Noirs dans les camps nazis de Serge Bilé

Noirs dans les camps nazis de Serge Bilé

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Essais , Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par Miss teigne, le 30 novembre 2009 (Inscrite le 6 mars 2008, 42 ans)
La note : 7 étoiles
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Les Oubliés des camps de concentration allemands

Serge Bilé, journaliste franco-ivoirien à la RFO-Martinique, présente un essai portant sur la présence des Noirs dans les camps de concentration allemands durant la seconde guerre mondiale. Il revient d’abord sur l’ancêtre des camps avant de traiter l’introduction des Noirs en Allemagne et leur enrôlement dans les armées françaises et américaines, entre autres. Suivent les témoignages de déportés noirs et un focus sur la neutralité qu’Haïti conservera au début du conflit pour l’abandonner ensuite.

Les camps concentrationnaires tels qu’ils sont apparus à la Libération étaient des versions plus élaborées et à plus grande échelle des konzentrationslager installés en Namibie en 1904. C’est là en effet que les colonies allemandes débarquées en 1870 ont fait leur classe en matière de génocides avec l’extermination des Herero, ethnie qui s’est rebellée contre l’oppression du pouvoir en place. La population réduite en esclavage pour recueillir les richesses du sous-sol subit les travaux forcés, la malnutrition, les tortures et les premières expériences de stérilisation. On y rencontre des personnages tels Eugen Fischer, qui à l’avènement de Hitler dirigera l’institut d’anthropologie, d’hérédité humaine et d’eugénisme de Berlin et qui aura un temps pour assistant le tristement célèbre Josef Mengele.

L’immigration des Noirs en Allemagne s’est faite en plusieurs étapes. Les premiers Africains sont arrivés à bord des bateaux négriers pour être exploités d’une manière ou d’une autre. La deuxième vague d’immigrés servait d’attraction dans des exhibitions exotiques, euphémisme désignant les zoos humains. La troisième vague, quant à elle, était constituée d’immigrés volontaires généralement issus de la bourgeoisie africaine venus poursuivre leurs études à Berlin et investis d’un surprenant patriotisme envers le Reich. Malheureusement, peu de portes s’ouvrent devant eux et faute de mieux ils deviennent artistes et musiciens… jusqu’à ce qu’à la veille de la seconde guerre mondiale, il leur soit refusé d’apparaître sur une scène publique, et que même le jazz soit interdit de diffusion à la radio. Les mariages mixtes sont bannis et annulés en vertu des Lois de Nuremberg qui s’appliquent essentiellement aux personnes ayant du sang juif mais aussi du sang noir. Et lorsque éclatera la seconde guerre mondiale, les Noirs ne subiront pas un sort plus enviable que celui des Juifs…

Quelques historiens reprochent à Serge Bilé son manque de rigueur historique et ses égarements. Toutefois, même si les digressions sont nombreuses, elles trouvent tout à fait leur place dans le récit et ne m'ont nullement dérangées. Il n’y a d'ailleurs pas réelle matière aux critiques qui ont été faites au sujet de cet ouvrage, n'en déplaise aux historiens qui ont publié l'article suivant: http://www.algerie-dz.com/article1744.html. Entre autres choses, il y a bien plus d'un tiers consacré au sujet et le génocide Hérero ne fait l'objet que d'un seul chapitre. Quoiqu'il en soit, faire référence à ce génocide était un must dans la mesure où c'est par cette extermination que tout a commencé. J'aurai cependant à reprocher à l'auteur une fin par trop brutale. Une conclusion aurait été la bienvenue. L'introduction est manquante également mais son absence se fait moins sentir. Une lecture édifiante qui accorde une petite place aux oubliés de la Seconde Guerre Mondiale et ses camps de concentration.

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