Nada de Carmen Laforet

Nada de Carmen Laforet
(Nada)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Eoliah, le 1 janvier 2011 (Inscrite le 27 septembre 2010, 73 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 282ème position).
Visites : 4 471 

Barcelone après la guerre civile

Carmen Laforet a écrit et publié ce texte en pleine période franquiste. La romancière y met en scène une jeune fille, Andréa, 18 ans, débarquant à Barcelone pour y étudier à l'université. Orpheline, Andréa est accueillie en ville par sa grand-mère, ses oncles et tantes, qui tous partagent un vaste appartement bourgeois dont l'état de délabrement ne reflète plus rien de leur ancienne richesse. Une sordide et médiocre assemblée de spectres, déliquescents et pervers, rancuniers et destructeurs, obéissant à des pulsions mauvaises.
J'ai bien aimé ce roman malgré un début qui donne l'impression d'une traduction laborieuse.

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Littérature.

6 étoiles

Critique de Mimi62 (Plaisance-du-Touch (31), Inscrit le 20 décembre 2013, 71 ans) - 19 juillet 2020

Quelques longueurs. Un milieu étouffant, une jeune fille qui rêve d'une autre vie, d'une vraie vie. A mettre en parallèle avec le souhait du peuple espagnol de se sortir de l'étau politique dans lequel il se trouvait.

Je n'ai pas été passionné par ce roman, il tient plutôt, à mes yeux, d'un témoignage d'une époque. C'est la fin d'une époque, la fin d'une sorte d'aristocratie avec ses richesses et ses principes, c'est la gestation d'un autre monde qui attendra la fin du franquisme pour éclore.

Ce n'est nullement une lecture plaisir.
Ce type d'ouvrage m'interroge sur ce que l'on appelle la littérature. A chaque fois que je croise un ouvrage reconnu comme appartenant à ce genre, je trouve quelque chose à la limite de l'ennuyeux où les choses tournent en rond, se ressassent où, une fois la dernière page tournée, on se rend compte que le contenu se résume en quelques lignes.
Il faut alors tenter d'aborder l'écriture... là aussi on se traîne,rien de pétillant ou de sobrement touchant.
On est loin de l'ennui que j'ai trouvé dans "A la recherche du temps perdu" où je n'ai jamais pu dépasser trente pages mais il faut s'armer de persévérance pour atteindre le terme.

Un des meilleurs romans espagnols du XXème

9 étoiles

Critique de Bebmadrid (Palma de Mallorca, Inscrit le 29 novembre 2007, 44 ans) - 27 décembre 2011

J'ai lu Nada il y a quatre, cinq ans déjà mais ce roman m'a laissé un souvenir impérissable.
L'arrivée à Barcelone, les attentes placées par Andrea en cette nouvelle vie, un mélange subtil d'aigreur, d'humour et de désenchantement. Et l'ambiance pesante, les années 30, les rues de Barcelone... Bref, un régal!
Je ne sais pas si le roman perd de l'intensité dans sa traduction en français mais je recommande à tout le monde ce roman considéré en Espagne comme un classique du XXème siècle.

La trouble attirance du néant

10 étoiles

Critique de Camarata (, Inscrite le 13 décembre 2009, 72 ans) - 7 septembre 2011

A la fin des années 30, peu après la guerre civile, Andrea jeune orpheline provinciale se rend à Barcelone pour poursuivre ses études . Elle a longtemps idéalisé la ville comme le lieu de tous les possibles, même si la famille qui l’accueille avec réticence n’a rien d’exaltant. Elle est dirigée d’une main de fer par la tante Augusta, vieille fille bigote hypocrite et autoritaire, son oncle Juan artiste sans talent y vit avec sa femme Gloria, fille du peuple honnie par Augustia qui se targue d’appartenir à la bourgeoisie alors qu’ils sont à deux doigts de la misère. Juan défoule son amertume d’artiste raté en tabassant régulièrement Gloria, sous les yeux de leur jeune enfant et des membres de la famille.
La grand mère une douce petite vieille, trop tolérante aux yeux d’Augustia l’inquisiteur, tente de faire marcher cette ménagerie de serpents avec des caresses et en se privant au besoin de nourriture.
Andrea est immédiatement fascinée par son autre oncle Roman, musicien raté malgré son talent, nihiliste bourgeois, qui exerce sur tous les membres de la famille une attirance trouble et une influence perverse.
Attiré par la fraîcheur et l’ouverture d’esprit de sa nièce Andrea, Roman lassé de ses proies rancies, tente de la rallier à sa cause (le néant), de l’amener à adopter son point de vue cynique et désabusé :

« Tu n’a donc pas compris que je les fait marcher tous ,que je disposes de leur vie,de leurs nerfs, de leurs pensées ?... Si je pouvais t’expliquer que parfois je suis sur le point de rendre Juan fou !.. Mais ne t’en es-tu pas aperçue ? Je tire les fils de sa raison de son cerveau, au point de presque les rompre …À le voir crier les yeux exorbités, j’en arrive à me sentir ému. Si tu éprouvais une fois cette émotion, si étrange, si épaisse, tu me comprendrais. Songe que d’un mot, je pourrais le calmer, l’apaiser, faire de lui ma chose, en obtenir un sourire .Tu le sais ? Non ? Si, tu sais parfaitement à quel point il est à moi, à quel point il se traîne après moi, à quel point je le maltraite. Ne me dis pas que tu ne t’en es pas rendu compte. Mais moi je ne veux pas le rendre heureux. Je le laisse aller comme ça, jusqu’à ce qu’il s’écroule de lui-même. Et je laisse aller les autres, toute l’existence de cette maison, malpropre comme une eau trouble.
Quand tu y auras vécu plus longtemps , cette maison et l’odeur de cette maison , et toutes les vieilleries qui y sont, si tu es comme moi , elles s’empareront de ta vie …Et tu es comme moi… Dis,ne me ressembles-tu pas ?



Malgré cette ambiance délétère, Andrea est ivre de liberté, à la fac elle fait connaissance d’une jeune fille de la grande bourgeoisie Ena et devient son amie . Elle est éblouie par sa beauté, son assurance, son charisme, elle qui se sent terne, pauvre et provinciale.
Elle se coule dans son sillage avec l’avidité des passions adolescente mais le charme va se fissurer quand Ena fera connaissance de son oncle Roman et se prendra dans les filets du pécheur-precheur maléfique.

L’auteur décrit les sentiments qui agitent ces personnages avec une précision et une honnêteté intellectuelle étonnante à cette époque et sous le régime fasciste de Franco.
Elle n’omet rien, n’édulcore rien des travers de ces êtres médiocres, serviles, manipulateurs.
Ce n’est absolument pas une écriture mièvre et « féminine » et même à notre époque, ce roman captive immédiatement par une vérité qui jaillit à chaque phrase, à chaque mot
Seule la fin semble artificielle et plaquée, hollywoodienne, peut-être une concession au régime en place.

Ce roman met en jeu les relations entre une petite bourgeoisie désargentée et déliquescente celle de la famille d’Andrea et une bourgeoisie aisée et cosmopolite celle d’Ena qui incarne le progrès.
Le milieu populaire est présenté sous les traits peu flatteur de de la bonne Antonia, laide et folle, et de Gloria femelle sensuelle et soumise, toute deux incarnation de la supposée bestialité du peuple.
La religion est omniprésente avec Antonia la bigote terroriste, mais également dans l’ambiance sulfureuse, remplie des pires péchés supposés ou réels, qui entourent Roman, on se croirait parfois dans un tableau de Goya.

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