Le philosophe nu de Alexandre Jollien

Le philosophe nu de Alexandre Jollien

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Philosophie

Critiqué par Marvic, le 2 juin 2011 (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 65 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (39 792ème position).
Visites : 4 321 

Confessions intimes

Ce n'est pas tout à fait un essai philosophique que nous livre cette fois ci Alexandre Jollien. Loin des leçons de vie du Métier d'homme, il se livre et nous livre ses sentiments les plus intimes.

La passion qu'il éprouve pour son ami Z ou plus généralement pour tous les hommes « normaux » envahit tellement sa vie qu'il veut essayer de la renier ou pour le moins de la maîtriser pour pouvoir approcher une forme de bonheur.
« La joie, c'est la manière de vivre sans aigreur. L'amour de la vie pourrait être son autre nom 
Peut-être que je trouve mon compte dans cette souffrance qui m'accable. »

Par courts chapitres, entre deux périodes de repos, nous allons suivre ses paradoxes, ses contradictions, ses questionnements, ses efforts pour suivre des préceptes zen.
Nous allons partager sa difficulté de vivre dans ce corps handicapé mais aussi le bonheur d'aimer son épouse et ses enfants inconditionnellement.
« Je n'accepte toujours pas ma condition mais ce n'est pas un problème. »

Ses dialogues intérieurs, ses méditations appuyées de ses nombreuses références philosophiques (particulièrement Nietzsche), ses micro-trottoirs et ses échanges avec les internautes, avec des amis, vont l'amener à une « mise à nu » impudique devant ses lecteurs, avec toujours les pointes d'humour qui le caractérisent.
« Longtemps, j'ai cherché la femme idéale, je l'ai enfin trouvée. Seul problème: elle aussi recherchait l'homme idéal! »

Le philosophe n'espère pas le bonheur mais la joie qu'il pense trouver dans un équilibre possible entre « répression totale et défoulement bestial ».

Avec humilité, sensibilité, Alexandre Jollien s'autorise ( et par là-même légitime les nôtres) des sentiments moins nobles et son sens de la sagesse sera dans l'acceptation de ses côtés sombres.
« Encore que je me méfie des hiérarchies dans la souffrance. Tout tourment est de trop pour celui qui le subit. »

La lecture de ce philosophe est toujours un moment passionnant et instructif même si je dois reconnaître quelques petits piétinements ou légères digressions.

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Un livre qui fait du bien

8 étoiles

Critique de AmauryWatremez (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 54 ans) - 6 novembre 2011

J'aime beaucoup les livres d'Alexandre Jollien, ils font du bien à l'âme et sont comme des amis qui sentent quand on va mal et que l'on a besoin de soutien par une sorte de télépathie bienveillante. Ses livres tombent toujours au bon moment. J'ai aussi eu encore un peu plus de plaisir à lire ce philosophe en lisant par ci par là que la France et l'Europe vivent actuellement dans une dictature des faibles et des victimes qui seraient toujours défendus alors qu'on laisserait tomber les « forts » (par ici dans les réactions, il suffit d'encourager un peu, rien qu'un peu les imbéciles pour que ceux-ci révèlent finalement leurs opinions réelles, à savoir des gougnafiers uniquement préoccupés de leurs petites personnes). Cela ne me dérange pas quant à moi de me laisser mener par la voix d'Alexandre Jollien, au physique hors-norme, complètement à l'inverse des standards, que certains qualifient dans le secret de leur cœur ou devant tout le monde de « dégénéré ». L'auteur de ce livre est en effet né lourdement handicapé, pour lui des gestes simples sont des exploits dignes d'un athlète, ce qui relativise le mal-être que l'on peut parfois éprouver. Il serait profondément gêné cependant qu'on le choisisse comme maitre, il est d'ailleurs extrêmement confus d'entendre des dames dire qu'il les aurait aidées à « coacher », ou à gérer leur situation, leur vie selon les termes à la modes. Il ne veut pas d'élèves ou de disciples mais aider les autres à être plus libres en partant de son vécu avec délicatesse sans « coaching » lénifiant qui consiste surtout en l'étalage de lieux communs.

Son ouvrage part d'un constatation simple, ses passions, sa sensibilité le poussent à réagir encore avec colère aux moqueries qu'il subit, ce qui est somme toute humain, du moins pour quelqu'un moins exigeant intellectuellement et spirituellement qu'Alexandre, et à envier le physique d'hommes plus chanceux que lui sur ce point, ou encore à désirer ardemment des objets qui ne lui apportent qu'une satisfaction brève, qu'un spasme de plaisir. Il recherche le détachement mais aussi à se libérer de ses pulsions qui ne sont que l'émanation de son animalité. En cela, il dépasse les bornes aux yeux de la société actuelle, non seulement alors qu'il est handicapé et qu'on l'imagine victime et désespéré, il est heureux en amour, père de deux enfants qu'il trouve plus sages que lui, ceux-ci lui rappelant que la philosophie est finalement chose futile quand elle prétend diriger les existences, fût-ce vers le bonheur, alors insoutenable car imposé. Et en plus il veut se libérer de cette course vers l'abîme sans fond du consumérisme et de l'objet-roi de notre société. Il aggrave un peu plus son cas sur le sujet rajouterais-je en ne se réclamant d'aucune idéologie ou théorie globalisante, il est d'autant plus libre et indocile mais sereinement et sans violences.

Il ne se sent pas plus fort que les autres pour surmonter et dominer ses passions, il avoue sa faiblesse à le faire, ses tentations, son incapacité à maitriser ses compulsions, dont celle de communiquer le plus souvent possible par internet ou par téléphone avec ses proches. Il est conscient de l'individualisme auquel nous pousse ce monde, de l'égocentrisme et de l'orgueil que peuvent impliquer son intelligence et sa liberté à ne pas obéir aux normes. Ce n'est pas qu'il arrive à ne juger personne, ou à ne pas faire preuve d'un humour sarcastique quand trois jeunes pimbêches se moquent ouvertement de ses gestes maladroits dans un bus. Ce n'est pas un pur esprit, un handicapé comme on les montre souvent dans les médias ou les livres, à savoir un être innocent et détaché, presque angélique car c'est toujours plus confortable de ne pas voir la personne handicapée comme humaine et donc affectée elle aussi de défauts.

Il n'y a pas de livres indispensables bien sûr, mais ce livre fait du bien à l'âme...

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