Dans ma peau de Guillaume de Fonclare

Dans ma peau de Guillaume de Fonclare

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Paofaia, le 14 mai 2010 (Moorea, Inscrite le 14 mai 2010, - ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (39 792ème position).
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Dans ma peau
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En exergue:

La gloire a sillonné de ses illustres rides
Le visage hardi de ce grand Cavalier
Qui porte sur son front que nul n'a fait plier
Le hâle de la guerre et des soleils torrides.

José Maria de Heredia Les Trophées ( 1893)

Que dire.. c'est un texte, découvert grâce à l'émission littéraire du Masque et la plume, qui m'a tellement marquée par sa dignité, tant dans l'écriture que dans ce qui est décrit, que j'ai bien du mal !
Guillaume de Fonclare est directeur de l’Historial de la Grande Guerre à Péronne, dans la Somme.Il est par ailleurs atteint d'une maladie auto-immune, qui, jour après jour, le diminue un peu plus en le faisant de plus atrocement souffrir.
Dans ce livre peut être testamentaire ( bien qu'il dise bien sûr vouloir continuer à écrire , tout en ne sachant pas de combien de temps il va encore disposer), on ne peut parler de parallèle entre les jeunes soldats morts par milliers dont les tombes l'entourent et sa propre souffrance, ce serait trop simpliste. Mais il existe et il ne le nie pas. Il parle en particulier de sa possibilité à lui de parler ( pas toujours , pas vraiment, car c'est très difficile de parler de douleur) alors qu'eux, même rescapés, ont été contraints au silence.
Il parle aussi de l'importance de la littérature dans la construction de soi,de l'acceptation et de l'humilité,de ce qui aide à vivre, minute après minute, et c'est magnifique d'émotion maitrisée.

Extrait:

C'est le musée qui m'a sauvé ,sauvé de la dépression, du désespoir, c'est le musée qui a allumé en moi cette petite flamme que désormais, j'aurai tout le temps de faire grandir. Au travers de la souffrance de cette multitude, c'est ma souffrance que j'ai appris à respecter et à accepter. Il n'y a pas de leçon de morale dans ce constat; je n'ai pas fait taire mes douleurs parce que j'en ai rencontré de plus grandes. Non, ma douleur est là, elle n'a pas faibli; il n'y a pas de souffrance plus grande que d'autres. Le musée m'a appris la décence, le courage, l'humilité, le pardon et l'espoir. C'est ici que j'ai construit ce qui me fera demain, c'est ici que j'ai appris à être un homme, pleinement un homme et seulement un homme.
Depuis cinq ans, mon corps est en zone rouge, dans cette zone où destruction et espoir se combattent. Je ne saurais dire à quel moment j'ai dépassé les limites, et je ne saurais dire où se trouvent ces limites. Est-ce l'une de mes cellules qui a d'abord sonné la révolte, ralliant à sa cause des milliards de partisans? Ou bien est-ce au fond de mon cerveau qu'un reptile endormi, réveillé par un mauvais rêve, s'est ébroué si violemment qu'il a mis mes neurones sens dessus dessous et mes nerfs à nu? Même si on m'annonce l'impossibilité de reconstruire, je reconstruirai. Je reconstruirai une vie susceptible d'être vécue par mon corps malade, qui me trimbale depuis si longtemps que je lui dois bien de le trimbaler à mon tour. Nous irons donc à son rythme, j'apprendrai à entendre ses plaintes, à les comprendre et à les soigner de mon mieux. Si nous avançons cahin-caha, je n'aurai cure des quolibets et des lazzis; un pas vers l'autre, nous avancerons vers un plus loin que j'ai appris à ne plus redouter; et j'aurai appris à vivre dans ma peau.

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Belle écriture

5 étoiles

Critique de Kabuto (Craponne, Inscrit le 10 août 2010, 63 ans) - 9 juillet 2011

Un homme malade se voit bientôt contraint de quitter son travail à l’historial de la grande guerre de Péronne. Il raconte ses souffrances, ses états d’âme et ses peurs. En écho, la grande guerre et son cortège d’horreur, de mutilés et de morts lui donne la force d’affronter son destin. Le tout est porté par une écriture forte et précise qui sert à merveille son propos. Un sujet fort peut-être un peu trop grave pour que je l’apprécie vraiment.

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