L'Enfant de tous les silences de Kim Edwards

L'Enfant de tous les silences de Kim Edwards
(The memory keeper's daughter)

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Enparenthese, le 5 décembre 2010 (Inscrite le 5 décembre 2010, 49 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 603ème position).
Visites : 4 564 

Une saisissante histoire de famille

Je vous préviens, préparez-vous à être aspiré par une histoire de famille… mais pas de ces histoires d’héritages, de jalousies ou de passions longtemps restées secrètes, non…. Une histoire de « tripes » : de ces humanités ambivalentes, de ces sentiments contradictoires et de ces passés ancrés qui vous tenaillent et vous façonnent…malgré vous ?

Tout commence par une nuit d’hiver, Norah est prête à donner naissance, non pas à un enfant, mais, à deux nouveaux êtres prêts à crier leur arrivée sur terre. Ce sont des jumeaux. Le papa, David, médecin de surcroît et jouant son propre rôle ce soir-là, s’aperçoit vite que le 2ème bébé est atteinte de trisomie 21. Sa décision est prise en un éclair : convaincu que sa femme ne le supportera pas, il déclare que le bébé est décédé et il le donne à son infirmière, Caroline, en lui intimant l’ordre de l’emmener dans un centre spécialisé. Cette dernière obtempère mais, arrivée au centre à la mine délabrée et, secrètement amoureuse du médecin, elle décide d’élever seule la petite fille. L’engrenage est parti… Tout le livre déroule subrepticement « cette pellicule de froid, aussi fine et friable que de la glace en formation, gelant les images du passé ». Les murs de silence se dressent, l’enfermement de chacun s’intensifie, le passé prend en tenailles… les années passent, se déchirent et renaissent.

Un excellent roman (un premier roman qui plus est !) qui s’attache à transcrire d’une manière à la fois juste et violente ce qui se passe dans des têtes et dans des coeurs si humains soient-ils. Il n’y a pas de méchants, il n’y a pas de gentils, il y a des Hommes qui subissent, des relations qui se figent, des présents qui n’affrontent pas des passés.

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Les éditions

  • L'enfant de tous les silences [Texte imprimé] Kim Edwards traduit de l'anglais (États-Unis) par Évelyne Jouve
    de Edwards, Kim Jouve, Évelyne (Traducteur)
    le Livre de poche / Le Livre de poche
    ISBN : 9782253133292 ; 1,77 € ; 02/06/2010 ; 535 p. ; Broché
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Lecteur aisée, thème délicat

7 étoiles

Critique de Mimi62 (Plaisance-du-Touch (31), Inscrit le 20 décembre 2013, 71 ans) - 29 avril 2020

Un sujet sensible assez bien traité avec une écriture agréable.
L'ouvrage est assez long, près de 600 pages mais on ne s'ennuie pas même si 100 à 150 pages de moins n'auraient nullement nui au roman.

Diverses questions se posent à travers ce récit.
L'influence de l'enfance sur le comportement adulte, le souci de protéger ceux que l'on aime et de faire pire que mieux, l'acceptation du handicap, l'adoption, l'abandon, le deuil, l'enfant non handicapé dans une fratrie avec un autre handicapé.

Rien d'original dans le sujet et c'est peut-être pour cela que j'aurais aimé qu'il fût un peu moins long ou alors il aurait peut-être été possible d'approfondir les ressentis de chacun, essentiellement de Paul. Remarque qui n'est toutefois pas une critique car en approfondissant, on aurait peut-être eu un livre plus dense qui n'aurait pas laissé libre court à la réflexion qui, ici, peut se conduire sur l'interprétation des réactions de chacun.

Comme à l'habitude, certains critiqueront la fin qui est plutôt consensuelle. Cela ajoute une réflexion supplémentaire, pourquoi, chez certains, ce besoin qu'un bon livre doit se terminer dramatiquement.
Ce qui me gêne plus c'est le choix de l'éditeur en ce qui concerne la photo de certaines éditions. On y voit une superbe petite fille blonde aux yeux bleu clair, particulièrement mignonne mais sans rapport avec Phoebe. Je trouve que c'est une façon de nier le handicap de Phoebe alors qu'il est l'un, pour ne pas dire, LE, des noeuds de l'histoire.

Un livre que je ne rangerais pas dans ceux "A lire" mais dans ceux qui proposeront un moment de lecture agréable, presque un roman de plage.

Touchant mais avec une pointe d'eau de rose

7 étoiles

Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 50 ans) - 9 février 2013

Dès les premières lignes, j’ai été accroché par l’écriture simple mais porteuse d’ambiance et d’émotion. La quiétude chaleureuse de la maison est bouleversée par les contractions précoces de Norah. David est obligé d’accoucher lui-même son épouse car le gynécologue est bloqué par la neige. Sortent un petit garçon puis une petite fille trisomique, en 1964 à une époque où la prise en charge de ces enfants est rudimentaire. Hanté par le souvenir de sa petite sœur, malade et morte adolescente, David décide d’épargner ce chagrin à sa femme et de lui annoncer que sa fille est morte née. Caroline, l’infirmière chargée de la placer dans une institution spécialisée choisit d’élever l’enfant comme sa propre fille.

A partir de cette mise en situation, peut-être un peu artificielle, Kim Edwards va dérouler la vie de ce couple, empoisonné par un mensonge. La séparation morale entre de Norah et David est également liée à l’émancipation de Norah qui abandonne le rôle de femme au foyer docile pour construire sa vie professionnelle. Les difficultés d’adolescent de leur fils Paul dans les relations avec son père s’en trouvent encore amplifiées..
C’est remarquable d’humanité et de psychologie à bien des égards et on est d’autant plus frustré que l’autre versant du livre, la vie de Caroline et de Phoebé soit le reflet d’un bonheur parfait où les obstacles et dissensions se lèvent comme par magie. J’ai également été un peu déçu par la fin, un peu trop facile : à mon sens la découverte par Norah de sa fille Phoebé aurait dû être beaucoup plus dévastatrice psychologiquement pour tous les protagonistes.
Mais sans doute ne fallait-il pas être trop pessimiste pour assurer le succès du livre !
A lire tout de même pour la beauté évocatrice de la langue et l’humanité qui s’en dégage.

Secret de famille

8 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 65 ans) - 4 mars 2012

Norah et David Henry vivent un parfait bonheur. Ils attendent leur premier enfant qui arrivera avec trois semaines d'avance, et en pleine chute de neige, rendant impossible le transport jusqu'à l'hôpital et la venue du gynécologue. Alors, David, va accoucher son épouse, assisté de Caroline Gill, l'infirmière du dispensaire, jeune femme secrètement amoureuse du jeune orthopédiste.
Tout se déroule parfaitement bien mais après la naissance d'un magnifique petit garçon, de nouvelles et violentes contractions annoncent la venue d'un deuxième enfant. La maman anesthésiée, le papa reconnait dans la petit fille qui nait les traits d'une enfant trisomique.
En quelques secondes, il va revivre la vie de sa propre petite soeur, atteinte d'une grave malformation cardiaque, sa mort à l'âge de 12 ans et surtout le chagrin de sa propre mère.
Sa décision est alors prise; il veut à tout prix protéger la femme qu'il aime de cet immense et inconsolable chagrin; il confie l'enfant à l'infirmière et au réveil de son épouse, lui annonce que sa petite fille était "bleue".
Mais de retour dans leur foyer, ni l'un ni l'autre ne parviendra à oublier. Norah désirant voir le corps de sa fille, organisant une cérémonie funéraire en sa mémoire pour essayer de faire le deuil de cette enfant. David, dissimulant sa propre détresse dans son travail et son amour pour son fils.

Doucement, insidieusement, nous assistons à la dégradation des relations entre ces trois êtres "amputés" d'une partie de leur famille, englués dans les non-dits, n'arrivant pas à communiquer; David ne pouvant pas avouer la vérité à sa femme et à son fils, se réfugiant dans la photographie.

Pendant plus d'une vingtaine d'années, nous suivrons la vie de la famille Henry et en parallèle celle de Caroline Gill et de "sa" petite Phoebe. Cette petite fille qui lui donnera la force de se battre pour l'intégration des handicapés dans les écoles, et qui lui donnera tellement de bonheur.

Beaucoup de tendresse dans ce roman, d'amour, d'incompréhension, de malentendus comme il en existe dans toutes les familles, racontés avec finesse et une sensibilité qui permet de s'attacher à tous ces personnages.
Je ne sais pas exactement pourquoi ce livre m'a fait penser à ceux de Rosamunde Pilcher; probablement une ambiance un peu "british".
J'ai trouvé curieux le titre américain "La fille du gardien de la mémoire" et je trouve la traduction plus juste.
Une très jolie et touchante découverte que ce roman qui a été un best-seller aux états-unis.

Le poids du silence … sur toute une vie.

9 étoiles

Critique de Monde imaginaire (Bourg La Reine, Inscrite le 6 octobre 2011, 51 ans) - 28 février 2012

Je suis entièrement d’accord avec la critique précédente.
C’est vraiment un très bon roman qui a le mérite d’être très fouillé au niveau de la personnalité des personnages.
On assiste à la lente destruction d’une famille suite à un très gros secret qui va peser sur chacun de ses membres pendant toute leur vie.
L’écriture est belle, simple et poétique. J’avoue avoir pris beaucoup de plaisir à le lire car on ne peut s’empêcher de se demander nous aussi : qu’aurions-nous fait à leur place ?
Les pages s’enchaînent devant ce drame qui a fait basculer la vie de chacun. A conseiller !

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