Le devoir de résistance de Pierre Vallières

Le devoir de résistance de Pierre Vallières

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Dirlandaise, le 5 septembre 2009 (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 68 ans)
La note : 10 étoiles
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Vive le socialisme et la révolution !

Pierre Vallières était un indépendantiste québécois de la première heure, un militant de gauche et membre du FLQ (Front de Libération du Québec). C’est un des hommes politiques de gauche avec Pierre Falardeau et Francis Simard dont la pensée n’a de cesse de m’impressionner.

Dans ce livre très court mais d’une richesse remarquable, Pierre Vallières explique l’importance de résister à l’impérialisme et au totalitarisme marchand qui sont devenus les seuls et uniques buts de l’existence humaine de nos sociétés modernes. M. Vallières déplore les ravages sociaux de la mondialisation et de l’économie globale qui entraînent un nivellement et une homogénéisation de l’être humain en détruisant tout ce qui fait la spécificité des peuples soit la culture, la langue, les nations, les frontières et l’État. D’après lui et je le cite : « Un certain ordre marchand profite de l’effondrement du bloc soviétique et du discrédit qui frappe la gauche et le socialisme pour tendre vers l’unification du marché, de ses lois et de ses objectifs, dans le but d’intégrer en son sein l’ensemble de l’humanité. » Le livre a été écrit en 1994 alors il faut replacer l’analyse dans le contexte de l’époque.

M. Vallières analyse la situation politique européenne et parmi les nombreux sujets abordés, nous avons le démembrement de la Bosnie-Herzégovine, l’invasion du Koweït par l’Irak, la Guerre du Golfe, la résistance des pays du tiers-monde à l’hégémonie occidentale, la chute du régime de Saddam Hussein. Il nous entretient aussi de la Révolution française et de la Commune de Paris.

Un chapitre entier est consacré à Castro et la guerre de libération cubaine ainsi que la tentative d’invasion des USA à la baie des Cochons ce qui a entraîné la soviétisation du régime cubain et le départ de Che Guevara. J’ai beaucoup aimé ce chapitre que j’ai trouvé d’une remarquable limpidité.

Dans le chapitre intitulé « Souveraineté nationale et projet social », Pierre Vallières revient à la situation politique québécoise et déplore le fait que les souverainistes n’aient pas de projet social solide pour le Québec mais que le combat indépendantiste soit uniquement basé sur la langue, le territoire et l’origine ethnique. Ces aspects prennent trop de place selon M. Vallières qui prône plutôt une solidarité basée sur un projet politique et non une appartenance ethnique.

M. Vallières critique aussi beaucoup la démocratie moderne en rappelant que la séparation entre les masses de pauvres et la minorité arrogante des nantis n’a de cesse de s’accroître. Il déplore que deux siècles après la Révolution française, les discriminations sociales, économiques, politiques et culturelles soient plus profondes et nombreuses que jamais.

Pour terminer son exposé, l’auteur prône le socialisme et la révolution et fustige le libéralisme pour ses promesses non tenues et les gâchis sociaux qu’il a entraînés. Il met en lumière les bons côtés du défunt bloc communiste mais reste bien conscient que celui-ci avait aussi de nombreux défauts. Sa qualité principale selon lui était la solidarité humaine.

Un petit livre remarquable pour la clarté du propos et la limpidité de la pensée et de l’analyse politique et idéologique de l’auteur. Ma critique ne lui rend pas vraiment justice j’en suis parfaitement consciente.

« Un système qui n’estime que les riches et les puissants ne peut que mutiler l’humanité. »

« En attendant le sursaut des peuples, le déchaînement du monstre financier à travers le monde risque d’être pire qu’une mort : un anéantissement, social, culturel, historique. Car jamais dans l’histoire humaine un si petit nombre n’est parvenu à manipuler et à exploiter un si grand nombre. »

« En matière sociale, les firmes globales ne se sentent nullement concernées. Elles ne se reconnaissent aucun devoir de partager quoi que ce soit avec les masses qu’elles emploient, exploitent ou congédient, selon leurs intérêts du moment. La règle est de laisser la compétition broyer impitoyablement la vie. »

« Et pendant que l’ouragan de la globalisation bouscule tout sur son passage, annonçant pour demain une humanité en guenilles dominée et commandée par les « élites high-tech » de l’économisme mondial, on entend dire que la gauche, la pensée critique, l’opposition, la révolution n’ont plus d’avenir. »

« Oui le défunt bloc communiste avait de très gros défauts, mais, au moins, il ne sacralisait pas l’ordre cannibale de l’économie mondial. Il ne décidait pas de la bonne ou de la mauvaise fortune des êtres humains à partir de la plus-value qu’il y a à en tirer. Il n’érigeait pas la consommation compulsive en destin universel. »

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Les éditions

  • Le devoir de résistance de Pierre Vallières
    de Vallières, Pierre
    VLB / Parti pris actuels
    ISBN : 9782890055735 ; 26,00 € ; 20/09/2005 ; 104 p. ; Reliure inconnue
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