Des amis de Baek Nam-Ryong

Des amis de Baek Nam-Ryong
(Pŏt)

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

Critiqué par Isis, le 1 novembre 2011 (Chaville, Inscrite le 7 novembre 2010, 79 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 358ème position).
Visites : 2 993 

Vie publique, vie privée

Ce livre, totalement inédit, est la première traduction en France d’un roman issu de la Corée du Nord, dont l’auteur, écrivain à succès, a travaillé en usine pendant dix ans, avant de se lancer en littérature.
Au-delà de l’intrigue somme toute assez banale, cet ouvrage vaut essentiellement comme documentaire sur les mœurs et coutumes de ce pays où le divorce dépasse de très loin la sphère de l’environnement privé.
L’histoire, narrée sur un mode à la fois naïf et moralisateur à l’extrême, est celle du juge d’un tribunal municipal populaire, confronté à la requête en divorce d’une jeune cantatrice et d’un tourneur en usine pour «incompatibilité culturelle».
Un argument qui paraît bien léger à ce magistrat spécialisé en droit de la famille et auteur d’une thèse au titre très évocateur «le développement du mariage sur la base du matérialisme dialectique».
Il va donc tenter en menant une enquête extrêmement minutieuse auprès de la famille, des voisins, des collègues et amis de ce couple, de trancher ce litige de la façon la plus équitable possible.
Il défend notamment les intérêts de Ho Nam leur fils, se souvenant d’ailleurs à cette occasion d’un divorce qu’il a prononcé six ans avant et des conséquences délétères de cette séparation sur l'enfant né de cette union.
Mais surtout, les représentants du peuple ayant là-bas, voix au chapitre, au même titre que le «Camarade Juge» dans ce type de procès, il garde constamment à l’esprit le fait qu’un divorce est avant tout «un problème social et politique qui réside dans le destin de la famille en tant que cellule de la société et dans la solidité de la grande famille de la société».
On est donc très loin ici des divorces par consentement mutuel et pour simple convenance, si répandus sous nous latitudes. N'est-il pas écrit à cet égard qu’il convient de «prendre des mesures éducatives concernant les gens qui demandent le divorce sans raison juridique» ?
Au passage, Baek Nam Ryong cloue également au pilori certains cadres du régime, ce qui lui valut quelques ennuis dans son pays, au moment de la publication de ce livre dont la traduction et l’importation, à elles seules, constituent, il faut bien le dire, une véritable gageure.

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

  • Des amis [Texte imprimé], roman Baek Nam-Ryong traduit du coréen par Patrick Maurus et Yang Jung-Hee avec l'aide de Tae Cheong
    de Nam-Ryong, Baek Jung-Hee, Yang (Traducteur) Maurus, Patrick (Traducteur)
    Actes Sud / Lettres coréennes (Arles).
    ISBN : 9782742799336 ; 22,20 € ; 07/09/2011 ; 244 p. ; Broché
»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Divorce à la coréenne.. du nord !

7 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans) - 14 juin 2013

« Comment le bonheur des parents peut-il exister sans le bonheur des enfants et de leurs descendants ? » Baek Nam-Ryong posait, déjà en 2011, cette intéressante question qu’on a peu entendue en France lors du récent débat sur les nouvelles formes de famille. Tout ce livre, dans un langage, sobre, clair, dépouillé, expose cette idée centrale en traitant du sujet de la famille, du divorce et de l’éducation des enfants.

Pour expliciter son avis sur cette question, l’auteur raconte l’histoire du juge Jong qui reçoit dans son cabinet une cantatrice qui veut divorcer, elle veut quitter son mari, tourneur dans une usine, qu’elle a connu quand il est venu installer des machines nouvelles dans l’atelier où elle aussi travaillait à cette époque. Le juge enquête sur la famille pour savoir s’il doit autoriser ce divorce mais surtout pour savoir à qui accorder la garde de l’enfant. Il rencontre ainsi le mari qui lui raconte sa passion pour son métier et comment il a rencontré sa future épouse en lui apprenant l'art du tournage.

Grâce à son talent, la jeune femme a gravi quelques échelons de l’échelle sociale et ne peut plus supporter que son mari se contente d’un statut de vulgaire ouvrier alors qu’il pourrait suivre des cours pour devenir cadre dans l’entreprise. Le couple se défait progressivement mais l’enfant vit mal le malaise familial ce qui perturbe encore davantage les époux mais aussi le juge pour qui le sort de l’enfant est prioritaire.

« Le temps avait passé. Il avait vieilli en supportant le mariage et la vie de famille au nom de la réalité, pas pour l’idéal. » Parallèlement à cette affaire, le juge considère l’évolution de son propre couple, son mariage avec une scientifique qui l’abandonne de plus en plus fréquemment avec la charge de surveiller et d’entretenir ses échantillons de plantes qu’elle souhaite adapter dans la région montagneuse d’où elle est originaire. Il confronte les difficultés familiales qu’il a surmontées, et qu’il surmonte encore, à celles de ces deux jeunes qui ne savent pas affronter les aléas de leur existence. Il déploie des efforts considérables pour leur faire comprendre qu’ils peuvent retrouver l’harmonie entre eux et élever leur enfant au sein d’une famille unie et aimante, car si « Les gens ont besoin d’eau, les enfants ont besoin de l’amour de leur père et de leur mère ». Ce texte est un véritable réquisitoire contre le divorce et un plaidoyer en faveur des enfants élevés par leur mère et par leur père, un livre en complet déphasage avec l’actualité nationale et les aspirations de notre société.

Ce texte un peu emphatique, un peu candide, un peu moralisateur, plein de pudeur et de retenue contient aussi beaucoup de tendresse et d’humanité. A travers le regard de ce juge donneur de leçon, c’est le fonctionnement de la société nord-coréenne qu’on aperçoit et qui n’est pas conforme aux clichés habituellement véhiculés même si on peut deviner facilement l’emprise du pouvoir sur la vie personnelle, familiale et sociale des citoyens. « Ce que vous avez fait est un crime. Parce que vous avez entravé l’accomplissement des orientations de la révolution et la politique économique de notre Parti ! Je vais vous faire endosser la responsabilité de votre crime. »

Forums: Des amis

Il n'y a pas encore de discussion autour de "Des amis".