Fallouja ! de David Bellavia

Fallouja ! de David Bellavia

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Coutal, le 5 juillet 2010 (Inscrit le 11 juin 2007, 36 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 633ème position).
Visites : 3 971 

Au coeur de la bataille de Falloujah

En novembre 2004, le sergent Bellavia se trouve au coeur de la fournaise mondialement couverte par les médias : la bataille de Falloujah.
Au sein de son équipe, Bellavia va progresser de maisons en maisons pour chasser les rebelles islamistes.
J'apprécie les récits de combattants, de toutes les époques et de toutes les nations. Ca m'a donc fait plaisir de pouvoir lire un récit sur la bataille de Falloujah. L'auteur nous plonge bien dans l'ambiance de la bataille, décrit bien les combats, et on sent bien le côté "maison par maison" (house to house est le titre original). En plus des descriptions de combat, l'auteur nous gratifie de mille et une anecdotes de combattants, que j'apprécie dans les récits de soldats et qui en font toute la saveur.
Les côtés négatifs : une carte des opération n'aurait pas été de trop pour nous faire comprendre la progression des troupes. J'ai dû chercher une carte sur internet, et là aussi j'ai eu du mal. Ensuite, l'auteur nous décrit seulement quelques jours de bataille (les premiers). Il évoque la fin de la bataille juste en épilogue.
Et puis, une remarque sur le fond, ce que j'ai le plus à critiquer sur ce livre : le manque total de profondeur dans la réflexion de l'auteur et de son engagement. C'est peut être évocateur de l'état d'esprit des soldats américains d'aujourd'hui, mais on dirait que l'auteur fait cette guerre sans se poser la question de POURQUOI il la fait. Ah si ! il nous raconte qu'un jour il s'est fait cambrioler sans rien pouvoir faire et qu'il a eu honte devant son papounet. Et du coup il a décidé d'entrer dans l'armée pour prouver à Papa qu'il est un homme. On remarque chez lui aussi une méconnaissance et un mépris total des irakiens. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Pourquoi combattent-ils ? Il s'en fiche un peu. Il n'est pas là pour réfléchir à ça.
Bref, un témoignage bien rempli mais dont le fond intellectuel laisse à désirer.

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Ce besoin impérieux de vivre l'enfer

9 étoiles

Critique de Ayor (, Inscrit le 31 janvier 2005, 51 ans) - 22 août 2014

Ce qui frappe en premier lieu, c'est l'absence de patriotisme exagéré que l'on peut généralement retrouver chez les soldats américains, et également ce besoin impérieux de combattre un ennemi qui se résume du point de vue de l'auteur à des fanatiques prêts à tout pour éradiquer l'envahisseur, y compris au sacrifice.

Mais ce qui choque encore davantage, et qu'explique bien le sergent-chef David Bellavia, c'est ce choix qu'il fait au détriment de sa famille et de tout le reste d'ailleurs, afin de rejoindre l'armée et ses frères d'arme qu'il considère quasiment comme sa "vraie famille". Certains passages sont réellement poignants, mais restent hors de portée (pour ma part) quant au besoin d'aller risquer sa vie, d'abandonner les siens pour défendre une cause dont au fond il n'explique pas grand chose. Quels que soient les ordres qu'ils reçoivent, lui et ses hommes vont au front dans cette guérilla urbaine destructrice en vies humaines, prêts à tous les sacrifices, à tous les traumatismes inhérents à la guerre.

Une fois dans la ville de Fallouja, l'avancée de son unité reste il est vrai assez floue, mais à la limite peu importe, l'essentiel résidant dans cette intensité incroyable, cette peur et cette volonté de se dépasser pour rester avec ses compagnons au milieu du feu nourri de l'ennemi. Le paroxysme de ces situations se révèle dans les combats au corps à corps qu'il doit livrer, et qu'il nous raconte à travers plusieurs chapitres, il est vrai palpitants.

Ce qui peut surprendre aussi c'est cette mémoire extraordinaire dont il fait preuve, tant la chronologie et les détails des combats et des dialogues sont d'une grande précision. Cela s'explique peut-être par l'exacerbation des sentiments qui produit un effet choc et marque de façon indélébile l'esprit humain.

Cette œuvre, au demeurant bien écrite, mérite le détour et nous fait incontestablement réfléchir sur les motivations d'un fantassin de l'armée américaine.

LA GUERRE EST UNE SALOPE, ENFILEZ VOTRE CASQUE...

10 étoiles

Critique de Septularisen (Luxembourg, Inscrit le 7 août 2004, 56 ans) - 27 avril 2011

Dans la nuit du 6 au 7 novembre 2004, les forces américaines donnent l’assaut à la ville de Fallouja, à soixante kilomètres de Bagdad. A l’intérieur plus de 3000 combattants islamistes fanatisés se sont retranchés, transformant la ville en véritable souricière truffée de pièges, de mines, de snipers, de barricades, des mitrailleuses, de maisons piégées prêtes à exploser…

Pour les soldats américains pas d’autre choix que d’investir la ville, et de la «nettoyer» de ses insurgés, rue par rue, place par place, bâtiment par bâtiment, immeuble par immeuble, maison par maison…

Pour les hommes de la section d’infanterie mécanisée commandée par le Sergent-chef David BELLAVIA, c’est l’enfer sur terre.
Malgré leurs véhicules de transport blindés chenillés, l’appui des chars Abrams, leur armement ultramoderne, leur force de frappe appuyée par des avions, des hélicoptères, l’ artillerie, leur supériorité tactique, il n’y a rien à faire pour les soldats américains, leur offensive se heurte à des dizaines d’insurgés invisibles et déchainés complètement fanatisés, et sous l’influence de la drogue, qui n’ont absolument peur de rien et surtout pas de mourir…

Ce livre vaut surtout comme témoignage de première main, tout ce que l’auteur raconte, l’auteur l’a vu, vécu, fait, subi… Le récit est absolument hallucinant et certaines pages, notamment quand l’auteur raconte ses combats au corps à corps avec l’ennemi sont très crues et d’une rudesse incroyables..

L’écriture est simple et se lit facilement, l’auteur ne cherche pas à faire dans le style ou les fioritures, il rapporte les faits et rien que les faits. Bien sûr ce n’est pas un écrivain, c’est un soldat et rien que cela, il écrit donc en soldat…

On est littéralement retourné par la lecture de ce livre, ce que raconte David BELAVIA, est proprement renversant, à la limite du supportable et pourtant tout est rigoureusement vrai, tragiquement vrai, incroyablement vrai…
On découvre un soldat, un guerrier qui n’a d’autre objectif que de tuer l’ennemi, sans aucune pitié. Mais on découvre aussi un être profondément humain, il se fiche de faire le «sale boulot» de son pays, il se bat avant toute chose pour essayer de garder les hommes de sa section, «ses» hommes en vie, ces hommes qui représentent tout pour lui…

Un livre à lire, un livre à dévorer , pour tout ceux qui croient que la guerre «propre» avec «zéro pertes» existe vraiment!...

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