La montagne de l'Âme de Gao Xingjian

La montagne de l'Âme de Gao Xingjian
( Lingshan)

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

Critiqué par Ondatra, le 31 janvier 2003 (Tours, Inscrite le 8 juillet 2002, 44 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 9 avis)
Cote pondérée : 8 étoiles (444ème position).
Visites : 14 958  (depuis Novembre 2007)

Une quête

Imaginez un homme qui va en haut d'une montagne dans une sorte de pèlerinage... afin de faire le point sur lui et sur sa vie. Dès lors, au cours de son périple, il va analyser sa vie grâce à la présence d'un personnage imaginaire qui va porter un jugement à la deuxième personne du singulier, et lorsque cet homme croisera d'autres pèlerins alors il parle à la première personne. Au début, il n'est pas toujours facile de suivre, mais une fois qu'on a compris qui est qui, on suit parfaitement bien et on comprend mieux le cheminement de cet homme.

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Un mythe de Sisyphe à la sauce aigre-douce

9 étoiles

Critique de Millepages (Bruxelles, Inscrit le 26 mai 2010, 66 ans) - 7 octobre 2025

Ayant échappé à une mort qu’il pensait imminente, un écrivain chinois ressent le besoin de prendre ses distances avec la ville. Il entame donc un pèlerinage à travers les campagnes et les forêts du Sud de la Chine pour tenter de rejoindre un endroit censé avoir été préservé de la civilisation et avoir conservé les traditions ancestrales, les coutumes, la culture. Mais traversant des gorges et des jungles parfois infestées de bêtes sauvages comme des serpents, les sentiers sont semés d’embûches et on sent au fil de la progression du protagoniste que la montagne de l’âme s’érigera comme un nirvana inatteignable. Qu’importe, puisque comme le suggérait Lao Tseu, « le bonheur n’est pas au bout du chemin, le bonheur c’est le chemin ».

Le long de son parcours, « toi » rencontre plusieurs fois une jeune fille que l’on suppose être toujours la même, de laquelle il s’éprend et qui semble ouverte à une relation. Les deux amants se rapprochent puis s’éloignent en fonction de l’humeur lunatique de la demoiselle qui expose ses griefs sur la façon dont les femmes chinoises sont traitées. Gao Xingjan laisse poindre ici un certain féminisme qui n’était certainement pas très développé au début des années nonante, lorsqu’est paru ce roman.

Les temples bouddhistes, les centres culturels, les ermitages taoïstes qui émaillent le cheminement sont comme des havres propices à l’introspection. Raconter le voyage intérieur du personnage principal permet également à l’auteur d’aborder de nombreux thèmes liés aux années Mao, à la révolution culturelle, ce qu’il fait souvent de manière métaphorique. Il a en commun avec son héros d’avoir été envoyé à la campagne en camp de rééducation et d’avoir vu ses œuvres censurées.

Sans aucun doute une lecture très instructive d’un auteur que je connaissais déjà sous un autre aspect, puisque j’avais un jour eu le plaisir d’admirer ses peintures abstraites dont plusieurs réalisées à l’encre de Chine.

Un livre qui rend intelligent !

8 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 78 ans) - 5 mars 2008

C'est le genre de livre qu'on est content d'avoir lu mais qui ne passionne pas forcément quand on le lit. Le livre est long et il est difficile de rentrer dans le système narratif de l’auteur. Gao s'y entend à merveille pour nous égarer sur les chemins qu'il arpente pour nous faire découvrir cette Chine si diverse et si profonde. Certains passages m'ont complètement aspiré alors que d'autres m'ont moins intéressé.

Ce livre reste tout de même un ouvrage de référence pour mieux connaître la Chine traditionnelle qu'on oublie peut-être derrière le dragon qui se dresse aujourd'hui sur les gondoles de nos grandes surfaces.

J'ai lu ce livre avec l'oeil de l'anthropologue qui essaie de comprendre la Chine et ses peuples si divers avec leurs traditions et leurs croyances.

Mais c'est là une impression qui date de 10 ans donc d'avant le prix Nobel !

Pour réapprendre à regarder

10 étoiles

Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 52 ans) - 4 mars 2008

Le nouveau roman façon chinoise, avec des personnages anonymes : le « je » du narrateur, quasi autobiographique, le « tu » de l’alter ego qu’il se crée (tu ne sert-il pas à décharger je en devenant le bouc émissaire de certains de ses défauts et ses lâchetés ?), les « il » et les « elle » qui les croisent et les accompagnent. C’est une réflexion sur soi (sans complaisance) et l’altérité, sur le roman en lui-même. Mais ne craignez pas un exercice intellectuel pénible et prétentieux, façon nouveau roman français !

A travers cette quête, on visite la Chine, ses paysages, ses campagnes profondes, ses traditions, ses légendes, ses vestiges… Le style est limpide, les phrases coulent comme des ruisseaux. A la lecture des descriptions de paysage, j’avais l’impression de réapprendre à regarder.
Le livre est aussi un voyage à travers les rapports humains, leur générosité et leur cruauté (avec des passages assez durs).
C’est un livre qui donne envie de partir en voyage, sans but, pour se découvrir et contempler la nature… Plus de 600 pages passent comme un rêve.

Voyage

8 étoiles

Critique de Samca (Liège, Inscrite le 30 mai 2006, 52 ans) - 23 janvier 2007

Gao Xingjian raconte la Chine profonde et ses habitants...
Il te raconte ses rencontres, ses découvertes, l'âme humaine, les joies, les peurs, les craintes, le rapport de la vie à la mort, ce qui lie et délie l'homme à la femme, la femme à l'homme, l'Histoire et ton histoire, les questions qui te hantent, les endroits magiques quasi surnaturels, tout ce qui te rapproche de toi sans être sûr de rien, juste pour le plaisir...

Laissez-vous entrainer...

Grandiose!

10 étoiles

Critique de Zaphod (Namur, Inscrit le 29 novembre 2005, 61 ans) - 19 décembre 2005

J’ai un problème.
J’ai très envie de vous parler d’un livre, … mais je ne sais pas quoi dire.

Faut dire que le l’ai emprunté à la bibliothèque il y a des mois, ou des années, et que ma mémoire est ce qu’elle est.
Faut dire aussi qu’il n’y a pas une histoire racontée de manière linéaire, mais d’innombrables petits chapitres sans réelle chronologie, alors, bonne chance pour le résumé ! L’image du puzzle est un peu bateau, mais ici, je trouve qu’elle s’applique particulièrement bien. Tellement bien que je crois qu’on pourrait très bien les lire dans un autre ordre, ça ne changerait pas grand-chose. Ai-je réussi à reconstituer le puzzle ? J’en sais rien, et peut-être que c’était pas le but, après tout.

Mais alors, si tu n’as rien à dire, pourquoi vouloir en parler ? C’est que justement, il me reste quelque chose de cette lecture, comme une petite musique dans un coin de la tête. Et cette petite musique, c’est peut-être la chose la plus importante qui puisse rester de la lecture d’un grand livre (en tout cas, c’est le cas avec mes livres préférés). J’y repense souvent, à ce livre. Parfois, il y a une scène qui me revient, comme ça, sans crier gare.

Pourtant, j’ai eu un peu de mal à y entrer dans ce bouquin. Par exemple, vu que l’auteur interchange les pronoms je, tu, il pour raconter son histoire, au début, on a du mal à discerner qui parle à qui, et c’est un peu déroutant. Et puis à un certain moment, il m’a eu ! J’ai été complètement happé, je suis passé de l’autre côté du miroir, réellement entré dans le livre, et j’en suis jamais complètement sorti.

Je me demande si ce que je raconte a le moindre sens, mais peu importe. Commencer ce livre, c’est commencer une aventure. Ce genre d’aventure ne plaira sans doute pas à tout le monde, mais qu’est-ce que je suis content de l’avoir tentée.
Et vous savez ce qui m’a fait choisir ce livre sur le présentoir ? La couverture ! J’ai appris que c’était une reproduction d’une peinture de l’auteur, et je me suis un peu intéressé à sa peinture que je trouve géniale. D’ailleurs, il paraît que l’auteur se considère d’abord comme un peintre. Accessoirement, il a reçu le prix Nobel de littérature, mais que voulez-vous, les dons ne sont pas distribués de manière équitable.

Ah oui, à propos, l’auteur, c’est Gao Xingjian, et le livre, dont j’ai encore finalement rien dit, c’est « La Montagne de l’Ame ».

Alors, ce livre ? Le narrateur (largement autobiographique, certainement) entreprend un long périple à travers la Chine vers le lieu dit « montagne de l’âme ». Comme souvent, le voyage réel est aussi prétexte à un voyage intérieur, une sorte de quête initiatique. Bien sûr c’est aussi à la recherche de sa propre âme qu’il se lance.
En chemin, il va croiser différents personnages, qui vont faire ressurgir en écho des scènes de son passé, d’où le désordre apparent des chapitres. Plus qu’essayer de se comprendre et de dresser un bilan, c’est essayer d’avoir une vision honnête de lui-même qui semble être le sens de sa recherche.
Et en effet, il va nous donner une vision sans complaisance de lui-même, qui fait que je n’ai pas vraiment éprouvé de sympathie pour le personnage, mais plutôt une sorte de fraternité ou de compassion.

Certains passages sont même assez durs. Je me souviens d’une longue marche sous la pluie, dans la campagne. Soudain, il lui semble entendre des cris d’enfants, et en effet, un peu à l’écart du chemin, il trouve un petit gosse roulé en boule sous des buissons. Il se dit « probablement qu’il s’est un perdu en s’éloignant trop du village ». L’enfant est faible. Il le porte dans ses bras et décide de le ramener au village. En chemin, il se rend compte que l’enfant est incapable de parler. Il se contente de s’agripper à son cou en gémissant. La peur ? l’épuisement ? Ou peut-être est-il légèrement débile ? Mais en fait, à chaque détour du chemin où il pensait apercevoir enfin le village, il n’y a que la campagne vide. Le soir se met à tomber. Entretemps, l’enfant s’est endormi dans ses bras. Il le dépose doucement sur un coin d’herbe, et s’éloigne sur le chemin, sans se retourner. Après cent mètres, il lui semble de nouveau entendre des pleurs. Ou bien est-ce le vent ? Il presse le pas.

Quand on lit ça, on ne peut que se poser la question, jusqu’à quel point est-ce autobiographique ? Mais dans la Chine profonde, pauvre, sans services sociaux, avec le contrôle des naissances, c’est certainement le genre de choses qui peut se passer. Et puis vient l’autre question: qu’est-ce que j’aurais fait, à sa place, dans les mêmes circonstances.

UN CONTE MODERNE

10 étoiles

Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 30 juin 2005

Que dire de ce magnifique livre, qui se lit d'une traite et qui ne raconte pas vraiment une histoire... mais un ensemble d'événements, de sensations, de paysages (avec des descriptions magnifiques), de rencontres, de conversations, d'impressions...

Une sorte de livre initiatique, avec la quête du héros du livre qui se raconte, en utilisant parfois le je, parois le il, parfois le tu. Et qui nous entraîne là-haut, au plus haut de la montagne (de l'âme?) où alors au plus profond de nous même.

Un livre sur le temps qui passe et la douceur de le voir passer (à rapprocher de la Montagne magique de Thomas MANN) et surtout, surtout une écriture fine, limpide, ciselée, forgée, qui coule tel un torrent au milieu de la montagne (de l'âme?)... Un grand bravo à Noël DUTRAIT et à son épouse (assistés, il est vrai, par l'auteur lui-même) pour la magnifique traduction du chinois. Traduction qui à notamment servi de base à la traduction du livre en plusieurs autres langues dont le portugais.

Enfin, un grand bravo à l'Académie Suédoise, pour avoir mis en lumière cet écrivain exceptionnel, et nous avoir permis de le découvrir en lui attribuant le Prix Nobel de Littérature en 2000.

La beauté de l'errance

9 étoiles

Critique de Fee carabine (, Inscrite le 5 juin 2004, 51 ans) - 4 novembre 2004

"Tu es monté dans un autobus long courrier. Et, depuis le matin, le vieux bus réformé pour la ville a cahoté douze heures d'affilée sur les routes de montagne, mal entretenues, pleines de bosses et de trous, avant d'arriver dans ce petit bourg du Sud.
Sac sur le dos, une sacoche à la main, tu balaies du regard le parking jonché de papiers de bâtonnets glacés et de déchets de canne à sucre."

Je, tu, il... les "héros" de "La montagne de l'âme" errent ainsi dans une campagne chinoise aux multiples visages, loin de toute velléité de pittoresque. Ils sont à la recherche de leurs souvenirs d'enfance, de cultures oubliées (la révolution culturelle, encore elle, est passée par là...), de véritables contacts humains. Leur voyage se mue en quête métaphysique, en réflexion sur la littérature ou en hymne à la beauté des paysages de l'Empire du Milieu, sans pourtant jamais tourner au recueil de cartes postales. Un livre unique, captivant, un peu ensorcelant en fait, où le lecteur doit se laisser aller, consentir à suivre un peu à l'aveuglette le fil des mots et des phrases dont il ne peut jamais prévoir le déroulement et les changements soudains de perspective... avec à l'arrivée un grand plaisir de lecture.

un merveilleux voyage

10 étoiles

Critique de Richard (, Inscrit le 30 janvier 2004, 79 ans) - 31 janvier 2004

fasciné par l'écriture d'une grande musicalité, entrainé vers cette montagne de l'âme, par cet énorme roman, plus de six cents pages dont la lecture m'a paru d'une exquise légèreté.

Forums: La montagne de l'Âme

Il n'y a pas encore de discussion autour de "La montagne de l'Âme".