Conte du Bidonville : La fille perdue de Giosuè Calaciura

Conte du Bidonville : La fille perdue de Giosuè Calaciura
( La figlia perduta : la favola dello slum)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Dirlandaise, le 9 novembre 2009 (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 68 ans)
La note : 8 étoiles
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Une robe de mariée rouge hibiscus

Giosué Calaciura est né à Palerme. Il est journaliste et écrivain pour le théâtre et la radio. Son livre raconte l’histoire d’Henriette, une prostituée habitant un bidonville nommé Markerere III situé dans le district de Kawempe de la capitale ougandaise de Kampala. Henriette rencontre Edward et de la misère naît une belle histoire d’amour et une petite fille. Mais dans le bidonville, rien ne va jamais pour le mieux et Henriette n’est pas épargnée par le malheur.

Le conte du livre de monsieur Calaciura se situe en Afrique redevenue indépendante après le passage des Britanniques. Il raconte le sida, la misère des bidonvilles, la difficile survie des habitants de ces ghettos de morts-vivants que l’aide internationale n’arrive pas à sortir de leur enfer. Au début, j’ai éprouvé un peu de difficulté à me faire à l’écriture. J’étais un peu perdue dans le récit, ne sachant pas trop ce qui s’y passait et qui était qui. Mais plus on tourne les pages et plus tout se met en place et l’histoire devient peu à peu claire et compréhensible. Mais cela demande un peu d’effort et de concentration. L’écrivain procède par petites touches, ne révélant qu’au fur et à mesure les détails de la vie d’Henriette. Il nous plonge dans la vie du bidonville, ne nous épargnant rien du côté sordide et désespérant de l'existence qu’y mènent ses habitants. Ce sont tous des ouvriers travaillant à la journée, des petits commerçants, des prostituées. La maladie, la peur, la violence, la misère accompagnent leurs journées, ne leur laissant pas de répit. Ils vivent d’espoir et ne voient presque jamais la lumière au bout de leur long tunnel de noirceur qui les mène tous au même but, à la délivrance, à la mort. Et pourtant, au fond de cette misère, Henriette a cru un instant au bonheur. Elle y a goûté pendant quelques temps dans les bras d’Edward, son bien-aimé en qui elle a mis tout son espoir. Elle s’est fabriqué une vie de rêve, une vie à l’image des familles heureuses et bien nanties habitant les beaux quartiers. Elle s’est inventé un monde imaginaire et y a cru pendant un certain temps avant que la réalité ne reprenne ses droits. Car au cœur du bidonville, la vie normale est impossible. Il faut essayer de survivre et ne rien demander de plus. Un livre terrible qui révèle toute l’horreur de la pauvreté africaine.

« Ils ralentissaient à la vue de la femme fantôme du dernier échelon de la prostitution qui a déjà subi la violence de l’après-midi à la caserne de police où on lui a signifié son délit d’être au monde. Elle a payé tout de suite son dû par des bleus de coups de matraque donnés tout droit sur l’estomac et de travers dans l’intimité des parties naturelles, pour lui faire éprouver au plus profond d’elle-même la virilité du pouvoir. Elle est revenue dans la rue en se tenant le ventre, comme pour veiller sur le trésor fragile de sa douleur. Elle va mourir de toute façon, demain, de la main de Slim le maigre, ou cette nuit, éventrée par la machette de son dernier client qui n’a pas de quoi la payer. Elle n’a vécu que d’espoir… »

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