Lorsque vous achetez un roman policier, vous avez envie de lire un policier, un point c’est tout ! C’est-à-dire que vous souhaitez entrer dans une murder party, un crime, un coupable, un mobile, un enquêteur, le respect des règles traditionnelles du polar… et c’est comme ça ! Non mais…

Parfois, c’est plus complexe, l’auteur joue avec les nerfs du lecteur et il emmène son otage – un lecteur qui a commencé à lire les premières pages d’un roman policier est comme une sorte d’otage – dans une fuite éperdue que certains appellent thriller… Le pauvre lecteur revient usé, éreinté, pétrifié, transfiguré, tout chamboulé… mais heureux, néanmoins, de sa lecture…

Enfin, il existe des auteurs qui prennent prétexte du polar pour inviter – de force d’une certaine manière – l’innocent lecteur/joueur de polar dans un roman, oui, un vrai roman, tout simplement. Cela entraine alternativement joie de la lecture ou déception, selon le cas, selon le thème du roman, selon l’écriture du romancier… Et c’est ainsi que je suis parti pour l’île de Ouessant en compagnie de Godefroy Hofer, en croyant ouvrir un roman policier !

Mais je suis revenu heureux, satisfait, emballé, réjoui… Oui, je voulais un polar classique et je suis tombé sur un roman îlien, un huis-clos étonnant, un roman bien écrit. Certes, disons-le honnêtement, l’auteur est sans prétention, il veut nous raconter une tranche de vie sur Ouessant à l’occasion d’une tempête comme il en passe régulièrement là-bas sur cette basse terre…

Alors, bien sûr, il y aura un crime… En fait, il va y en avoir quatre, puis un autre, et, enfin, un dernier. Six meurtres pour occuper le lecteur et lui faire croire qu’il est dans un policier. Il y aura un enquêteur, un homme venu du continent, un non Breton même, histoire de bien regarder les îliens avec du recul. Et ça fonctionne car le lecteur est dans une enquête, avec tous les travers – ou qualités – de ces romans policiers… et on est, tout simplement, dans un roman profondément humain au cœur de la vie sur une île…

J’ai beaucoup aimé ce roman même si l’aboutissement ne respecte pas strictement les règles du polar puisque normalement, le lecteur devrait pouvoir découvrir seul le coupable et le mobile… Ce qui est impossible, ici, puisque l’auteur joue avec un petit quelque chose qu’il lance à la fin, l’air de rien. Ce n’est pas grave, puisque l’important n’était pas là, il était dans ces chaudes soirées au comptoir dans ces bars d’Ouessant où l’alcool vient réchauffer les cœurs, les corps, les âmes…

Avec modération ? Pas toujours…

Donc voilà un polar qui ne plaira pas aux inconditionnels du polar, qui décevra certainement les fanatiques de littérature contemporaine, mais qui, comme ce fut le cas pour moi, apportera un bon moment de lecture à ceux qui aiment les romans policiers qui oublient, un instant, le côté polar pour raconter, tout simplement, une belle tranche de vie !

Et l’intrigue, le scénario, les personnages ? Vous n’avez rien compris ! L’île, la tempête, l’Océan, le poisson, les bars, l’alcool… Allez, bonne lecture !