La colonne de la peste de Jaroslav Seifert

La colonne de la peste de Jaroslav Seifert
(Morový sloup)

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par Septularisen, le 23 juin 2013 (Luxembourg, Inscrit le 7 août 2004, 56 ans)
La note : 9 étoiles
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LA POÉSIE… COMME UNE MUSIQUE DE MOZART!..

Je ne vous présente plus Jaroslav SEIFERT et sa lumineuse poésie à la fois légère et métaphysique, tant de fois comparée à la musique de MOZART.

Ce recueil de poésie a été écrit entre 1968 et 1970, mais le livre ne put paraître dans son pays, (ce qui était alors la Tchécoslovaquie) qu’en 1980, après une période dite de «normalisation»…
Jaroslav SEIFERT (dont de nombreux textes circulaient déjà en samizdat), considérait ce livre, vu les difficultés de publication dans son pays, comme étant le dernier qu’il publierait de son vivant, il le retravailla et y apporta donc des modifications au cours de l’été 1979, juste avant sa publication.

Comme toujours l’auteur s’inspire de quelques grands thèmes qui lui sont chers : En tout premier lieu, Prague, bien sûr, sa ville natale qu’il ne quitta jamais, mais aussi ses souvenirs d’enfance, l’amour, la beauté féminine, la nostalgie, et comme une hantise permanente, la mort, qu’il sent se rapprocher de lui, de jour en jour…

On est frappé par la simplicité des thèmes qui reviennent dans les cinq cycles de poèmes (Le cri des fantômes ; Lieu de pèlerinage ; Le jardin du comte canal ; La colonne de la peste et Le manège au cygne blanc) de ce recueil, sous de multiples variantes. La fluidité des poèmes, qui utilisent un langage du quotidien, sont époustouflants de «proximité» avec le lecteur, et tout le monde se reconnaîtra ici à un moment ou à un autre.
On est, tour à tour, surpris par le lyrisme de certains poèmes et tout de suite après par les références mythologiques d’un autre, ou bien encore par certaines évocations du vécu intime du poète qui ne font que nous rendre ces poèmes, parfois énigmatiques, encore plus précieux…

Mais comme de coutume je préfère, et de loin, laisser la parole au poète, et m’effacer derrière ses vers. Voici donc un extrait du cycle III «Le jardin du comte canal » :

Je regarde ton front
ainsi qu’un pilote, entrant dans la tempête
regarde le tableau de bord.
Je t’avais rencontrée si tard
et si soudainement.

Je sais, tu étais cachée
sous l’amas profond de ta chevelure.
Même dans le noir elle brillait
et pourtant, je te cherchais en vain.
Sous les ongles j’avais
juste de la poussière d’or.

Puis tu as fui dans ton rire
par la clôture des cils.
Et le mois de juin, tout endimanché,
enfonçait du jasmin dans nos fenêtres.

A la fin tu as disparu pour toujours
dans la neige de ton silence.
Comment ai-je pu seulement t’entrevoir
si loin ?
Et il faisait froid, la nuit commençait à tomber.

Aujourd’hui tombée un peu dans l’oubli, l’œuvre de ce poète d’une intégrité intellectuelle au-dessus de tout soupçon, et qui n’a jamais cédé ni devant l’arrogance d’un régime totalitaire, ni devant sa campagne de séduction, par laquelle on a voulu le rendre complice de la confiscation de sa propre œuvre, est à redécouvrir et à faire découvrir au plus grand nombre!...

En 1984, l’œuvre de Jaroslav SEIFERT, a été distinguée par le Prix Nobel de Littérature.

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