Les frères Joseph de Serge Revel

Les frères Joseph de Serge Revel

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par JulesRomans, le 7 mars 2013 (Nantes, Inscrit le 29 juillet 2012, 67 ans)
La note : 8 étoiles
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Joseph a perdu deux fils et Jésus, il a gardé deux martyrs

Les frères Joseph sont les fils de Joseph Trilloux. Il s’agit là d’un roman historique que l’éditeur nous dit avoir été écrit à partir des carnets d’un soldat de la Grande Guerre et de lettres de divers poilus à destination de leur famille. L’ouvrage démarre en juillet 1914 et on se dit que vraiment les paysans savoyards étaient des plus instruits dans la connaissance des généraux de l’armée française, qu’ils avaient en plus des dons d’extra-lucide pour deviner lesquels allaient laisser un nom dans l’histoire de ce conflit et que "frisé" n’allait plus désigner un juif d’Europe centrale mais les soldats allemands :

« Avec l’armée qu’on a, y vont vite dérouiller les Frisés ! Les Joffre, Foch, Nivelle, y z’en feront qu’une bouchée des Fridolins ! »

On ne va pas demander à un écrivain de roman historique de faire s’exprimer un paysan comme ce dernier le faisait généralement en 1914, avec des mots de patois mélangés à des mots de français, mais on peut lui suggérer tout de même de ne pas faire dire à son personnage des choses qu’il ne pouvait penser en employant certains noms propres ou communs quand il s’agit justement de bien contextualiser le propos.

Le départ sous les drapeaux de trois frères sur quatre (le plus jeune a alors seize ans) se fait alors que l’instituteur fait réciter :

« La Patrie est le lieu où naissent les enfants dans la chaste demeure
Où sont tous les tombeaux des êtres que l'on pleure (…) »

On aurait par contre bien aimé savoir que ce texte est de Madame Delphine de Girardin.

Choisir quatre frères c’est pouvoir laisser une place à un mort pour la France (Alphonse), à une "gueule cassée" (Louis), à un fusillé par l’exemple (Pierre) et à un frappé d’obusite (Clément aux troubles psychiatriques dus à la présence au combat). C’est en partie à travers les extraits du carnet que tient Louis le cadet et celui qui a acquis le meilleur niveau scolaire que l’on suit l’évolution du conflit. Les évènements de l’arrière ne sont pas oubliés.

Près de 290 pages couvrent la période qui court jusqu’en mai 1917 (mois marqué par les mutineries) et l’ouvrage a un dernier chapitre émouvant où le 11 novembre 1920 la famille réclame une place sur le monument aux morts pour son fusillé et son "mort vivant" Clément. Ici l’expression sonne très juste et globalement, si l’on ne tient pas compte de quelques petits problèmes signalés au début, cet ouvrage dresse un juste panorama de vécus significatifs.

On suivra le parcours d'un appelé savoisien du 133e RI, sergent en août 1914 et lieutenant en juin 1918 à son décès, dans l'ouvrage extrêmement bien illustré "Charles Vuillermet (1890-1918) : carnets et dessins d’un officier savoyard dans la Grande Guerre".

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