Sale boulot de Larry Brown

Sale boulot de Larry Brown
(Dirty work)

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par El grillo, le 26 juillet 2010 (val d'oise, Inscrit le 4 mai 2008, 50 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 083ème position).
Visites : 3 404 

Dirty work, Good job

Présentation de l'éditeur:
"Braiden Chaney n'a plus ni jambes ni bras. Walter James, lui, n'a plus de visage. Ils les ont tous deux perdus au Viêt-nam. L'un est noir, l'autre est blanc. Vingt-deux ans plus tard, ils se retrouvent dans la même chambre d'un hôpital pour vétérans dans le Mississippi. En l'espace d'une très longue nuit, ils se racontent ce qu'ils étaient, ce qu'ils sont devenus, ce qu'ils pourraient devenir et, surtout, ce qu'ils attendent l'un de l'autre."

Brown ou comment traduire de l'émotion pure avec les mots les plus basiques. C'est du grand art. D'un chapitre à l'autre, on a le point de vue de chacun des deux éclopés. Eclopés de la guerre, éclopés de la vie tout court. Ces points de vue sont simples voire simplets, mais l'intensité qui s'en dégage est maximale pour un plaisir de lecture qui ne l'est pas moins.
Cet instantané de vétérans de guerre est épuré mais riche de messages.
Excellent.

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jusqu'au bout de la nuit

9 étoiles

Critique de Ellane92 (Boulogne-Billancourt, Inscrite le 26 avril 2012, 48 ans) - 5 décembre 2012

Ca fait vingt ans que la guerre du Viet Nam est finie. Walter y a perdu son visage, et y a gagné du plomb dans la cervelle (au sens propre), ce qui lui provoque des accès d'inconscience. Dans le coma, il est emmené dans un hôpital pour vétérans du Mississippi. Il se réveille dans la chambre de Braiden. Braiden aurait bien les bras qui tombent en découvrant la tête de Walter (ou il prendrait ses jambes à son cou), sauf qu'il n'a plus de bras ni de jambes. Il a passé 22 ans sur le dos dans cet hôpital, alors il s'imagine grand chef d'un village d'Afrique, le pays de ses ancêtres, ou parlant avec Jésus. Et puis il y a Diva, sorte d'ange noir en uniforme blanc, l'infirmière qui s'occupe de Braiden, lui amène des bières et du cannabis. Braiden et Walter vont passer toute une nuit à parler, ou se taire, à revivre, à se découvrir et à se reconnaitre.

J'ai trouvé ce roman très dur à lire, et à plus d'un titre. Concernant la forme, j'ai eu quelques surprises. L'alternance des voix de Braiden et de Walter n'est pas systématique, et l'utilisation du je narratif conduit parfois à se demander quel est le protagoniste du chapitre. Ensuite, l'auteur a voulu reproduire le niveau de maitrise du langage de ses personnages. On se retrouve donc dès le départ avec des constructions de phrases qui gênent un peu la lecture : "Voilà à quoi les choses auraient ressemblé s'il y aurait pas eu les négriers, il y a trois cent ans. Si j'aurais vécu en Afrique et que j'aurais eu un fils et que j'aurais été un roi dans mon pays".
Et surtout, j'ai trouvé ce livre très dur dans ses propos. On nous livre des tranches de vie de gens simples, presque frustres, face à la violence d'un monde fou. L'émotion nous explose à la figure, et l'on n'a pas le temps de s'en remettre qu'une nouvelle tranche arrive à son tour. C'est dur à lire, ça fait mal, et c'est beau. Avec des mots et des phrases simples, c'est de l'émotion pure que nous livre Larry Brown. C'est noir, très noir, autant que la peau de Diva, mais on continue à lire, fasciné comme peut l'être Walter par le froufrou des bas nylon qui couvre les cuisses de Diva quand elle marche. En une nuit, tout est dit, sur la vie, la mort, l'amitié et l'amour, et surtout, sur la solitude.
Et quand le livre se termine, il n'y a rien à ajouter.

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