Vers la sobriété heureuse de Pierre Rabhi

Vers la sobriété heureuse de Pierre Rabhi

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités , Sciences humaines et exactes => Spiritualités

Critiqué par Elya, le 31 mars 2012 (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (26 820ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
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Penseur et poète d'exception ; c'est tout

Pierre Rabhi nous l'annonce dès les premières pages ; ce livre n'est qu'un modeste témoignage. Témoignage dont le but est de défendre l'idée que le progrès "ruine la planète en aliénant la personne humaine". Ces mots sont aussi forts et violents que la brutalité qu'il dénonce ; un comble ! Mais il y a de nombreux combles dans ce récit, notamment lorsque P Rabhi nous dit que « De nombreux ouvrages sont le fruit de simples compilation de données puisées dans l’immense réservoir des faits et des évènements, que chacun interprète à sa façon » ; c'est exactement ce qu'il fait ici, si ce n'est encore pire puisqu'il ne se rapporte pas aux faits, aucune source ni référence n'étant citée dans tout son ouvrage !
P Rabhi en veut à la science, sans vraiment nous dire en quoi celle-ci est néfaste ; en fait, on a plutôt l'impression que P Rabhi ne connait pas la science et qu'il la juge trop vite. Selon lui, la rationalité « s’est ainsi employée, sans y réussir tout à fait, à dépouiller les peuples de leurs convictions et expériences acquises par des voies subjectives, qui, du point de vue d’un scientisme tyrannique, ne seraient qu’obscurantisme et superstition. »

Ces contestations non fondées envers la science et le progrès (qui selon lui sont synonymes...) sont vraiment regrettables. En effet, P Rabhi est un écrivain d'exception qui manie la langue à la perfection ; mi poète mi penseur, il nous livre, avec une facilité déconcertantes, des aphorismes parfois creux mais toujours délicieux à lire :
« La mort est l’intendante d’une finitude à laquelle chacun est préparé. Elle est l’évidence et n’a cure du rang social, du prestige ou de la richesse. »
« Le destin est le jouet de causes contre lesquelles la volonté humaine est impuissante ».


C'est un personnage dont l'histoire est séduisante, et il en joue. Mais que de raccourcis et d'erreurs dans ses réflexions hâtives.
En ce qui concerne l'évolution par exemple, P Rabhi conçoit une finalité : " l’indispensable humanisation qui est la finalité sans laquelle notre avènement sur terre n’aurait pas de sens ".

P Rabhi reste un personnage attendrissant ; on pardonnerait presque tout à un petit papy sympathique, agriculteur ardéchois. Mais cette sympathie ne doit pas nous aveugler. Vivons simplement, et lisons simplement P Rabhi, sans accorder trop de valeur à ses propos et opinions...

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Une vision humaniste de l'avenir

8 étoiles

Critique de CHALOT (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 76 ans) - 2 août 2023

Vers la sobriété heureuse
de Pierre Rabhi
éditions Acte Sud
164 pages
août 2013




Ce livre publié il y a dix ans pouvait paraître comme l’œuvre d'un humaniste utopiste, anti productiviste.
Aujourd'hui il est d'une actualité brûlante, tous les constats qu'il établit se sont vérifiés et l'humanité va à sa perte sans qu'un sursaut sanitaire ne survienne.
Ses préconisations sont à discuter, certaines sont pertinentes, d'autres méritent d'être précisées, analysées .
L'auteur qui est d'une rigueur solide dans son analyse, fait trop confiance en l'homme alors que pour changer de tout au tout, il est indispensable de mettre à bas le système d'exploitation et le capitalisme.
 Il a raison d'affirmer « qu'il est navrant et révoltant de voir le patrimoine vital de l'humanité et des innombrables créatures qui partagent leur destin, être, sans vergogne, subordonné à la vulgarité de la finance. »

Mais comment changer de paradigme en maintenant le capitalisme ?:
c'est sa raison d'être de produire plus, d'imposer la monoculture d'exportation dans les pays pauvres et de leur soustraire tout ce qui peut générer aux puissants des profits.
Ceci étant dit, lui et son mouvement les colibris ont raison de prôner une sobriété libératrice et volontairement consentie .
Ils ont aussi raison de dénoncer les politiques publiques qui se dédouanent en subventionnant les associations humanitaires : les états masquent les symptômes pour continuer à ne pas prendre le mal par la racine.
Ces associations dont l'auteur salue à juste titre l'action sociale ne pourront pas empêcher que surgissent des révoltes et des explosions.
Leur rôle n'est pas d'être un rempart du système mais de faire que de la juste colère surgisse la transformation sociale et non la venue d'aventuriers qui se moquent du peuple.

Je suis content d'avoir lu cet appel humaniste et raisonné, il participe à la réflexion indispensable afin qu'ensemble, on empêche notre planète de glisser dans la catastrophe écologique prévisible.

Jean-François Chalot

"On nous fait croire que le bonheur c'est d'avoir !"

10 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 58 ans) - 20 novembre 2018

Pierre Rabhi (1938- ) est un essayiste, agriculteur, conférencier et écologiste français, fondateur du mouvement Colibris et figure représentative du mouvement politique et scientifique de l'agroécologie en France.

Dans ce court essai (130 pages) , Pierre Rabhi sonne le rappel des "évidences". Un bon sens paysan que nul ne peut contester mais qui est -à longueur de journée- bafoué pour de multiples raisons.
L'ennemi est la Consommation sur laquelle la croissance économique est basée. Consommer jusqu'à l'épuisement de la ressource et se précipiter vers un suicide collectif programmé.
L'aveuglement des masses formatées dès l'enfance par un système éducatif complice.
Pierre Rabhi prône la Modération, une sobriété heureuse libératrice ou seuls les besoins primaires doivent être assouvis.
Il faut se défaire de l'Argent roi (la Finance) et de la spéculation qui l'accompagne.
Un défi pour l'Humanité et pour la divine planète qui nous héberge.

Pierre Rabhi est un Grand Homme qui creuse son sillon et tente de faire passer le message en France et à travers le monde. Nul doute que sa vision est la bonne mais les intérêts économiques, politiques, financiers ne sont-ils pas trop vastes pour que la tendance s'inverse ?
Ce sont les mentalités qu'il faut révolutionner.
Chapeau bas Mr Rabhi !

Positif et limité

4 étoiles

Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 84 ans) - 5 décembre 2017

Il y a dans ce livre un certain nombre de réflexions utiles à l'avenir de l'humanité: la réduction de notre consommation et sa réorientation vers des pratiques plus saines pour notre environnement, la sauvegarde de la terre en éliminant les actes pernicieux de manière à conserver à long terme les ressources naturelles qui font notre vie, la mise en question de la croissance comme moteur essentiel de la machine économique, critique de la financiarisation de l'économie qui privilégie la recherche du profit à court terme plutôt que l'investissement salutaire.
Ces critiques ne sont pas nouvelles, mais exprimées avec force et dans une langue de belle facture.
Par contre j'ai eu bien du mal à trouver une critique fondamentale du système mondial, permettant d'aller vers des solutions générales. La solution préconisée rejoint celle exprimée déjà en 1937 par Giono (Les vraies richesses): un retour à la vie villageoise et rurale excluant l'industrie et l'urbanisation. Elle peut servir à un individu se réfugiant aux fins fonds de l'Ardèche et à quelques autres agissant sur le même modèle. Elle ne correspond en rien à la recherche d'une solution générale et globale pour notre monde. On sent bien ici que la poésie est malheureusement inopérante, sauf à éventuellement orienter une vraie réflexion.

Y’a du rab de hachis ?

7 étoiles

Critique de Guigomas (Valenciennes, Inscrit le 1 juillet 2005, 54 ans) - 2 avril 2014

Le titre de cette critique est un peu pourri, certes, mais il a au moins le mérite d’être un moyen mnémotechnique imparable pour se souvenir de la position du h dans Rabhi. En outre, il rappelle le thème du livre et la thèse de l’auteur : vers la sobriété heureuse, contre la course à toujours plus de rab.

Ce livre, comme l’explique Pierre Rabhi, nous présente les convictions que l’auteur s’est forgées au long de 50 années de sobriété volontaire et heureuse. Ces convictions sont étayées par des intuitions, beaucoup plus que par des chiffres, des statistiques ou des camemberts en 3D. Cela participe peut-être de la sobriété heureuse… en tous cas ce n’est pas gênant vu le ton de l’ouvrage qui n’est pas un livre d’universitaire mais un témoignage, parfois un pamphlet, parfois un manifeste.

Ces intuitions, en voici quelques-unes : la terre nourricière est devenue centre de profit, la technique a asservi l’homme, on a perdu le fil du temps humain pour se mettre au service du temps horloger, etc... Ne suffit-il pas de s’arrêter de tourner sa roue quelques minutes pour regarder notre belle société de consommation avec un œil extérieur pour se rendre compte qu’il a raison ?

Si je partage bon nombre des intuitions de P Rabhi, je n’ai pourtant pas été complétement séduit par ce livre, dont je trouve le ton un peu péremptoire. Ce qui vaut vraiment le coup, par contre, ce sont les éléments biographiques que donne Pierre Rabhi pour illustrer ses propos. Ce personnage a eu une vie peu banale, et des intuitions très en avance sur son époque.

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  Vers une prospérité durable 35 Yokyok 5 avril 2014 @ 18:20

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