Jeanne relapse et sainte de Georges Bernanos

Jeanne relapse et sainte de Georges Bernanos

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Shelton, le 15 avril 2010 (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 67 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (3 717ème position).
Visites : 5 954 

Une littérature qui secoue !!!

Ce petit pamphlet a été écrit en 1934, c’est à dire au moment où la France qui s’est à peine remise de la première guerre mondiale commence à comprendre que l’avenir n’est pas rose, sa démocratie est corrompue, que les idéologies politiques vont s’affronter dans un combat à mort qui risque de détruire plus que les simples protagonistes. C’est aussi le moment où le nationalisme est en train de prendre une énergie indiscutable…

Georges Bernanos, plutôt nationaliste de droite même s’il est toujours très délicat de le classer d’une façon ou d’une autre, est en fait apeuré par ce qui lui paraît dangereux : un monde athée, un refus de la foi, un manque de confiance dans l’avenir, une fermeture à la jeunesse… Qui mieux que Jeanne d’Arc pourrait incarner ces valeurs qu’il veut défendre ? Il ne propose pas une Jeanne lisse et obéissante que l’Eglise ou la société donnerait en modèle à tous ceux qui veulent changer l’ordre établi…

Jeanne est jeune, innocente et elle est en dehors de toute manipulation. Pour elle les choses vont de soi : les politiques doivent prendre leurs responsabilités, les religieux doivent sortir de leurs livres et se consacrer à leur foi, les adultes doivent aider les jeunes… Si chacun fait son travail, remplit sa mission, alors tout rentrera dans l’ordre…

Dépassant le cadre de Jeanne, Georges Bernanos arrive à l’Eglise. Il refuse indiscutablement une institution humaine pourrie par le pouvoir, les luttes d’influence, les conflits… il veut une communauté des saints, il sait qu’elle finira par venir…

«Car l’heure des saints vient toujours. Notre Eglise est l’église des saints. Qui s’approche d’elle avec méfiance ne croit voir que des portes closes, des barrières et des guichets, une espèce de gendarmerie spirituelle. Mais notre Eglise est l’église des saints. Pour être un saint, quel évêque ne donnerait son anneau, sa mitre, sa crosse, quel cardinal sa pourpre, quel pontife sa robe blanche, ses camériers, ses suisses et tout son temporel ?»

La sainteté est une aventure que Jeanne a courue au lieu de rester paisiblement dans sa Lorraine. Georges Bernanos lui envie sa jeunesse, son innocence, son aventure, sa foi… et, par-là même, il nous invite à retrouver un christianisme dynamique, agissant et indifférent aux pouvoirs et honneurs…

Une écriture incisive, pertinente et dynamique nous secoue durant une petite centaine de pages. Je ne suis pas assez spécialiste de Bernanos pour oser affirmer s’il s’agit bien là de son meilleur ouvrage, mais, par contre, je ne peux que vous inviter à le découvrir et cette lecture ne laissera personne indifférent. Elle fera jubiler ou se révolter, mais c’est très probablement ce que voulait l’auteur en écrivant ces lignes…

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Jésus, Marie et Jeanne.

10 étoiles

Critique de Maranatha (, Inscrit le 17 janvier 2019, 52 ans) - 6 janvier 2020

Bon ! bon !

Ce genre de livre est très particulier pour plusieurs raisons.

J'ai une grande vénération pour Jeanne sur laquelle je lis beaucoup de choses.

Nous sommes le 6 janvier et la Providence fait que c'est l'anniversaire de Jeanne.

Et Bernanos est un écrivain catholique remarquable et ses oeuvres sont toujours passionnantes et inspirantes.

Il faut savoir que Bernanos étaie marié avec une femme qui était une descendante de Jeanne par un de ses frères.

Tout est lié et ce livre rend un court hommage a celle que l'Eglise a condamné à une mort infamante.

Sauf que l'Histoire n'oublie jamais rien et que quelques siècles après sa mort elle sera sanctifiée et honorée du titre de co-patronne de la France avec la Sainte Vierge et Thérèse de Lisieux.

Jeanne est tellement fantastique et Bernanos est sous le charme, il rend un bel hommage à la Pucelle au travers de 70 pages qui condamnent le clergé de l'époque, ses clercs qui unanimement ont assassiné Jeanne et replace la Pucelle au centre de l'histoire.

Je ne peux m'empêcher de mettre ces quelques lignes du radio-message de Pie XII le Radio-message à la France du 25/06/1956 pour le cinquième centenaire de la réhabilitation de Jeanne :



Et s'il peut sembler un moment que triomphent l'iniquité, le mensonge et la corruption, il vous suffira de faire silence quelques instants et de lever les yeux au ciel pour imaginer les légions de Jeanne d'Arc qui reviennent, bannières déployées, pour sauver la patrie et sauver la foi.

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