Le charme discret du café filtre de Amélie Panneton

Le charme discret du café filtre de Amélie Panneton

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 30 décembre 2011 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 6 étoiles
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Avoir 20 ans

Plus que le charme discret du café filtre, c’est le charme discret de jeunes locataires qui retient l’attention du lecteur. Rien de comparable à La Vie, mode d’emploi de Georges Pérec, quoi qu’en dise l’éditeur, ou au Naïf Locataire de Paul Guth, à l’exception que la forme de ces œuvres réunit les résidants du même immeuble.

Par ses nouvelles, l’auteure déboulonne sans vergogne la vie secrète de gens que l’on croirait mener une vie des plus active, mais, surtout, des plus intéressante. Ils trottent (voyagent) tout le temps, nous semble-t-il. Même si la mise en bouche débute par l’envoi de cartes postales, il ne faut pas s’y méprendre. L’ensemble des habitants de l’immeuble n’est pas lié au reste du monde. Ce sont des chômeurs, des étudiants et de jeunes adultes, hormis un homme de quatre-vingts ans, qui peinent à joindre les deux bouts.

Le recueil n’est pas dédié aux performers, mais à un quotidien que l’on ne clame pas du haut d’un minaret. Qui avouerait mener une vie peu excitante ? Et pourtant, c’est le cas. Malgré l’avènement des I Pod et cie, les gens ne se rapprochent pas pour autant. La technologie n’a-t-elle pas plutôt inventé des outils qui créent de la distance ? Le téléphone intelligent ne peut servir de gardienne pour une boulangère monoparentale qui se lève à trois heures pour faire son pain.

Tous, en somme, sont confinés à la solitude. Et quand quelques-uns parviennent à vivre en cohabitation, la situation demeure la même. Ce sont des moines modernes qui ont fait vœu de choisir le silence comme mode de vie. Et quand l’âme sœur se dresse sur leur route, leur vie sentimentale emprunte vite la voie des dits moines qui ont fait vœu de chasteté. On se sépare sans grands déchirements.

Le tableau décoiffe les fausses perceptions de la vitalité des jeunes. La tristesse accompagne leur quotidien rempli d’appréhensions. Ils se cherchent des repères et des complices à la veille d’une vie adulte. Dans la vingtaine, ils perdent les grandes amitiés de l’adolescence qui les rendaient si forts. La substitution les rend démunis, et l’inconnu leur fait peur.

Ce recueil a valu à l’auteure, née en 1985, des critiques fort élogieuses. Je suis loin de partager cet enthousiasme. Amélie Panneton se démarque cependant par son souci de toucher la dynamique des relations humaines sans se perdre dans des considérations philosophiques. Elle touche la cible sans attendrir le lecteur avec le sort de ses pairs. Elle y parvient avec une plume qui perd sa verve à l’occasion. Certaines nouvelles sont fort ennuyeuses. En fait, le sujet se prêtait à la rédaction d’un roman. Tous les protagonistes se croisent dans un immeuble du quartier Saint-Roch de Québec. L’inexpérience a peut-être retenu l’auteure de monter une trame romanesque. Mais ce premier jet d’écriture s’inscrit sous de bons haruspices.

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