu'ils se montrent parfois lâche, faible et ridicule, en un mot humain. Il nous parle d'une Amérique qui n'est pas uniquement source de mythes et de rêves, mais qui peut fort bien s'avérer implacable et cruelle envers ceux qui échouent dans cette course effrénée à l'ascension sociale.

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Une juste peinture sociale

8 étoiles

Critique de Nirvana (Bruxelles, Inscrite le 7 avril 2004, 51 ans) - 20 août 2004

Ces seize nouvelles dépeignent au mieux les obsessions et les frustrations de la middle-class américaine dans l'ambiance de l'après~guerre.
Le souci des apparences, le besoin permanent d'avoir plus d'argent, les secrets et les tourments de couples qui se défont doucement, l'alcoolisme mondain, la lassitude de vies installées et monotones, l'ennui, Cheever nous décrit tout cela d'une manière observatrice, sur un ton qui peut sembler cruel mais qui reste un sobre mais savoureux constat.
J'ai particulièrement aimé "L'incroyable radio" qui permet à un couple de capter les conversations -et les secrets- de ses voisins, "La soupière d'or" où un couple n'aspire qu'à une meilleure réussite sociale mais joue de malchance, "Insomnie", ou la visite d'un voisin voyeur, "Le 17h48" (qui se vit créer une suite par Raymond Carver!) "Le Brigadier et la Veuve Joyeuse" où la possession d'un abri atomique vous attire les attentions du voisinage.

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