Mayonnaise de Éric Plamondon

Mayonnaise de Éric Plamondon

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 14 mai 2012 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 297ème position).
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Le Beatnik Richard Brautigan

La Pêche à la truite en Amérique de Richard Brautigan rappelle le salmonidé de Schubert que l’on sent bondir après un léger repos pour refaire ses forces avant de se faufiler dans les rapides. Il s’agit d’une truite fouineuse, partie à la conquête des eaux vives d’un pays paralysé par une « peur rouge » que l’on a baptisé sous le nom de maccarthysme. Quand l’étau se desserre, comment l’écrivain peut-il en profiter ?

Avec une écriture libérée de tout conformisme, Brautigan exploite toutes les facettes de vie pataugeant dans les marécages de la mort, voire de sa propre mort qu’il repousse jusqu’en 1984 par respect pour sa fille. La vie vaut-elle la peine d’être entretenue en terreau états-unien ? En introduisant son roman dans la foulée du dernier mot de La Pêche à la truite de son émule, Éric Plamondon dresse le tableau de l’Amérique pour que le lecteur puisse répondre lui-même à cette question shakespearienne.

La vie est une mayonnaise. Plamondon s’est intéressé à « cette mystérieuse émulsion pour ses propriétés de réussite et d’échec ». Le succès est important parce qu’elle arrose tous les plats de l’existence en commençant par celui des origines. La quête d’identité serait les prémices du bonheur. Pour Brautigan, elle commence à Montréal, où est né son grand-père maternel. C’est le point A d’une longue marche vers le point B se situant à Bolinas sur la rutilante côte californienne. À l’Est, rien de nouveau. Le paradis, c’est l’Ouest, en commençant par les cow-boys et la ruée vers l’or et en atteignant son apogée avec le glamour hollywoodien. Le rêve américain : rêver de la côté Ouest à l’abri des relents du maccarthysme tels qu’on les sent dans le Midwest. Aller là où tout est permis. Mais le bonheur n’y a pas nécessairement ses entrées.

Bonheur anecdotique qui a facilité la vie américaine : l’invention de la machine à coudre ou de la machine à écrire sortie tout droit d’un atelier d’armes à feu géré par Remington. Brautigan « a tapé sur cette machine jusqu'à sa mort, jusqu'à ce qu'il appuie sur la détente originelle, celle d'un revolver. » L’œuvre de cet auteur est « une balle perdue » en marge de la culture des officines. Dans les années 1960, elle ciblait un renouveau mort prématurément avec Mai 1968 et Woodstock 1969. L’illustre représentant de la Beat Generation s’est finalement enlevé la vie en refusant d’endosser une culture rédhibitoire.

Gabriel Rivages, l’alter ego de Plamondon, est un inconditionnel de ce beatnik. Comme ce dernier, il tente de se construire une réalité inspirée d’une contre-culture afin de se donner une conscience plus inclusive. Une conscience épousant l’idéal frénétique d’une génération, qui a rêvé sous l’effet de l’acide.

L’écriture suit le mouvement de cette quête échevelée. Écriture éclatée d’un roman qui semble tiré des informations offertes par Wikipedia. Sommes-nous à l’aube d’une nouvelle littérature, qui s’apparentera à la plume des fans de Twitter ? Plamondon donne la démonstration d’un avenir littéraire possible. En fait, le roman est très moderne de par sa fragmentation. Ça rencontre les exigences du lecteur formé par le zapping ou les réseaux sociaux. Il lui restera de regrouper cette masse d’informations pour en tirer une ligne de vie. Pas facile quand la philosophie ne court pas les rues. Bref, c’est intéressant, mais il faudra parachever sa lecture en consultant moult ouvrages.

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Une mayonnaise réussie, hors de tout doute!

10 étoiles

Critique de Stephanie24 (, Inscrite le 7 février 2013, 29 ans) - 3 mars 2013

Quel chef-d’œuvre! Ce roman est, bien évidemment, très enrichissant pour nos connaissances. Chaque chapitre renferme son trésor de savoir et nous le présente d'un point de vue très littéraire. Certains seraient portés à dire qu'il est facile d'écrire un livre ainsi. Google, Wikipédia même, et le tour est joué! Il nous est tous possible de faire des recherches sur divers sujets et d'en faire un texte. Mais est-il possible à tous d'amener un côté littéraire et accrocheur dans ses informations? Éric Plamondon a su distraire le lecteur assoiffé de savoir et d'idées nouvelles dans chacun de ses courts chapitres reliés les uns aux autres qui entraîneront les lecteurs dans une lecture des plus intéressante.

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