Pour supprimer les partis politiques !?: Réflexions d'un apatride sans parti de Daniel Cohn-Bendit

Pour supprimer les partis politiques !?: Réflexions d'un apatride sans parti de Daniel Cohn-Bendit

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Pieronnelle, le 1 mars 2013 (Dans le nord et le sud...Belgique/France, Inscrite le 7 mai 2010, 76 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 337ème position).
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Portrait d’un homme devenu sage !

Je fais partie de ceux qui l’ont connu sur les barricades de 68, qui l’ont vu tenir tête aux membres du gouvernement, qui a fait palpiter mon cœur et m’a donné le sens de la rébellion, moi petite jeune fille sage étudiante en Droit… Je n’ai pas fait vraiment cette révolution mais j’en ai compris le sens grâce à lui.
Et puis… je l’ai perdu de vue dans les fumées de 68 et suis partie vers les éclaircies que ce mouvement pointaient à l’horizon. Depuis, il y aurait beaucoup de choses à dire sur les effets de cette révolution et là n’est pas le propos.
J’ai retrouvé Cohn-Bendit un jour en écolo ; pas surprenant finalement, l’écologie si elle est un moindre mal en politique est à coup sûr une bonne cause, comment aurait-il pu s’affilier vraiment à un autre parti ? Lui l’électron libre. Il n’a rien perdu de sa verve mais il a acquis une sorte de sagesse assez surprenante sans doute parce qu’il a regardé un peu de haut ce théâtre de marionnettes de la politique. Et c’est bien de ça que ce petit livre veut nous informer. Je trouve qu’il a bien tardé quand même…
Ce petit recueil d’une trentaine de pages est bien difficile à critiquer car on peut très vite en faire le tour et ainsi en déflorer l’intention. Alors je vais me borner à dire ce que j’en ai pensé en essayant de garder le plus possible l’esprit dans lequel il a été conçu.
C’est une sorte de mini biographie ; Cohn-bendit a eu l’envie de se raconter un peu et surtout d’expliquer son parcours d'homme, de politique et... de philosophe (oui beaucoup plus que d'idéologue) ; de faire une sorte de mise au point , un retour sur lui-même, pour finalement justifier son désir, celui de se retirer « physiquement » de la politique.
Alors il va parler de ceux qui l’ont influencé, auxquels il s’est rattaché intellectuellement, qui l’on conduit à se conforter en «libertaire » (le mouvement « Noir et rouge » à 21 ans en 1967) et à s’assumer comme tel encore et toujours, même s’il a évolué, changé, tiré des leçons de son principal engagement celui dans le parti « d’Europe Ecologie ». S’il a vécu dans sa jeunesse « dans l’utopie libertaire de la pureté révolutionnaire» il n’a jamais été tenté par l’anarchisme.
« Mon entrée en politique a donc commencé par une rupture avec le marxisme et le communisme » (mouvement sartrien « socialisme ou barbarie » ). Le problème est posé clairement, il ne se revendiquera pas de tels mouvements car il ne peut admettre les carcans, les bornes, les portes blindées.
J’ai trouvé passionnante cette analyse d’un propre parcours, de cette volonté à démontrer par quelles réflexions et expériences il en est arrivé à s’engager dans le mouvement écologiste et principalement à conclure que la politique des « partis » mène totalement dans une impasse. Pas de libertaire possible au sein d’un parti aussi écologique qu’il soit . Et ce n’est pas de la contestation pour la contestation, mais pour remettre à sa vraie place le « sujet » c'est-à-dire l’homme, le citoyen, qui a son mot à dire mais aussi à qui on doit laisser la possibilité de croire que ses aspirations sont plausibles. Pour lui l’important c’est « l’autonomie » (référence à Cornélius Castoriadis, philosophe grec, à la fois économiste et psychanalyste qui présenta « l’autonomie comme une forme d’autogouvernement de soi »). Les théories de ce philosophe sont passionnantes et il est évident que Cohn-bendit s’en est imprégné ; ce petit livre en donne déjà un bel aperçu.
Il aborde aussi la question des communautarismes : selon le philosophe américain Michael Waltzer. « Seule une politique fondée sur la reconnaissance permet de dépasser les communautarismes réducteurs et intégristes qui isolent et enferment les communautés ».
Et il ajoute « les immigrés ne sont pas des barbares dont on doit protéger les autochtones. Ce n’est pas un problème d’ordre, mais de cohésion sociale et d’humanisme politique ».
Il analyse ainsi toutes les formes politiques d’actions possibles (en passant par les associations etc..) et finalement il conclut « J’ai très vite eu le sentiment qu’un parti ne pouvait supporter la dissidence. La matrice idéologique d’un parti, c’est en fait une armure ».
Je n’irai pas plus loin vous laissant découvrir l’aboutissement de ces réflexions.
J’ai eu le sentiment de lire des écrits d’un homme sage, parfaitement en mesure de juger son parcours avec lucidité , un peu fatigué de constater les enlisements politiques ; et aussi surtout ce petit livre est pour moi le portrait d’un homme de convictions qui assume entièrement sa liberté et de penser et d’agir, qui refuse les compromis qui remettent en cause les idéaux.

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6 étoiles

Critique de Bolcho (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 75 ans) - 14 octobre 2013

C'est essentiellement une charge contre le parti politique, quel qu'il soit : « c'est un blindage, une structure fermée, presque génétiquement hermétique à la société ».
C'est aussi un rejet de la « radicalité » dans laquelle « il y a un danger majeur : le refus de l'autre, son déni, la volonté de l'anéantir et dans lequel l'autre est réduit à sa plus simple expression : celle du bourgeois, du représentant du capitalisme... ». A titre personnel, je préciserais que ce n'est pas le refus de l'autre en tant que personne mais en tant qu'il est oppresseur et exploiteur.
Donc, pour l'auteur, fuyons les partis et adhérons à des mouvements. La frontière entre les uns et les autres restent floue, sauf à considérer qu'un parti est nécessairement une structure qui souffre de l' « opposition dirigeants-dirigés ». Comme s'il ne pouvait pas y avoir de partis autogérés !
Voilà, je trouve que Cohn-Bendit fait ici une croisade profondément réformiste, y allant même d'un couplet sur les bienfaits de la « démocratie » (dans sa version « démocratie parlementaire bourgeoise » semble-t-il) et défendant aussi l'entreprise privée : « L'Etat n'est pas toujours la meilleure solution. Les entreprises privées encadrées par des lois et répondant à un cahier de charges contraignant peuvent parfaitement agir au service du bien commun ». Au moins aurait-il pu parler d'entreprise privée « sans but lucratif », parce que sinon, je ne vois pas où est le souci du bien commun.
Donc, résumons : pas de « parti » mais un « mouvement ». Et de citer les « Indignés » et « Occupy Wall Street ».
Disons qu'il y a là matière à débats. Si un mouvement, c'est une non-structure dans laquelle les « membres » (?) pourraient voter par internet (il le suggère), où est alors ce qui fait sens dans la démarche politique : l'information commune, le débat ? Et comment peut-on passer à l'action ?
Les « Indignés » sont sympathiques mais leurs indignations sont brumeuses et parfois contradictoires, donc peu dangereuses pour le pouvoir en place.

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