Mademoiselle Else de Arthur Schnitzler

Mademoiselle Else de Arthur Schnitzler
( Fräulein Else)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Aliénor, le 2 juin 2009 (Inscrite le 14 avril 2005, 56 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (11 763ème position).
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Trouble monologue

Mademoiselle Else, jeune fille originaire de Vienne, est en vacances pour quelques jours avec sa tante en Italie. Son cousin est également présent, cousin qu’elle semble aimer beaucoup mais qui est accompagné d’une fiancée qu’elle n’apprécie guère. Les journées s’écoulent paisiblement et sont essentiellement rythmées par les repas pris en commun à l’hôtel (ou la pension) dans lequel ils séjournent. Mais un jour, un télégramme lui parvient de Vienne, dans lequel sa mère lui fait part de problèmes d’argent. Son père a contracté une dette de 30 000 florins et doit la rembourser au plus vite sous peine de poursuites. Seule solution pour régler cette situation sans dommages : emprunter de l’argent à M. Dorsday, ami de son père qui se trouve être en vacances au même endroit qu’Else. La jeune fille se retrouve donc chargée par ses parents de cette mission délicate. M. Dorsday accepte de verser cette somme, mais à une condition qui mortifie la jeune fille.

L’originalité de ce roman tient dans sa construction. Il s’agit en effet d’un long monologue intérieur, ne comprenant que quelques rares dialogues. Un monologue où l’on décèle très vite une grande part de fantasme. Le lecteur prend ainsi conscience de la fragilité de cette jeune héroïne, traversée par des élans et des sentiments contradictoires. Réservée mais exaltée, humiliée mais fière de répondre bravement à cette requête pour sauver son père. Et ce qui commence comme une histoire légère, un simple récit de vacances, ne s’achève pas du tout comme on l’aurait imaginé au départ. De la légèreté à la gravité… en une centaine de pages seulement.

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Un monologue intérieur percutant

10 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 27 avril 2019

Mademoiselle Else est une jeune fille de 19 ans qui se voit un jour confier une mission extrêmement embarrassante afin de sauver son père. Ce dernier souvent endetté risque désormais la prison. La mère de notre héroïne lui envoie une lettre afin de demander à leur fille d'approcher Dorsday, un marchand d'art riche, qui a souvent dépanné la famille et de lui demander une nouvelle aide financière. La jeune fille était en villégiature, tranquillement, avec sa sa tante et son cousin en Italie. Elle se voit donc missionnée pour sauver sa famille. Dorsday, homme plus âgé et expérimenté accepte bien volontiers cette aide à la seule condition qu'il puisse la contempler nue pendant quinze minutes ...

Ce soliloque est captivant, impressionnant et fascinant. Ce procédé permet vraiment d'entrer dans la plus profonde intimité du personnage. Le lecteur suit les moindres sursauts de sa pensée. On suit ses hésitations, ses pulsions, ses peurs. Cette jeune fille est une belle femme, consciente qu'elle plaît. Le lecteur accède à son regard sur les autres, à l'image qu'elle a d'elle-même, à ses envies. Cette immersion peut être parfois troublante, mais permet de bien connaître le personnage.

Cette jeune fille est aussi une figure tragique, face à un dilemme : est-ce l'honneur familial qu'elle sacrifiera ou bien le sien ? De plus le fait que les parents l'envoient comme émissaire rend la situation encore plus complexe et gênante. On perçoit clairement le trouble dans lequel elle est plongée. Ce monologue intérieur permet d'avoir plusieurs entrées dans l'oeuvre. Certains dialogues sont aussi intégrés. Mais il y a deux niveaux de lecture, ce qui est dit et ce qui est pensé. Le lecteur pénètre dans l'envers du discours et voit surgir tout ce qui est habituellement tu. Ce procédé a quelque chose d'impudique aussi.

L'écriture de Schnitzler emporte le lecteur et sait nous conduire dans des zones inconfortables. Les actes et les propos des personnages ne sont jamais ni blancs ni noirs. Ce voile qu'il soulève sur nos silences interroge énormément. De plus, un certain flou s'installe parfois, on ne sait plus toujours si ce que l'on lit est uniquement pensé ou réalisé, rêvé ou bien réel. Ce fait a quelque chose de fascinant car il permet aussi de constater que nous sommes traversés par diverses pulsions et que le plus tragique côtoie parfois la légèreté.

Une oeuvre qu'il est difficile d'oublier.

Le Véronal...

7 étoiles

Critique de Ben75011 (Paris 11e, Inscrit le 19 février 2014, 35 ans) - 18 octobre 2015

Ce roman m'a fait penser à "24 heures dans la vie d'une femme", de S. ZWEIG, tant il est intense et les tensions auxquelles sont soumises la jeune Mademoiselle ELSE sont vivaces.

L'histoire n'est pas particulièrement originale, mais on est pris dans cette réflexion interrompue de la protagoniste. Le livre se lit d'une traite. On est vraiment dans la peau de Mademoiselle ELSE.

La fin n'est pas décevante, bien que triste, un peu.

Un bel ouvrage.

Prendre une décision dans la vie

9 étoiles

Critique de Yotoga (, Inscrite le 14 mai 2012, - ans) - 10 mars 2014

Fraulein Else ou comment les codes sociaux détruisent une jeune fille sensible qui tombe dans la folie...

Il est de son devoir d'aider son père, même si il était au père le devoir de protéger ses enfants. Toute la problématique du livre est là: Else dans sa toute jeunesse fragile semble plus adulte que ses parents dans ses réflexions morales et sa vue des responsabilités.

La pression interne qu'elle ressent entre sauver sa famille de la faillite mais perdre son honneur personnel de fille la brisera.

Schnitzler, dans toute la splendeur d'une Vienne 1900 avec un Sigmund Freud à la mode, entre dans le cerveau de la belle et propose au lecteur toutes ses strates de pensées, comme un dialogue entre l'ange et le diable sur les épaules de Fraulein Else.

« L’air est comme du champagne »

9 étoiles

Critique de Béatrice (Paris, Inscrite le 7 décembre 2002, - ans) - 1 mai 2010

Juste une petite centaine de pages. Tout y est, l’intrigue, le milieu, le style ; économie de moyens, pas de fioritures.

« L’air est comme du champagne ». Else est jeune et belle, la vie semble une promesse. Mais son père la pousse devant un choix déchirant.

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