La légende d'Ulenspiegel au pays de Flandres et ailleurs de Charles De Coster

La légende d'Ulenspiegel au pays de Flandres et ailleurs de Charles De Coster

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Catinus, le 21 septembre 2011 (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 72 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 083ème position).
Visites : 5 311 

Priez Dieu que tous nous veuille absoudre

Oyez-oyez bonnes gens, esgourdez, ci-devant, la fabuleuse histoire de Thil Ulenspiegel au pays de Flandre et austres vastes contrées ( hum ! ).

Thil est le fils de Claes et de Soetkin et ils habitent à Damme près de Bruges en pays flamand. Il y a aussi Katheline et sa fille Nelle, et l’ami de Thil , Lamme Goedzak.Claes sera brûlé pour hérésie ( à tort ) et Soetkin mourra sous la torture. Ulenspiegel est un farceur, joyeux drille, frondeur, insolent,drôle et malin comme un singe. Il n’aura de cesse que de venger moralement l’ assassinat de ses parents et combattre pour libérer la Flandre du joug de la domination espagnole .

Citons en vrac quelques-uns de ses faits parmi les plus cocasses : son pèlerinage de pénitent vers la ville de Rome et sa rencontre avec le pape ; il s’empiffre gratuitement auprès d’une dame ; il devient peintre escroc ; la « résurrection » du chien de la vieille dame ; Goedzak cherche vainement sa femme qui l’a quitté ; les bossus de Bouillon ; le poil à gratter utilisé lors d’une procession et la fausse statue qui pleure ; les folles filles d’Anvers qui aspirent à de l’amour physique chaud, très chaud même ; le weer-wolf ( loup garou ) de Heist ; Nelle sauve Ulenspiegel de la potence, …

A remarquer, dans ce roman haut en couleur, deux leitmotiv : cette recherche perpétuelle de la nourriture et plus particulièrement encore ce goût immodéré pour les agapes avec force tripailles, cochonnailles et beuveries ; la violence partout et toujours, une violence la plus basique qu’on puisse imaginer : éventrations, mutilations diverses, ici on décapite, là on occis, on brûle vif pour un oui pour un non et en plus avec une jouissance certaine dans le chef de ceux qui frappent.

Si vous ne désirez pas lire tout cet ouvrage qui connaît, peut-être, des passages plus ardus, je vous recommanderais toutefois la lecture du premier livre.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’auteur, Charles De Coster, - tout en se basant sur un roman allemand publié en 1515, répandu dans la région néerlandaise et traduit en français, - a conçu et écrit cette œuvre, non pas en flamand, mais en vieux français qui se réfère à Montaigne et à Rabelais. Lors de sa parution, l’accueil fut mitigé en Belgique, encore pire en France. Il faudra attendre la fin du 19 ème et le vingtième siècle pour que ce « Thyl Ulenspiegel « soit enfin reconnu par le monde littéraire et le public .
Et puisqu’on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, citons Charles De Coster « Avant tout, ce livre est un livre joyeux, bonhomme, artistique, littéraire, dont l’histoire n’est que le cadre. «

Extraits :

- Et au lieu de leur dire en son langage flamand : « il ben u lieden spiegel, je suis votre miroir « , il leur disait abréviant « il ben ulen spiegel « , ainsi que cela se dit encore présentement dans l’Oost et la West-Flandre.

- « Majesté, dit Ulenspiegel, je demande qu’avant que je sois pendu, vous veniez baiser la bouche par laquelle je ne parle pas flamand.
L’empereur, riant ainsi que tout le peuple, répondit :
« Je ne puis faire ce que tu demandes, et tu ne seras pas pendu, Ulenspiegel « .

- Passant par Liège, Claes apprit que les pauvres Rivageois avaient grand faim et qu’on les avait mis sous juridiction de l’official, un tribunal (… ). Claes vit en chemin les bannis, fuyant le doux vallon de Liège, et aux arbres, près de la ville, les corps des hommes pendus pour avoir eu faim. Et il pleura sur eux.


- Lamme Goedzak, en ce temps-là, vint de nouveau demeurer à Damme, le pays de Liège n’étant point tranquille à cause des hérésies. Sa femme le suivit volontiers parce que les Liégeois, bons gausseurs de leur nature, se moquaient de la débonnaireté de son homme.

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Les éditions

  • La légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au pays de Flandres et ailleurs [Texte imprimé] Charles De Coster présentation de Patrick Roegiers
    de De Coster, Charles Roegiers, Patrick (Préfacier)
    la Différence / Minos (Paris. 2002)
    ISBN : 9782729114411 ; 30,80 € ; 08/01/2003 ; 603 p. ; Poche
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Roman fondateur d'une Nation

10 étoiles

Critique de Patman (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 61 ans) - 22 septembre 2011

Voici le livre qui est souvent considéré comme le roman fondateur de la littérature belge. Il faut dire qu'il a tout pour lui De Coster: bruxellois, né en Allemagne d'un père wallon et d'une mère flamande, le résumé parfait du Plat Pays !
Oeuvre quasi unique (ses deux premiers livres étant des préambules à son oeuvre majeure)d'un écrivain qui fut bien méconnu et dénigré en Belgique de son vivant (1827-1879) mais qui devint une icône mondiale bien des années plus tard, notamment dans les pays du bloc communiste où Tyl était adulé comme un résistant aux régimes fascisants occidentaux. En France, c'est Gérard Philipe qui le popularisera au cinéma en 1956 (un film de Joris Ivens).
Pour l'anecdote, 15 ans après sa mort,De Coster fut exhumé de sa modeste tombe du cimetière d'Ixelles pour lui attribuer une sépulture plus digne de lui. Hommage tardif d'une nation pour un de ses plus grands écrivains.

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