"Oh..." de Philippe Djian

"Oh..." de Philippe Djian

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Lesdouzecoupsdeminuit, le 4 septembre 2012 (Inscrit le 27 août 2012, 59 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 12 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (24 996ème position).
Visites : 8 379 

720 heures de la vie d'une femme

La première scène fait l'effet d'un coup de poing : le coup de poing reçu par Michèle pendant son viol. Un viol sauvage qui brise, déchire, écrase, laisse des bleus et anéantit. Quelques lignes seulement mais d'une force incroyable. Puis l'homme cagoulé s'enfuit, la laissant seule, salie, sur le tapis du salon. Triste histoire de l'abjection ordinaire. Mais que croyez-vous qu'il arrive ? Michèle se relève, va prendre une douche. Puis elle range le salon, ramasse les bibelots cassés, passe l'aspirateur et rassure son vieux chat. Elle est en retard. Ce soir, elle attend sa famille pour dîner. Michèle fera ainsi comme si de rien n'était. Elle fait bonne figure...

Le viol est alors le point de départ d'une longue descente en apnée dans le corps et l'esprit de cette femme. Une apnée un peu oppressante d'un seul chapitre de 250 pages. Cette première scène sert de point d'entrée et l'on ne ressort la tête de l'eau que pour l'épilogue. Entre les deux, pas une coupure, pas un palier pour décompresser, pas de respiration stylistique. Des flash-backs, des pensées, des songes, des mensonges et des colères se suivent à une vitesse effrénée et s'entrechoquent parfois jusqu'au malaise. Un style incroyablement vif et rythmé. Cependant, il arrive au lecteur de ressentir un mal des profondeurs vers le milieu du livre. Quelques longueurs parfois et une lassitude qui apparaît au détour de certaines pages.

Une galerie étonnante de personnages s'opposent et mélangent leurs histoires, échecs et petites névroses ! La narratrice d'abord - Michèle - une jolie quinqua divorcée patronne d'une boite de production. Puis sa mère - Irène - 75 ans qui projette de se fiancer à un homme beaucoup plus jeune. Son fils, sans réel boulot qui vit une histoire d'amour banalement compliquée. Son ex-mari - Richard - homme faible qui l'aime toujours. Sa meilleure amie - Anna - qui est aussi son associée. Son voisin - Patrick - marié mais pas indifférent aux charmes de la belle. Et enfin son père - qui purge une peine de prison à vie. Un bestiaire de déjantés et de paumés mais à leur manière tellement attachants.

Mais surtout, il y a une intrigue incroyable et vénéneuse dans laquelle le viol joue le difficile rôle de catalyseur, de fil conducteur. Il est là pour annoncer une série de grandes ruptures, de grands changements, de perte de repères dans la vie ordonnée de cette femme. Toutes ses certitudes vont s'effondrer page après page. Quoiqu'elle fasse, la destruction fait son oeuvre sur sa vie passée et sape son avenir. Elle se laisse alors aller à explorer son côté sombre jusqu'à un épilogue fracassant et délirant.... et une explication du titre.

Évidemment, ce n'est pas un livre à mettre entre toutes les mains : ni aux Princesses de C., ni même aux Jeunes filles en fleur,  pas non plus aux inconditionnels de Mme Angot ou attirés par le vide moite Despentes. Il y a de la Emma B. dans cette femme perdue, qui hésite entre abandon et bataille, résolument confuse dans ses sentiments. Philippe Djian, en nous plongeant dans l'inconscient et seulement trente jours de la vie de cette femme, pose la grande question de notre capacité à influencer notre devenir. Somme-nous programmés pour le meilleur ou le pire? Peut-on produire le bien alors que l'on est issu du mal ? Jusqu'où peut-on vivre dans ses mensonges ou ses fantasmes ?

J'en suis ressorti sonné, groggy, ne sachant plus si j'avais lu ou simplement rêvé cette histoire. Ouah ...

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Oh !!!

8 étoiles

Critique de Kabuto (Craponne, Inscrit le 10 août 2010, 63 ans) - 18 février 2024

Je ne suis jamais déçu par Philippe Djian. C’est donc sans surprise que j’ai apprécié ce roman qui nous fait découvrir la vie compliquée d’une femme forte et indépendante qui même si elle subit un viol et doit supporter une famille pour le moins compliquée, garde toujours son sang-froid. Elle sait ce qu’elle veut et ne se laisse pas dominer par les hommes tous plus minables les uns que les autres qui forment son entourage. Il faut vraiment que je lise Djian plus souvent. C’est toujours très agréable.

Mouais...

5 étoiles

Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 40 ans) - 9 juin 2020

Loin d'être le meilleur des P. Djian, Oh n'en demeure pas moins un roman qui se laisse lire mais qui au fond n'apporte pas grand-chose.
Il n'est pas désagréable mais il n'est pas non plus impérissable. L'histoire possède un certain intérêt, notamment dans la relation malsaine qui s'installe entre la narratrice et son agresseur, mais je ne peux pas dire avoir été transporté, avoir vécu une lecture à part.
Le style pâtit lui aussi de cette banalité. Il manque un je ne sais quoi qui fait tout le charme de cet écrivain. Peut-être est-ce dû au fait que le personnage principal soit une femme? Peut-être… Néanmoins j'ai des réserves sur ce point lorsque l'on pense à certains personnages féminins haut en couleurs d'autres de ses œuvres. Peut-être est-ce dû au manque de crédibilités de certaines situations ? Plus probable...
Pour faire simple : un roman moyen sans plus.

Thriller vite dégonflé

2 étoiles

Critique de Thomas lu (, Inscrit le 11 novembre 2019, 33 ans) - 13 novembre 2019

L'histoire est simple. Ça commence comme un thriller. Une femme se fait violer chez elle par un homme cagoulé. Elle ne fait pas appel à la police, elle se contente de faire renforcer les serrures et installer une alarme. Et elle fantasme sur un corps à corps avec son agresseur : "je crois que j'aimerais qu'il soit là, tapi dans l'ombre, qu'il surgisse, et que nous en venions aux mains". Coïncidence : elle a justement envie de baiser avec son voisin Patrick qui la drague et qui au cours d'une deuxième agression s'avère être le violeur! Voilà. Elle a des sentiments ambivalents, elle a envie de lui tout en lui en voulant. Mais elle l'appelle à l'aide quand elle a un accident de voiture. Elle voudrait qu'il la baise mais il s'enfuit. Ils se revoient en voisins, en amis, et puis elle a une explication avec lui, il lui avoue qu'il ne bande pas s'il ne joue pas le rôle du violeur. Bon, alors ils vont jouer, jusqu'au jour où son fils les surprend et amène le dénouement. Un dénouement de vaudeville.
Le problème, c'est qu'au tiers du livre, ou à peine plus, l'histoire cesse d'être un thriller, très vite on sait qui est le violeur, très vite les viols deviennent un simple jeu sexuel entre un impuissant et une femme qui manque de plaisir.
A part cette trame, le reste du roman est fait de ses relations avec sa mère - qui meurt - son père - qui se pend en prison - son ex, son fils, sa meilleure amie, etc. La plupart des pages sont une chronique de sa vie qui n'a rien d'excitant et qu'elle trouve vide. On n'est pas ému par la mort du père, elle est soulagée. On doit subir tous les problèmes domestiques, les problèmes posés par son fils, son ex, son amant, etc. La relation avec le voisin Patrick aurait pu être plus développée mais en fait elle n'occupe qu'une petite partie du texte. Pour étoffer son roman Djian nous raconte les déboires du fils, de l'ex, de l'amant, etc., autant de mini intrigues secondaires dans lesquelles le lecteur a du mal à s'impliquer parce que l'héroïne en est ennuyée plus qu'autre chose. Si vous aimez les romans où il faut attendre dix ou vingt pages pour retrouver le fil principal de l'intrigue, vous apprécierez peut-être, mais si comme moi ce genre de tunnels vous agacent et si en plus vous ne voyez pas vraiment ce qu'il y a d'émouvant, de passionnant ou de sexy dans un faux thriller qui se dégonfle en un jeu érotique entre une quadragénaire en manque de plaisir et un impuissant, alors vous laisserez tomber.
Autre problème, cette femme, l'héroïne, n'est pas vraiment attachante ou intéressante. Même plutôt antipathique. Elle dit de sa mère (une cougar) : "La vie dissolue qu'elle mène — en contradiction avec ce rôle de bonne âme qu'elle joue auprès de mon père — m'agace déjà passablement." Je ne vois pas de contradiction entre la pitié et une sexualité débridée. Cela n'a rien à voir, être une cougar n'interdit pas la compassion. De l'amant de sa mère elle dit : "Jamais je ne laisserai ma mère épouser ce connard ou un autre." Sympa? On voit qu'elle juge durement sa mère. Elle en fait de même avec son père qu'elle refuse d'aller revoir une fois en prison parce qu'il lui a pourri une partie de sa jeunesse en commettant un massacre. Elle en fait de même avec son ex-mari et avec son fils qui a "le même fichu caractère" que son père, dit-elle. "Quand nous vivions tous les trois, ils me rendaient folle." De son fils elle pense : "pourquoi enfanter de pareils imbéciles?" C'est, dit-elle, un "rustre inconséquent" parce qu'il bosse chez McDo et veut reconnaître un enfant qui n'est pas le sien. Et elle couche secrètement avec le mari de sa meilleure amie (qui est sa confidente et qui aide son fils). Sympa? Bref, c'est une femme dure, avec les autres, plus qu'avec elle-même. Son ex et son fils, son père, sa mère, elle les rend responsables du vide de sa vie. Elle réunit son ex, son amant et le voisin par qui elle se laisse ostensiblement draguer. Tout ça ne fait pas d'elle un personnage sympathique. Comment s'intéresser aux jeux érotiques de cette femme qui a besoin de pimenter sa vie, jeux qui en plus n'ont rien d'alléchants et qui sont brièvement racontés?

Plongée dans la pensée d’une femme violée

4 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 5 juin 2019

Philippe Djian n’est pas réputé pour « y aller avec le dos de la cuillère », pourrait-on dire, mais il pousse là le bouchon singulièrement loin. Michèle, quinquagénaire séduisante patronne d’une boîte de production, divorcée, est brutalement agressée et violée, chez elle, par un homme cagoulé. C’est le départ de l’ouvrage et la suite sera les trente jours qui suivront, les pensées et réactions de Michèle. Traité à la Djian. C’est-à-dire d’une manière telle qu’on pourrait avoir l’impression qu’un tel acte est, somme toute, assez banal.
Les protagonistes de cette histoire sont, dans leur genre, pas mal « djianesques » également : entre Richard, son ex, qui l’a quittée après vingt ans de vie commune mais qui semble toujours amoureux, son fils de vingt ans, Vincent, pas vraiment emballant, Irène, sa mère, qui semble bien irritante et compliquée, son amitié avec Anna qui se trouve malheureusement être la femme de Robert, son amant, le voisin Patrick qui ne semble pas spécialement net, … il est clair que nous évoluons dans un roman de Philippe Djian, chez qui les personnages évoluent souvent dans des milieux où l’argent n’est pas un problème, l’alcoolisme un mal récurrent, sans parler de la consommation de drogues et de la sexualité passablement débridée. Tellement débridée qu’ici nous parlons d’un viol.
Tout ceci est quand même très déconnecté de la vie lambda d’un européen lambda et, ce qui pouvait passer pour de l’originalité il y a de cela maintenant pas mal d’années, du temps de « 37°2 le matin » ou « Zone érogène » par exemple, fait maintenant penser à du maniérisme, un filon à exploiter.
Il y a pourtant un « ton Djian », un talent indéniable mais aussi une incroyable capacité à ne pas se renouveler et à se vautrer dans des situations où le grotesque le dispute à l’improbable.

Le ridicule ne tue pas

5 étoiles

Critique de Ben75011 (Paris 11e, Inscrit le 19 février 2014, 35 ans) - 15 avril 2014

Il ne s'agit pas de 24 heures dans la vie d'une femme, mais un mois dans la vie d'une femme.

Le récit est un peu fouillis, trop de dialogues, cela part parfois dans tous les sens.
Quant à l'histoire, quel ridicule. L'acte du viol est finalement banalisé et passé pour un jeu.
La vie de la protagoniste principale n'est que misères (beaucoup d'ennuis familiaux) et, finalement, pas très attirante.

C'est une tranche de vie d'un personnage, le livre se lit assez vite et ne laisse que peu de souvenir.

Quelle famille !

8 étoiles

Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 82 ans) - 24 mars 2014

Oh… Une interjection qui marque la surprise. Surprenant tout ce qui arrive à l’héroïne Michèle, parfois choquant même…
37°2 le matin ? C’est lui, Philippe Djian, l’auteur. Aussi le parolier de Stéphane Eicher (Déjeuner en paix). « OH… » obtient le Prix Interallié 2012. Ce diplômé de l’Ecole supérieure de journalisme de Paris est prolixe : romans, théâtre, nouvelles, traductions et au cinéma : scénario et adaptations de roman.
Michèle vit un mois de décembre des plus compliqués. C’est la somme d’un tas de contrariétés : Richard l’a quittée après 20 ans de vie commune, son fils Vincent est loin d’être au top, ses parents représentent une lourde charge, son voisin… Mais le pire, c’est qu’elle a été agressée, violée. Heureusement, Anna son amie la soutient mais son mari, Robert, est troublant. En plus, Michèle n’est pas sans défauts.
Le découpage du roman est particulier puisqu’aucun chapitre ne le répartit. Mais cela ne gêne pas : le roman rebondit au fil de la progression de l’intrigue.

"Hé..!"

9 étoiles

Critique de Dededu59 (PARIS, Inscrite le 23 décembre 2012, 37 ans) - 4 janvier 2013

Un mois, une descente aux enfers. C'est un livre à prendre au second degré, qu'il faut laisser décanter quelques temps pour en goûter toute sa saveur.

En résumé :
L'histoire d'une femme , fille d'un meurtrier et d'une cougard, amante du mari de sa meilleure amie, qui tombe amoureuse de son ravisseur et qui doit soutenir son fils financièrement et psychologiquement...

Tout un programme, qui finit plutôt bien...ou plutôt mal. C'est selon :) !

Livre captivant

"Oh..."

1 étoiles

Critique de Corentin (, Inscrit le 24 janvier 2011, 28 ans) - 16 décembre 2012

Il semble que Djian ait voulu faire un pur exercice de style à travers ce roman: la voix, d'une femme, parfaitement retranscrite par un écrivain homme. C'est tout.
Quoi de plus abject que cette histoire: une femme violée, tombe amoureuse de son agresseur. Elle rate tout ce qu'elle entreprend. Ai-je précisé que son père est en prison pour avoir assassiné pas moins de 50 enfants dans un club Mickey et que sa mère meurt pendant le réveillon?
Le récit est ici retransmis comme un flottement de conscience: tout semble lui échapper, lui passer au-dessus. L'acte le plus inhumain y est banalisé. Il y a certaines limites à la résistance humaine, en l’occurrence celle du lecteur: je refuse que le viol y soit un simple évènement, procédé littéraire parmi d'autres. Qu'en retenir selon Djian? Rien
Si vous trouvez plus abjecte entreprise, appelez-moi.
A trop vouloir faire de sensationnel, on en est ridicule voire honteux. Preuve en est, même les prix littéraires de la rentrée ne s'y sont pas trompés

PS: le titre correspond très bien au bouquin, trivial

"OH... fais-je en secouant la tête"

7 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 65 ans) - 21 octobre 2012

Mais qu'y a t-il donc dans ce « OH... » final et ses points de suspension? Du découragement, de la lassitude, un peu de surprise?

Huitième roman de l'auteur que je lis, j'ai été surprise dès la première page de découvrir que le « je » était une femme.
Michèle, une cinquantaine d'année, divorcée de Richard, mère de Vincent, fille d'Irène, amie d'Anna, maîtresse de Robert, voisine de Patrick, tout ce petit monde évoluant sous le regard indifférent du chat Marty.
Irène qu'elle aime tant et qui l'insupporte tant! Comme presque toutes les personnes qui gravitent autour d'elle.
« Mais si je pouvais rester un mois ou davantage sans la voir, je savais qu'elle était là, maintenant, je ne sais plus où elle est. »

Cela pourrait être banal si Robert n'était pas aussi le mari d'Anna, si Vincent n'avait pas décidé d'être le père de l'enfant de son antipathique compagne, si Irène à 75 ans n'avait eu envie de se marier avec un homme de 20 ans plus jeune, si son père n'avait pas été le meurtrier de dizaines d'enfants et si ….

L'héroïne n'est pas particulièrement sympathique. Elle a mauvais caractère, elle est souvent de mauvaise foi, pleine de contradictions et d'une moralité fluctuante.
Mais M. Djian réussit à faire de ce personnage, une femme intéressante, avec qui on a envie de partager ce petit bout de vie de quelques mois, car ses faiblesses et ses contradictions nous touchent.

Un excellent et surprenant roman de l'auteur, dont j'ai admiré l'originalité, où l'on retrouve les traits caractéristiques des héros de Djian même si je ne suis pas aussi enthousiaste que mes prédécesseurs.

Je souffle sur les braises pour qu'elles prennent.

7 étoiles

Critique de Hexagone (, Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans) - 20 septembre 2012

Djian c'est l'origine, l'homme par qui tout est arrivé, énorme commotion lors de la lecture de " Zone Erogène " il y a bientôt 20 ans.
Puis tout s'est enchaîné avec plus ou moins de plaisir, je garde un souvenir évasif de de " Sotos ", " Criminels ", " Vers chez les blancs ".
En revanche les trois derniers m'ont plutôt plu et constituent une base sérieuse pour qui veut se plonger dans l'univers de DJIAN.
Je passe sur " Doggy bag " qui ne m'a pas intéressé.
" Oh... " rassemble tout ce qui fait un livre de DJIAN.
Cela fait des décennies qu'il nous propose sa vision tortueuse des relations hommes-femmes, de la sexualité, de la drogue, de l'alcool et de sa vision de la littérature.
" Oh ... " n'y échappe pas, parfois dérangeant, je pense au viol de Michèle et de sa sexualité morbide.
Après avoir mis en scène l'inceste dans son précédent livre, " Oh ... " tourne autour d'une histoire de viol. S'y agglutinent le divorce, la présence d'un fils immature et d'hommes capricieux, tout cela mâtiné de société bourgeoise parisienne , banlieusarde chic et choc.
C'est loin d'être le meilleur de DJIAN qui n'en finit pas d'entremêler les fils de nos existences, pour resserrer les névroses en lieu et place de trancher dans le vif.
DJIAN titille le mal, il est de ces improbables invités que l'on appelle, à juste titre, des troubles fêtes.
Les personnages de Djian depuis longtemps sont toujours un peu timbrés, le cul entre deux chaises, entre deux époques, celle des années 70, qui n'aurait pas compris que la fête est finie, que sa jeunesse est derrière elle et qu'elle est révolue.
Que le passé ne passera plus.
Djian tire le bilan en plaçant ses personnages désemparés dans notre époque chaotique. Secouez le tout et vous avez un bon livre, très ancré dans son époque mais qui me parait faible dans le traitement des problèmes et l’absence de solutions.
On dirait que Djian nous a écrit un livre pour nous dire ce que nous ne devrions pas faire sans donner les solutions pour y arriver.
Il expose l'échec d'une génération gâtée qui a fini par pourrir.
Une bonne cuvée , mais pas le meilleur millésime.
Cependant comme d'habitude j'en reprendrai.

Il y a dans ce livre ce qui est écrit mais aussi tout ce qui ne l’est pas.

10 étoiles

Critique de Yeaker (Blace (69), Inscrit le 10 mars 2010, 50 ans) - 13 septembre 2012

Je sais, ce livre est parfois décrié.
Oubliez cependant vos préjugés sur Djian. Venez à ce livre avec le seul désir de vous faire porter par l’écriture qui devient ici une musique entêtante.
Une fois pour toute : oui, oui, oui. Oui c’est une héroïne improbable, oui le sujet n’est pas nouveau, oui le sujet n’a rien d’attirant et moi aussi à la lecture du résumé je n’aurais pas eu envie de lire ce roman. Pourtant c’est un livre extraordinaire. Il est vrai que seule la littérature est ici garantie !

En fait ce livre s’adresse à ceux qui lisent pour en rester groggy bien longtemps après que le livre soit fini, à ceux qui savent que le pouvoir de la littérature n’a pas besoin de décors, de sujet et voir même de tout écrire pour amener le lecteur dans ce bonheur qu’est la lecture de la fiction. En conséquence de quoi, je ne ferai pas de résumé.
Il suffit de savoir qu’il sera évoqué dans ce roman les rapports entre les êtres proches. Il n’est d’ailleurs pas impossible que vous souriez en reconnaissant dans les personnages un défaut de votre conjoint ou de vous-même. Djian taclant gentiment nos travers.
Il est également question de sexualité et de ses pulsions antinomiques.
Il est question du temps qui passe, du temps qu’il fait, du pardon, de l’absence de pardon, du compromis, de l’amitié, de l’amour…il est question de la vie.
Le livre est court, mais comme je l’ai dit plus haut, la littérature n’a pas toujours besoin de tout écrire pour tout dire. Il y a dans ce livre ce qui est écrit mais aussi tout ce qui ne l’est pas. En écrivant cette critique je continue à découvrir encore des interactions qui m’avaient échappé.
Peut-être que ce livre ne parlera qu’à quelques élus, mais vous en faites peut-être partie. Il serait dommage de passer à côté sans tenter votre chance.

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