Un vernis de culture de France Boisvert

Un vernis de culture de France Boisvert

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 23 mars 2012 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 83 ans)
La note : 10 étoiles
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L'Habit ne fait pas le moine

Ce recueil de nouvelles est un petit bijou. L’auteure s’est appliquée à suivre rigoureusement les normes du genre : un élément perturbateur accule un personnage, ou deux, à un conflit, qui se résout de façon inattendue. La narration ne tourne pas court avec une mort inopinée ou le réveil d’un héros confronté à un cauchemar.

Pour protéger son recueil de la disparité, l’auteure suit une ligne directrice bien définie. Elle s’évertue à grafigner (égratigner) le vernis dont on se couvre pour se présenter sous un jour favorable. Les personnages ne sont pas des SDF. Ce sont plutôt des gens «instructionnés», qui ont profité de leurs études pour se faciliter la vie. Mais que cachent les beaux minois et les belles cravates ? L’habit ne fait pas le moine. Sans être des DSK, ça n’empêche pas certains de naviguer dans des eaux troubles. Chaque nouvelle est introduite par une citation d’un philosophe qui rappelle notre humanité : «Nous sommes de la viande, nous sommes des carcasses en puissance.» (Francis Bacon) Ça rembrunit le caquet du coquet. Même plus, comme disait La Rochefoucauld : «Nous aurions souvent honte de nos plus belles actions si le monde voyait tous les motifs qui les produisent. » Que recherchent les pèlerins qui se rendent à Compostelle ? La nouvelle ad hoc n’est pas très élogieuse à leur égard. Bref, France Boisvert dégonfle la baudruche.

Le contenu exploite le quotidien ronflant de la classe super-moyenne : le voyage d’amoureux en Gaspésie, l’admiration des vestiges des Amérindiens du Mexique, les étudiants envieux, l’exposition des musées, la chirurgie plastique, l’alcoolisme raffinée, le beau langage… Il manque seulement les escaladeurs du mont Kilimandjaro. L’obsession des apparences est démontée pour prouver que l’on pratique une certaine déculturation à promouvoir une culture frelatée. Et le verbe ironique qui charrie le message élève le propos. L’auteure maîtrise la langue mieux que quiconque. On peut en conclure qu’elle a des accointances avec la linguistique. D’ailleurs, deux nouvelles s’inspirent de cette science, tributaire de Ferdinand de Saussure.

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