Maigret à Vichy de Georges Simenon

Maigret à Vichy de Georges Simenon

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Noir de Polars, le 11 novembre 2011 (PARIS, Inscrit le 28 mai 2011, 56 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (11 880ème position).
Visites : 3 783 

L'ignominie de l'être à son paroxysme

Le mot de l’éditeur
Une femme, Hélène Lange, a été étranglée à Vichy. Bien qu'elle y ait vécu neuf ans, personne ne sait rien d'elle. Ni d'où proviennent les coquettes sommes d'argent qu'elle recevait à intervalles réguliers. Séjournant là pour une cure thermale en compagnie de son épouse, Maigret s'intéresse entre deux promenades à l'enquête de son confrère et ami Lecoeur. Ce dernier n'aura pas grand mal à arrêter l'assassin. Les petits secrets des sœurs Lange, en revanche, lui donneront davantage de fil à retordre...Comme toujours, Simenon excelle à créer une ambiance, à la rendre palpable. Les kiosques et les jardins de Vichy, les pavillons rococo, le calme teinté d'ennui de la saison thermale forment un parfait contrepoint aux existences, sordides ou pathétiques, qui nous sont finalement révélées.

Critique
Un des Maigret que je préfère, pour deux raisons :
- D’abord, il se passe à Vichy, ville que j’adore parce que je n’y vais pas souvent. Si le Vichy ville n’a strictement aucun intérêt, le Vichy thermal a un parfum inimitable, spécialement en basse saison (c’est-à-dire presque toute l’année). Parfum de belle ville morte.
- Ensuite, parce que c’est sans aucun doute l’une des enquêtes qui dévoile le plus l’ignominie possible de l’être humain poussée à son paroxysme.
Maigret s’y rend à la belle saison, en cure, et découvre donc un Vichy différent de celui que je connais le mieux. Il remarque d’abord une femme qui lui semble mystérieuse, hautaine, qui le fascine, écoutant comme lui les aubades données par l’harmonie municipale alignée dans le kiosque à musique. Puis il ne la voit plus et ça le gêne. Enfin, il apprend sa mort et il cherche.
Et lorsqu’on découvre enfin la vérité, elle est tout simplement épouvantable. Maigret, comme nous, est moralement du côté du tueur : il aurait aussi tué dans ce cas là, il aurait tué ce monstre.
Chez Simenon, les vrais monstres sont, pardon Mesdames, des femmes. Les vrais, ceux qui calculent froidement, qui prennent leur temps, qui tissent leur toile patiemment, qui n’ont aucune pitié, aucun sentiment, qui ne vivent que par une nécessité égoïste et pitoyable, assurer leurs vieux jours.
Voilà un Maigret qui prend à la gorge, qui donne envie de vomir. C’est un peu une enquête mais avant tout une lente marche vers la découverte de l’horreur absolue d’une âme noire.

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Un Maigret sur le déclin

8 étoiles

Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 46 ans) - 3 avril 2019

Ce qui devait arriver arriva… à force d’abuser de la bonne chère et des apéritifs, le célèbre commissaire Maigret a besoin de prendre sa santé au sérieux et est envoyé en cure à Vichy, célèbre pour ses sources d’eaux chaudes et ses milliers de curistes venus ici afin de soigner qui son asthme, qui ses problèmes digestifs ou pour simplement perdre du poids.
Accompagné de madame Maigret, il passe son temps à parcourir les rues de la petite cité en ne pouvant s’empêcher de dévisager les nombreux curistes qu’ils ne manquent pas de croiser à de nombreuses reprises : tel ce couple, ou cette dame distinguée qui est toujours assise au même endroit à attendre que l’orchestre de la ville commence à jouer dans le kiosque du square municipal. Déformation professionnelle sans doute... Et justement, cette dame distinguée qui a attiré l’attention de notre célèbre commissaire est retrouvée assassinée à son domicile, étranglée.
Maigret a bien l’intention de laisser à son ancien subordonné, le commissaire Lecoeur la responsabilité de l’enquête…
Plongée dans la France des années 60, avant la chienlit… et on s’aperçoit que le mal existait déjà, se tapissant aussi dans les maisons bourgeoises… peut-être moins visible qu’aujourd’hui mais tout aussi glauque et terrifiant, plus hypocrite aussi. Ce petit roman, une enquête de Maigret, est bien mené, le lecteur découvre en même temps qu’un Maigret déjà au seuil de la retraite la personnalité de cette Mle Lange et de son assassin. Un bon petit polar aux odeurs de blanquette et de cassoulet…

Ce lit comme de l'eau de Vichy

9 étoiles

Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 72 ans) - 10 août 2014

Le commissaire Maigret et son épouse sont en cure à Vichy.
« Vitesse de sédimentation parfaite … avait annoncé le docteur Rian. Cholestérol un peu fort, mais dans les limites acceptables …Urée normale… Fer sérique en quantité assez faible … Je vous ai supprimé les gibiers, les abats, les crustacés … Manger lentement, bien mâcher, prendre une bouchée uniquement quand vous avez bien tout avalé … Boire de grands verres d’eau chaude …Tout ce dont vous avez besoin, c’est d’un bon nettoyage de l’organisme … «.
Le hic, c’est qu’une certaine madame Hélène Lange se fait étrangler lors de leur séjour dans cette ville d’eau. Ce n’est pas notre bon commissaire qui est chargé de l’enquête, il se contente de superviser et, le cas échéant, de donner son avis …
Un crime, soit mais surtout une affaire monstrueuse. En parlant de l’inculpé, Maigret le dit lui-même : « J’espère qu’il sera acquitté «.

Encore un tout bon Maigret qui se lit – ou se boit – comme du petit lait ou, en l’occurrence ici, comme un grand verre d’eau de Vichy (surtout en ce temps de quasi canicule.)

Extrait :

- Le personnage était petit, replet, sa femme guère plus grande que lui et grassouillette. Pourquoi Maigret avait-il l’impression qu’elle était belge ? A cause de son teint clair, de ses cheveux presque jaune, de ses yeux bleus à fleur de tête ?

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