La chambre de Giovanni de James Baldwin

La chambre de Giovanni de James Baldwin
(Giovanni's room)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Monito, le 20 mars 2013 (Inscrit le 22 juin 2004, 51 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 104ème position).
Visites : 4 178 

Le voyage vers la tombe a déjà commencé et on est toujours à mi-chemin de la corruption

La 4ème de couverture laisse croire que La chambre de Giovanni sera un trio, deux hommes, une femme et finalement Hella ne sera pas physiquement beaucoup là même si…

Ainsi trouve-t-on dans ce roman l’histoire de David et Giovanni, l’amour homosexuel dans les années d’après-guerre entre un Américain à Paris qui cherche sa voie et un Italien réfugié à Paris pour améliorer son sort.

C’est le Paris des jazz club et des boîtes de nuit, de l’insouciance et des conservatismes enfouis et inconscients.

C’est l’histoire de David qui se refusera puis cèdera jusqu’à se perdre dans l’amour de Giovanni avant de la haïr de lui tourner le dos pour retrouver la sécurité des bras de Hella…

Jusqu’à ces abandons ultimes où tous se quittent, s’abandonnent et se perdent, pour toujours et à jamais. C’est assez intense, c’est bien écrit, c’est beau en somme.

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Un être qui ne s'assume pas

9 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 16 août 2020

David, un jeune Américain, séjourne à Paris alors que sa fiancée voyage en Espagne. Il rencontre un jour Giovanni, un italien qui travaille comme barman dans un café. Ce jeune homme tombera rapidement sous son charme et l'attirance sera réciproque, même si elle est méprisée et honteuse aux yeux de David qui ne souhaite surtout pas adopter une sexualité qu'il juge déviante.

Il s'agit du premier roman de James Baldwin que je lis. On parle beaucoup de cet auteur ces temps-ci et il possède vraiment une belle écriture et une façon de présenter les choses à la fois élégante et directe. Les mots sont justes et toutes les scènes décrites paraissent réalistes. Il évoque avec précision les hésitations du personnage principal, ses émotions, ainsi que sa difficulté à prendre conscience d'une identité qu'il ne souhaite surtout pas endosser. En adoptant le point de vue du personnage principal, le lecteur entre dans la psyché du protagoniste. Habituellement, ce procédé permet de s'identifier ou de comprendre le personnage, ici l'enjeu semble autre car David peut agacer le lecteur et porter des jugements que l'on ne cautionne pas.

Le roman n'est en rien indécent. Aucun érotisme ou aucun épisode accrocheur gratuit. Il est surtout question d'identité sexuelle, de sentiments et de différences culturelles. Les Parisiens sont vus par un Américain et par un Italien, les Espagnols sont vus par Hella, une Américaine, les Américains sont vus par un Italien ... Ce n'est pas le choc des cultures, mais la découverte de moeurs et de tempéraments différents, ce qui accroît souvent le sentiment de solitude de quasiment tous les personnages, alors que franchement aucun n'est isolé. Tous les personnages semblent seuls et soulèvent l'interrogation sur la connaissance de l'autre dans un couple.

Ce roman témoigne d'une époque où l'homosexualité est associée à la "folle" et à la dépravation. Certains propos pourraient choquer certains lecteurs, mais cette photographie d'une époque possède un caractère sociologique intéressant, surtout que l'écrivain est homosexuel et noir et a donc connu le rejet et les brimades. Son héros n'est pas présenté comme son double. Le physique de David diffère complètement de celui de James Baldwin et les situations ne sont pas forcément identiques.

Le lecteur se laisse prendre dans cette histoire qui peut sembler au premier abord éloignée de lui. L'écriture est efficace et belle. Les phrases de Baldwin ont du rythme et nous emportent dans ces relations humaines compliquées. Il y a du tragique dans ce roman. Nous le savons dès les premières pages comme dans une tragédie. Le narrateur nous explique ce qui va conduire à l'exécution de Giovanni.

James Baldwin a écrit un beau roman tragique et fort.

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